***Compte rendu de l'AGS de l'AESFQ***
Voici un petit topo de ce qui s'est dit et fait à l'assemblée générale spéciale des étudiant.e.s sages-femmes du 8 octobre. Je vous le partage dans le but de peut-être vous inspirer pour les votes de grève qui approchent dans vos associations + pour vous informer du changement de tactique de l'AESFQ.
Vous vous rappellerez que nous anticipions beaucoup d'anxiété de la part des étudiant.e.s quant à la reprise des jours de grève, puisque la position de l'administration est que ''nous n'avons pas la permission de faire la grève''. Les grèves de l'hiver dernier se sont soldées par des reprises et des pénalités académiques car la grève n'a pas été respectée et les cours ont tout de même eu lieu - il a suffi d'une seule étudiante non solidaire. Nous avons donc préparé et adopté à l'unanimité la défense suivante.
- Les ESF refusent de reprendre les jours de grève sauf si
a) Nous sommes rémunérées pour le faire
b) Les objectifs d'apprentissage de nos stages ne sont pas atteints à la fin de ceux-ci
- Les ESF entendent mettre en place des cercles de protection afin de faire respecter leur droit à la grève
Nous nous basons sur le fait que nos stages sont évalués en terme d'objectifs et non en nombre d'heure. De plus, lorsque nos objectifs ne sont pas atteints, grève pas grève, nos stage sont de toute façon prolongés jusqu'à l'atteinte de ceux-ci. Ces deux concessions visent à envoyer un message clair à l'administration: nous tenons à la qualité de notre enseignement.
Les cercles de protection désignent le piquetage que nous entendons entièrement déléguer à nos alliés. (Si cette phrase vous irrite, prenez une pause pour vous demander pourquoi). Nous avons eu en assemblée de riches échanges sur la notion de privilège et sur la légitimité qu'ont les groupes opprimés à demander la participation des groupes privilégiés.
Cette résolution découle de notre changement de direction dans le but d'éviter le mur de l'épuisement qui se profile à l'horizon. Le comité mob a résolu il y a quelques temps déjà d'abandonner le discours culpabilisant qui polarise nos assemblées et fait de la lutte une source de tension et de division entre nous. Un climat toxique qui nuit à notre santé et à notre survie et qui, au final, ne sert qu'au maintien de notre asservissement.(Si cette posture vous paraît contre-productive, demandez-vous pourquoi).
La violence de nos conditions s'exerce sur nous toutes, et nous refusons catégoriquement de relayer ses messages à l'intérieur de nos rangs. En d'autres mots, ce que nous fait l'ennemi, nous refusons de l'internaliser. Pour les ESF, pour les femmes, la grève est un privilège parfois inaccessible. Nous dénonçons cette aliénation sans la condamner: aucune de nous n'y a consenti.
Nous savons que l'instauration d'un meilleur climat est responsable du taux de participation élevé des étudiant.e.s et de leur solidarisation massive vers la grève. Nous avons obtenu un taux de participation de 77% et la proposition de grève a été adoptée avec une majorité de 69%.
Durant la semaine de grève, notre action principale sera le REPOS. Nous centrons dès maintenant nos actions sur les thèmes de la restauration de la dignité et du pouvoir d'agir, sur la guérison, sur la sororité et sur le respect de nos limites. Nous croyons qu'il s'agît là de la meilleure voie pour reprendre le contrôle de nos moyens. (Je vous invite une fois de plus, si cela vous dérange, à vous questionner). Nous travaillons à la rédaction d'un manifeste permettant de rendre visible nos vécus, et ce dans l'espoir d'une solidarisation massive des femmes et des milieux féministes. Les étudiant.e.s sages-femmes sont, plus que jamais, disponibles pour soutenir par la parole et le geste les revendications féministes de toutes les associations alliées.
Anabel Gravel-Chabot
Comité mobilisation -
Association des étudiantes sage-femmes du Québec
Solidairement,
Jason F. Ortmann