Jérôme,
tu as tout à fait raison.
Ce matin, plusieurs d'entre nous étions rouge et noir de colère (dire
bleu passerait mal). Nous avons signé à titre individuel le document
qui suit.
Il me semble que c'est ce qu'il fallait faire dans le cours laps de
temps, mais je pense aussi qu'une réaction de l'ASSÉ en congrès
s'impose cette fin de semaine.
EM
Sortir de l’alarmisme face à la dette
Nous rejetons le discours alarmiste, fataliste et imprégné d’idéologie
néolibérale d’une jeunesse autoproclamée qui appelle au remboursement
de la dette publique. Le modèle québécois connaît certes plusieurs
failles et ratés, et le Québec doit prendre des décisions immédiatement
pour mettre en place une société beaucoup plus équitable, juste et
progressiste. Or, ce n’est pas en prenant peur devant l’épouvantail de
la dette brandi par la coalition que le Québec y arrivera.
Ce n’est pas en abolissant la dette que le Québec pourra investir plus
dans les services sociaux. Il est bien plus alarmant de constater
l’endettement des particuliers, la privatisation des services sociaux
dans le sillage des ravages causés par le déficit zéro, la dégradation
de l’environnement, la marchandisation de l’Éducation et la
mondialisation du tout-marché, autant de fléaux causés par la logique
néolibérale dont cette « coalition » ne pipe mot.
Le déclin démographique national anticipé et la dette nationale sont
gérés de façon responsable et intelligente dans des pays aux prises
avec des conditions similaires à celles du Québec, comme les pays
scandinaves. Il n’y a pas lieu de penser que le Québec a plus de chance
que ces pays d’être confronté à une crise majeure des finances
publiques. S’il est question d’améliorer le modèle québécois, cela se
fera avec un filet social plus élaboré, des incitatifs à l’immigration
et la reconnaissance des compétences des nouveaux arrivants, une
fiscalité progressive et un meilleur contrôle des mouvements de
capitaux.
Il faut cesser de poser le conflit social entre les générations pour
regarder la réalité en face : le déséquilibre fiscal n’est pas qu’entre
Québec et Ottawa ou entre jeunes et baby-boomers, il existe de façon
beaucoup plus importante entre individus et entreprises et entre riches
et pauvres d’ici et d’ailleurs. L’évasion fiscale, les reports
d’impôts, le passage d’un impôt progressif à des taxes régressives sont
autant de manifestations de la tendance à décharger le fardeau fiscal
sur les plus démunis de la société.
La « Coalition » pour l’abolition de la dette accepte d’emblée et sans
questionnement les conclusions fatalistes au sujet du déclin
démographique et des effets néfastes de la dette sur les finances
publiques. Ils omettent cependant de mentionner que la dette diminue
d’elle-même avec le temps en proportion du PIB, de 51,5 % en 1999 à
44,4 % en 2004, ce qui est plus bas que la moyenne des pays de l'OCDE.
Également, la plus grande partie de cette même dette est à 40 %
contractée par l’État envers les citoyens et citoyennes du Québec, et à
68% à taux d’intérêt fixe. La dette est garantie aujourd’hui par les
énormes actifs du gouvernement; autoroutes, établissements
d’enseignement, hôpitaux, édifices gouvernementaux, installations
hydroélectriques, etc.
L’épouvantail de la dette est loin d’être une menace réelle pour le
développement social et économique du Québec. En prétendant le
contraire, ces organisations alimentent le discours des prétendus
« lucides » et des promoteurs du néolibéralisme qui veulent détruire le
modèle québécois.
Ce matin, les commissions jeunesses des trois partis représentés à
l’Assemblée Nationale ont uni leur voix aux fédérations étudiantes et à
des regroupements de jeunes gens d’affaires pour réclamer à grands cris
le remboursement de la dette publique du Québec, démontrant par cette
sortie commune leur proximité idéologique de plus en plus marquée.
Qu’en est-il de la légitimité de cette coalition? Les membres des
différentes instances impliquées ont-ils été consultés? Y’a-t-il eu
débat au sein de ces instances sur cette importante prise de position?
Les membres des différentes ailes jeunesse des trois partis sont-ils
au courant qu’ils forment maintenant une coalition sur cette question?
Chose certaine, une telle position ne sert en rien l’intérêt des
Québécois et Québécoises, qu’ils soient jeunes ou non.
Anne-Marie Boucher, étudiante en Histoire, culture et société
Marie-Ève Brunelle, étudiante en science politique
Estelle Grandbois-Bernard, étudiante en sciences humaines et militante
François-Olivier Dansereau-Laberge, militant à Option citoyenne
Philippe Gauvin, étudiant à la maîtrise en Histoire et militant à l’ASSÉ
Francis Hamel, étudiant en sciences humaines et militant à L’ASSÉ
Philippe Hurteau, militant à L'Union des forces progressistes
Frederic Lalande, militant jeune au Parti Québécois
Jean-François Landry, étudiant en science politique, UQÀM
Vincent Larouche, chef de pupitre UQAM, Journal Montréal Campus
Jonathan Leblanc, étudiant en droit et militant
Alexandre Leduc, étudiant en Histoire et militant
Maxime Lefrançois, étudiant et militant
Yann Louvel étudiant en sciences de l’environnement, membre de la FEUQ
Eric Martin, étudiant, militant à l’UFP et signataire du Manifeste pour
un Québec solidaire
Joel Nadeau, membre du collectif Dia
Simon Tremblay-Pepin, étudiant en science politique