Revendication amenée par le conseil exécutif pour le congrès du 3 et 4 février 2012 à St-
Laurent
3. Le Conseil exécutif propose que la CLASSE se positionne pour l'abolition de la
contribution parentale dans le calcul de l'Aide financière aux études (AFE).
 
Suite à cette proposition présente dans le cahier du prochain congrès, j’aimerais vous partager
ce qu'avait mis de l’avant le conseil exécutif de l’ASSÉ au début du mois de septembre,
dans son texte de réflexion adressé à tous les membres, mais pointant
d'avantage du doigt le ''manque'' de rigueur des délégations de la SOGEECOM et du
SECMV dans leur réflexion, alors qu’elles amenaient sensiblement la même proposition de
revendication pour la grève à venir :
 
«Pour le Conseil exécutif, l'intégration de cette revendication dans la plate-forme de
revendications serait une erreur stratégique importante. Tout d'abord, n'oublions pas que les «
bonifications » d'Aide financière aux études sont déjà la stratégie principale du gouvernement
afin de faire accepter la hausse des frais de scolarité par la population étudiante et les citoyens
et citoyennes en général. Rappelons aussi que le seuil de prise en compte de la contribution
parentale a déjà été bonifié de près de 10 000$ dans le dernier budget provincial. En l'incluant
dans nos revendications principales, ne sommes-nous pas en train de proposer nous-mêmes
au gouvernement une entente dans laquelle une bonification du seuil de prise en compte
de la contribution parentale serait perçue comme une mesure compensatoire à la hausse
acceptable?»
 
« Que ferons-nous si le gouvernement abolit la contribution parentale mais continue avec son
projet de hausse des frais universitaires? Ce genre de proposition pourrait devenir une source
de division dans le mouvement. »
 
« C'est sans compter la confusion que l'inclusion d'une telle revendication pourrait causer dans
les Assemblées générales de l'automne et de l'hiver. Ne l'oublions pas: notre escalade des
moyens de pression a déjà commencé et elle porte sur la hausse des frais de scolarité. Après
près d'un an de campagne contre la hausse des frais, alors que le matériel d'information est
déjà produit et distribué, le slogan choisi et la plupart des campus déjà informés de la hausse
des frais et des perspectives de grève sur cette question, voilà qu'une nouvelle « raison » de
se mobiliser apparaîtrait, au beau milieu de la session d'automne. Le conseil exécutif craint que
l'ajout inopiné d'une revendication dans la plate-forme de l'ASSÉ ne cause une confusion des
débats qui ne pourrait que nous défavoriser dans le cadre de notre mobilisation »
 
Conseil exécutif de l’ASSÉ, « Doit-on intégrer l'abolition de la contribution parentale dans la
plate-forme de revendication de la campagne », Cahier de Congrès du 24-25 septembre 2011,
à Cégep de Sherbrooke, p.23-24,
http://www.asse-solidarite.qc.ca/documents/fr/instances/congres/cahiers/Cahier%20preliminaire%20Congres%20A-11%20MAJ.2011.09.21.pdf
 
Lors du congrès qui s'est déroulé à Sherbrooke, la SOGEECOM avait déposé dans le cahier de
congrès une proposition pour l'abolition de la contribution parentale, lors du départ du domicile
familial. Je ne peux malheureusement pas mettre ici la proposition exacte puisqu'elle n'apparaît
pas dans le cahier préliminaire sur le site de l'ASSÉ, mais bien dans les copies papier du
cahier, distribuées lors du Congrès. Néanmoins, je suis certaine que plusieurs d'entre vous s’en
souviennent. Quoi qu'il en soit, cette proposition d'ajouter cette revendication à la plate forme
de la GGI à venir avait été qualifié de malhonnête, déloyale, séparatrice du mouvement, ''petitebourgeoise''-
en AG de la l’AFESH -, dangereuse pour la revendication contre la hausse des
frais de scolarité dans une perspective de gratuité scolaire, non-pertinente pour la lutte à
venir, compliquée à intégrer dans le matériel d'information, etc. Avant même qu'elle ne soit
proposée, elle avait été critiquée, rejetée du revers de la main, surtout par les universités dans
le retour du caucus Cegep-Université, alors que dans le caucus Cégep, la question avait été
soulevée et plusieurs associations n'avaient simplement pas de mandat pour se positionner sur
la question, mais penchaient plus sur la “non-pertinence” de cette revendication. Cette attitude
horriblement conservatrice et réactionnaire avait convaincue la SOGEECOM et le SECMV de
ne même pas OSER proposer cette résolution d’AG, considérant la proposition comme étant de
facto rejetée.
 
Or, voici que maintenant, quelques mois après avoir été insultée et critiquée, la proposition
de la SOGEECOM et du SECMV est ramenée par le conseil exécutif pour être incluse dans
les revendications de la campagne de la CLASSE. Souvenons-nous de ce qu’en avait dit le
conseil exécutif : « Finalement, l’inclusion de cet axe à nos revendications pour la prochaine
campagne de l’ASSÉ nous positionnerait dans une posture de relative faiblesse stratégique.
En effet, l’inclusion de l’abolition de la contribution parentale pourrait dans l'absolu s’avérer
un excellent cheval de bataille pour l’ASSÉ. Il faut cependant en mesurer les conséquences
avant de l’inclure directement dans notre plate-forme de revendications, ce qui, à ce jour, n’est
toujours pas fait. »
 
J'en viens à deux conclusions, la première est que cette attitude va à l’encontre des principes
de la démocratie directe, puisqu’il s’agit de récupéré une proposition historique et de la faire
accepté sans aucune consultation des associations. Bien évidement, comme le SECMV et la SOGEECOM
ont des mandats pour une proposition similaire – pris en automne dernier - , ils voteront sans
aucun doute en faveur de la proposition du conseil exécutif, par contre ce dernier devra au
SECMV et à la SOGEECOM, ainsi qu'à tous les autres qui s'opposent à cette revendication
depuis l’hiver 2011 - soit la première fois quelle a été apportée par le SECMV -, non seulement
des excuses, mais des explications beaucoup plus précises que celles données par un
exécutant de la CLASSE : « Il y a eu des discussions sur la question et nous avons été convaincus. Il arrive de changer
d'avis. Cependant, il y a une différence majeure: la revendication n'est pas mise comme axe de
campagne, mais comme revendication de la CLASSE. »
La CLASSE n’étant qu’une coalition qui disparaîtra à la fin de la grève, ne servant qu’à une
seule campagne, n’est-il pas plus déloyale d'adopter des revendications bonbons et qui ne
seront, en réalité, jamais réellement défendu ?
 
La seconde conclusion m’apparaît être le manque de rigueur du conseil exécutif, qui propose
le libellé écrit ci-haut, pour la proposition. Effectivement, la simple abolition de la contribution
parentale signifie de la retirer complètement, soit même lorsque les étudiantes et étudiants
sont toujours chez leur parents. Or, pour la SOGEECOM et le SECMV il s'agissait de la retirer
lors du départ du domicile familial, puisque une étudiante ou un étudiant est encore sous la
responsabilité parentale 2 ans après le départ du domicile, ce qui dans les faits n'est souvent
plus le cas. De plus, à l'époque, les deux associations c’était fait dire que si elles voulaient
toucher à l'AFÉ, il fallait la repenser au complet et pas seulement en aborder une partie et que
cela prendrait du temps et des études poussés....ce qui visiblement n'est pas plus le cas pour le
conseil exécutif.
 
Virginie Robert
Membre de l'AFESH-UQAM
Déléguée du SECMV au Congrès de Sherbrooke de l’automne 2011