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Lettre aux grévistes de l’UQAM et d’ailleurs : résister c’est reconduire


La deuxième semaine de grève s’achève. Et nous, grévistes, devons déjà réfléchir à la reconduction des votes de grève qui auront lieu cette semaine. L’urgence d’élaborer une stratégie immédiate est même flagrante : certains-nes ne cessent de relancer leur verdoyant plan stratégique qui culminera, selon leurs dires, dans une grande mobilisation automnale, et dont le calcul appelle aujourd’hui à l’immortel  « repli stratégique ». Un tel entêtement nous oblige, nous grévistes du Printemps 2015, à redoubler d’ardeur sur le terrain concret de la lutte.


C’est le sort même de nos ami.es menacé.es d’expulsions politique à l’UQAM qui en dépend : nous ne devons pas regagner, têtes basses, nos salles de cours et abandonner les expulsés-es à leur propre sort. De la même façon, les injonctions attendent de nous le repli et l’abandon, devant la peur des sanctions et l’impraticabilité de la grève face à la répression judiciaire. Seule la reconduction et des grèves générales illimitées nous permettront le rapport de force nécessaire pour faire plier les technocrates, grisaille du monde.


Il est de notre devoir de s’organiser pour que le précédent des expulsions politiques à l’UQAM, mais aussi celui des injonctions, ne deviennent monnaie courante et n’affectent à l’avenir nos volontés à faire grève. C’est à la possibilité même de la grève que s’attaque le gouvernement actuel. Pas de levées de cours, pas de piquetages, pas de grève. Quelle réponse donnerons-nous aux expulsions et injonctions cette semaine?

L’enjeu des expulsions et l’espoir de solidarité qu’il suscite, peuvent déployer cette mobilisation essentielle à la reconduction de la grève dans plusieurs assemblées générales. Reconduire nos grèves et mener des grèves générales illimitées activerait une solidarité sans borne, une solidarité pour nos camarades expulsé-e-s, mais également une solidarité envers celles et ceux sur qui plane la menace de la répression politique.


L’UQAM est née de la grève et la grève seule peut en réclamer la maternité. Cette propriété inaliénable est maintenant usurpée par une clique de bureaucrates mafieux, qui n’hésitent pas à dépenser un demi-million pour des goons en temps d’austérité budgétaire. Si nos revendications constituent un affront à l’égalisation économique du monde, il va de soi que les encravaté-e-s veulent que « ça fonctionne », que tout coule normalement. Nos ami-e-s ont été expulsé-e-s en vertu d’avoir interrompu le déroulement normal des activités et nous resterons solidaires à leur égard puisque c’est justement ce que nous voulons, que tout ne fonctionne plus comme illes le veulent!


Le ministre Blais a été clair : 2 à 3 expulsions par jour. Déjà, la rumeur se fait entendre, 30 à 40 autres grévistes seraient prochainement sacrifié-e-s à leur tour, et ce, uniquement à l’UQAM. Nul doute ne peut maintenant persister. Les expulsions politiques sont une commande de l’État et se reproduiront, telle une contagion, dans toutes les universités et tous les CÉGEP si elles atteignent, avec les injonctions, leur le but souhaité : la mort programmée de la grève, son effacement par la répression, son extinction sous les coups punitifs. À cette stratégie réactionnaire, nous ne pouvons concéder ne fut-ce qu’un seul pouce. Il faut opposer toute notre puissance. Il faut se rassembler et faire front. Il faut marteler, nous grévistes du Printemps, notre refus. Notre refus de l’autoritarisme. Notre refus du paternalisme. Notre refus des expulsions politiques.


Ils nous reprochaient de ne pas avoir de revendications. Ils viennent de nous en donner toute une : l’annulation des expulsions politiques, la résistance aux injonctions, la démonstration de notre capacité effective à faire grève, le refus de l’intimidation ridicule des étudiant.e.s qui font grève. Le Printemps à venir sera dur et long. Il n’a pas seulement été le Printemps 2012. Et ne sera pas seulement le Printemps 2015. Il sera un Printemps rampant ou ne sera pas. Il réapparaîtra ça et là à la faveur de nos volontés.