La Presse
Politique, mercredi 23 novembre 2005, p. A6
PLACE DU PRIVÉ EN SANTÉ
Boisclair en désaccord avec ses députés
Chouinard, Tommy
Québec - Le nouveau chef du Parti québécois, André Boisclair, remet en
question la position de son aile parlementaire sur le jugement Chaoulli
et la place du secteur privé dans le réseau de la santé.
Alors que les députés péquistes réclament depuis des mois que le
gouvernement ait recours à la clause dérogatoire afin de préserver le
système de santé public actuel, André Boisclair diverge d'opinion et
considère que d'autres options doivent également être envisagées.
La clause dérogatoire devrait être utilisée " si nécessaire mais pas
nécessairement ", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse, hier. "
Est-ce que c'est là (la clause dérogatoire), la seule proposition qui
est possible? On va discuter de ces questions ", a-t-il ajouté.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard,
doit déposer en décembre sa réponse au jugement Chaoulli de la Cour
suprême et tenir une commission parlementaire en 2006. Ce jugement,
rendu en juin, conclut que la prohibition de l'assurance privée prévue
dans la Loi sur l'assurance maladie et la Loi sur l'assurance
hospitalisation est contraire à la Charte des droits et libertés de la
personne.
Un des scénarios
Contrairement à la position défendue par son aile parlementaire, André
Boisclair ne croit pas que le gouvernement devrait se prévaloir de la
clause dérogatoire sans plus tarder. Cette option " doit faire partie
des scénarios ", mais elle ne doit pas être la seule qui soit
envisagée, a-t-il précisé.
Le nouveau chef a affirmé qu'il n'est pas " insensible aux discussions
qui ont cours en ce moment dans la société québécoise " sur la place du
privé en santé. " Je pense qu'on est prêts à discuter de façon
intelligente et à participer au débat ", a-t-il dit, notant que les
députés péquistes n'agiront pas comme des " apôtres du statu quo ".
André Boisclair semble prêt à apporter des modifications au système de
santé actuel. " On en a une bonne assurance en ce moment, celle de la
Régie de l'assurance maladie du Québec. Est-ce qu'il y a des
modifications à apporter, des évolutions? Bien sûr. Regardons ça
sereinement ", a-t-il affirmé, tout en se disant contre un " système à
deux vitesses ".
Pas de discorde
André Boisclair a affirmé malgré tout qu'" il n'y a pas l'épaisseur
d'une feuille de papier " de discorde entre l'aile parlementaire et
lui.
Or, les députés péquistes sont catégoriques depuis le dépôt du jugement
Chaoulli. La chef intérimaire de l'aile parlementaire, Louise Harel, la
leader parlementaire, Diane Lemieux, et le député Jean-Pierre
Charbonneau martèlent depuis des mois que la clause dérogatoire doit
être utilisée car le système de santé québécois est " menacé ". Il
s'agit selon eux de la seule réponse appropriée au jugement Chaoulli.
Aux côtés d'André Boisclair durant la conférence de presse, Louise
Harel avait l'air contrariée lorsque le nouveau chef affirmait que la
clause dérogatoire n'est pas la seule option. Interrogée par les
journalistes, elle s'est contentée de dire que sa position n'avait pas
changé et que le recours à la clause dérogatoire " doit faire partie du
débat ".
Charest et Klein
Par ailleurs, le premier ministre Jean Charest a rencontré son
homologue de l'Alberta, Ralph Klein, notamment pour discuter du
jugement Chaoulli. M. Klein a affirmé aux journalistes que Jean
Charest, comme lui, croit qu'il devrait y avoir une révision en
profondeur du système public actuel.
Selon lui, les leaders provinciaux doivent résister aux manoeuvres "
des politiciens fédéraux, des groupes de pression et autres " amis du
Medicare ", qui tentent de court-circuiter toute discussion sur le
sujet.
Catégorie : Politique nationale et internationale
Sujet(s) uniforme(s) : Partis politiques
Taille : Moyen, 431 mots
-----------
Jugement Chaoulli
Le PQ adoucit sa position
PC
Avec l'arrivée d'André Boisclair, le Parti québécois a modifié sa
position sur les suites à donner au jugement Chaoulli, alors qu'il ne
réclame plus le recours à la clause dérogatoire à tout prix.
Le PQ se montrait beaucoup plus catégorique en juin, réclamant de
Québec qu'il utilise la clause pour se soustraire à la décision de la
Cour suprême à l'effet qu'il ne peut interdire à un citoyen d'utiliser
une assurance santé privée pour obtenir des soins.
Rappelons que le gouvernement Charest doit présenter sa position sur
les suites du jugement de la Cour suprême en décembre prochain. À ce
sujet, le gouvernement de Jean Charest a reçu hier un appui du premier
ministre de l'Alberta, Ralph Klein, de passage à Québec. M. Klein a
rappelé que la conclusion du tribunal est implacable, estimant que la
cour a clairement stipulé qu'on ne devrait pas devoir attendre si
longtemps avant de recevoir des traitements médicaux.
Catégorie : Actualités
Taille : Court, 108 mots
Afficher les réponses par date