Entre nécessité et possibilité


À la suite de plusieurs interventions ces derniers temps qui visent à arrimer une possible grève étudiante ce printemps à un débrayage des syndiqué-e-s de la fonction publique et à la repousser à l’automne, nous désirons partager cette courte réflexion sur la nécessité et la possibilité d’une grève étudiante au printemps, et d’un possible mouvement social, voir de grève sociale qui pourrait en découler. Nous voulons aussi démontrer comment la lutte de ce printemps sera le premier pas -décisif- de celle de l’automne, et comment elle pourrait être l’élément déclencheur d’une lutte de longue haleine contre les mesures néolibérales qui s’annoncent d’ici les prochaines années.
 

Nécessité

 

1. Parce que les mesures, une fois mises en places seront beaucoup plus difficile à abolir

Dès le 31 mars 2015, l’entièreté des conventions collectives de la fonction publique prendront fin simultanément. Au total, plus de 500 000 salariés-es se retrouveront avec un droit de grève légal dès le 1er avril. La fenêtre d’opportunité est d’autant unique que la mobilisation au sein des secteurs les plus touchés semble être sur la voie d’une grève imminente. Il semble urgent d’agir le plus tôt possible avant que les mesures soient adoptées et qu’il soit trop tard. En effet, une fois mises en application en juin en même temps que le budget, les coupures et les hausses de tarifs seront présentées comme étant un fait accompli. De la même manière qu’en 2012, lorsque nous n’avons pas attendu après l’application de la hausse pour la combattre, nous ne devons pas laisser filer l’occasion. Si tel est le cas, notre grève, pourtant défensive, serait présentée comme une grève offensive, de la même manière que celle de 2007. Revenir sur les coupures sera présenté comme l’exigence d’un réinvestissement.
 

2. Parce qu’il faut agir avant le saccage irréparable du syndicalisme en santé

De nombreuses mesures auront des conséquences politiques majeures. Pensons notamment au secteur de la santé. Le projet de loi 10, adopté récemment sous bâillon, va fusionner nombre de CSSS, ce qui réduira notamment grandement l’accessibilité aux soins de santé en région. Pire encore, les nouveaux super-établissements (CISSS) qu’il créera, en plus d’être gigantesques et de rendre difficile l’organisation démocratique de ses membres, ne seront affiliés à aucune centrale, en pleine période de maraudage. Coïncidence? À compter du budget en juin qui vient, nous assisterons à des déchirements dramatiques entre les centrales sur le butin du secteur de la santé. Attendre à l’automne c’est non seulement abandonner le secteur de la santé, le plus mobilisé, à son sort, mais c’est aussi tirer une croix sur le Front commun (plus de 500 000 travailleuses et travailleurs).
 

3. Parce que les centrales n’entendent pas se battre contre l’austérité à l’automne

Les centrales seront obnubilées pendant leur période de maraudage, et feront passer en second le Front commun, si ce dernier n’explose tout simplement pas. De plus, et l’intention est claire, le Front commun se concentrera sur ces revendications salariales plutôt que sur un combat politique contre l’austérité; par intérêt, mais aussi parce qu’il ne peut pas employer de moyens de pression légaux contre les résultats de la négociation de ses conventions collectives. Il ne faut pas oublier que les problèmes auxquels nous faisons face vont au-delà des négociations de ces dernières. L’austérité englobe des coupures et des tarifications dans les services publics. Laisser au monde syndical l’initiative d’une grève, c’est risquer de soumettre les revendications, le discours et la finalité du mouvement à la seule négociation des conditions de travail. Ce serait lutter, finalement, pour des points de pourcentage de hausses salariales et des ajustements de REER. Ces revendications sont légitimes; cependant, une lutte concrète contre l’austérité au printemps permettra d’exiger la fin du programme d’austérité qui justifie à la fois les compressions dans les services publics et la diminution des conditions de travail des employés de la fonction publique.
 

4. Parce que la base syndicale en a assez et veut se mettre à agir

À voir aller la population étudiante, il nous apparaît que l’opposition à l’austérité et l’acceptabilité de l’idée de la grève sont beaucoup plus grande que ce que pourraient en dire certain-e-s. La situation est la même dans le mouvement syndical. Sur le terrain, la réalité est que certains exécutifs sont en train de se faire dépasser par leurs bases qui veut partir en lutte d’ici le printemps. Bon nombre de travailleurs-euse-s syndiqué-e-s essaient actuellement de faire voter une grève et de faire bouger leurs centrales syndicales. À ce jour, contre l’avis de leur centrale et de leurs syndicats, les CSSS de Montréal-Nord, d’Ahuntsic, de Laval et de Sept-Îles ainsi que Sainte-Justine ont voté la grève pour le printemps. Une grève étudiante et le climat social sur lequel elle pourrait déboucher pourraient encourager auprès de beaucoup de travailleurs-euse-s un débrayage de la fonction publique. Certains syndicats locaux disent ouvertement qu‘elles et ils n’attendent qu’un signal du mouvement étudiant pour se lancer dans une lutte commune : donnons-le. De nombreux débrayages de sections locales pourrait ensuite forcer les centrales à appeler à la grève. La situation de crise que nous pouvons créer peut constituer la fenêtre qui conférera une légitimité à la contestation du gouvernement, de la même manière que la grève de 2012 a mené au mouvement citoyen que l’on connaît.
 

5. Parce que plusieurs syndicats universitaires parlent de grève au printemps

De nombreux syndicats de professeur-e-s, de chargé-e-s de cours, d’employé-e-s étudiant-e-s négocient actuellement leurs conventions collectives et ont présentement un droit légal de grève. Les employé-e-s universitaires ne sont pas soumis-e-s aux législations concernant la fonction publique et ont un préavis de grève. Des syndicats d’employé-e-s étudiant-e-s et de professeur-e-s ont déjà le mandat de tenir des assemblées générales de grève au printemps. Uniquement à l’UQAM locaux qui ont un mandat d’assemblée générale de grève d’ici le mois de mars. Dans ce cas-ci, il est même probable que les professeurs déclenchent une grève avant même les étudiants-es. La situation est semblable dans beaucoup d’autres établissements où la tension monte, les rumeurs de grève de professeur-e-s se multiplient sur les campus.
 

6. Parce que les pétrolières n’attendront pas l’automne

Un autre aspect important à prendre en considération touche la lutte écologique. Il est important d’agir activement pour contrer tout projets d’exploitation et de transport des hydrocarbures. Cette lutte doit se mener dès ce printemps puisque les forages ont déjà débuté à Gaspé et l’inversion du flux dans l’oléoduc 9B est prévue pour juin 2015 (un projet controversé qui vise à transporter le pétrole de l’ouest du Canada vers le Québec, pour ensuite l’exporter), ceci sans parler des projets de transports ferroviaire et naval, ainsi que de la construction d’un port pétrolier. De nombreux groupes citoyens de partout au Québec se mobilisent activement contre ces projets. Il faut rappeler que les enjeux relatifs à l’austérité sont liés à la question écologique. Une contestation sociale d’envergure doit s’inscrire dans une convergence des luttes sur tous les territoires.
 

Possibilités

 

Que pouvons-nous faire?

 

1. La grève légale est possible et elle se met déjà en place

Tentons d’être le plus clair possible. Lorsque nous disons que la grève de la fonction publique est légale dès le 1er avril nous nous basons d’abord sur la perspective des syndiqué-e-s de la santé qui ont DÉJÀ voté la grève pour le printemps.

A. Il faut attendre la fin de la précédente convention collective (dans ce cas, le 1er avril 2015).
B. Il faut attendre 90 jours après le dépôt des cahiers de charges (revendications syndicales), ce qui fut effectué en décembre dernier par, au moins, la FSSS-CSN (fédération de la santé et des services sociaux) et la FNEEQ-CSN (fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec).
C. L’usage de la médiation peut effectivement retarder l’usage du droit de grève. De deux choses l’une : la médiation vise à concilier des positions, mais le gouvernement a fait connaître à plusieurs reprises son inflexibilité; quelle est, alors, l’utilité d’une médiation? Ensuite, à la CSN les sections locales peuvent déclencher la grève sans l’accord de la centrale. Ainsi, dans quelle mesure la médiation de la centrale empêche-t-elle le droit de grève des sections? L’avis des sections locales ayant DÉJÀ voté la grève est que ce n’est pas liant.
 

2. Une grève étudiante n’est effectivement pas gagnée, mais pas du tout perdue

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec les personnes qui rappellent que la grève, ça prend de la mobilisation, que la grève, ça prend du travail. Pourtant, sur de nombreux campus et lieux de travail à travers le Québec, des militant-e-s s’activent et sont, nous le réitérons, beaucoup plus enthousiastes que certaines personnes étant pourtant parties prenantes du monde militant. Des centaines de personnes, à travers leurs positions en assemblées générales et leur action politique, mettent l’épaule à la roue. Nous croyons particulièrement à l’effet d’un appel de l’ASSÉ à la grève, de même que sur l’effet d’entraînement d’un calendrier de vagues de grèves bien pensé. Celui-ci, fait par une association nationale comme l’ASSÉ serait en ce sens décisif sur la mobilisation de nombreux endroits, dont beaucoup disent ouvertement qu’elles et ils attendent un signal plus large pour se lancer.

Bien entendu, et comme à chaque fois, le risque d’échec est bel et bien présent. C’est d’ailleurs dans cette perspective que nous souhaitons établir un calendrier des assemblées générales de grève. C’est aussi dans cette perspective que nous encourageons la séparation du mouvement en vagues qui s’échelonneraient à partir du printemps. C’est dans cette même perspective que nous suggérons de le penser en deux temps, soit une première vague du 21 mars au 2 avril pour lancer la mobilisation, puis une seconde vague au retour du congé de pâques le mardi 7 avril. La manifestation nationale du 2 avril serait alors vue comme le point tournant de la lutte, et un état de la situation pendant la fin de semaine qui en suivra permettra d’établir si nous poursuivons ou non le combat. Techniquement, si nous décidons de continuer, c’est que nous aurons jugé que les travailleurs et travailleuses entreront dans le mouvement eux et elles aussi. À ce point-ci, nous nous dirigerons vers une grève qui ne sera plus simplement étudiante, mais bel et bien sociale.
 

3. Ampleur de la mobilisation au national

De plus en plus, en région, la tension monte. La radicalité et la violence des coupes imposées annoncent des conséquences dramatiques pour des centaines de communautés. L’importance et la popularité de la campagne “Touche pas à ma région” est caractéristique de la situation actuelle, où l’indignation s’est rapidement propagée à l’extérieur de Montréal. À certains égards, celle-ci est même nettement plus importante que dans la métropole, et le potentiel de révolte semble être bel et bien présent. Il reste à voir comment cette situation peut se concrétiser en vote de grève dans certains endroits en région; il est néanmoins très clair que cette mobilisation est un terreau fertile pour la lutte à mener au cours des prochains mois.
 

4. Vers une lutte prolongée

Même dans le cas où l’ensemble du secteur de l’éducation était en grève durant toute la session ou si une véritable grève sociale se lançait ce printemps, il est probable que la lutte doive néanmoins s’inscrire dans la longue durée. En effet, notre objectif est, ni plus ni moins, de changer les orientations de l’État. Ainsi, il nous semble absolument nécessaire que quelque chose de vaste se passe ce printemps pour préparer et annoncer les luttes tout aussi importantes qui doivent se produire à l’automne et l’an prochain. Soyons réalistes, nous faisons face à une attaque gigantesque et nos objectifs ne le sont pas moins. Donnons-nous les moyens de nos ambitions en construisant la révolte (qui doit bien commencer à un moment) dès ce printemps.
 

Que proposons nous?

 

Un plan d’action.

Considérant les attaques massives actuellement mises en oeuvre par le gouvernement contre les services publics et la culture, et qu’il est nécessaire de battre ces mesures avant qu’elles ne soient appliquées,
Considérant que, si rien n’est fait, la loi 10 va mener à un maraudage massif en santé, ce qui risque de faire voler en éclat le Front commun,
Considérant la grogne de la base syndicale et le ras-le-bol généralisé de la société contre l’austérité, les hydrocarbures et les reculs sociaux,
Considérant l’échéance des conventions collectives du secteur public (1er avril), la manifestation nationale du 2 avril et la période de dépôt du budget,
Considérant que seule la lutte paie et qu’en ce sens il est nécessaire de débrayer massivement pour peser sur la place publique,

Que l’on soit en grève à partir du 21 mars,
Qu’advenant le cas où 30 000 personnes réparties sur au moins trois campus aient adoptées un mandat similaire avant cette date, que l’on convoque dans les plus brefs délais une assemblée générale de déclenchement.
Qu’on participe à la manifestation populaire du 21 mars « lançons le printemps » et à la manifestation nationale de l’ASSÉ du 2 avril,
Que l’on tienne une assemblée générale de grève sur l’état de la situation et les perspectives de reconduction dans la semaine du 7 avril.
   -ou-
Qu’advenant un plancher de 30 000 étudiant-e-s sur trois campus l’on tombe en grève du 21 mars au 2 avril,
Que l’on participe à la manifestation populaire du 21 mars « lançons le printemps » et à la manifestation nationale de l’ASSÉ du 2 avril,
Que l’on tienne une assemblée générale de grève sur l’état de la situation et les perspectives de reconduction le 7 avril.

Qu’advenant le cas où un syndicat du campus soit en grève, que l’on déclenche automatiquement la grève,
Que l’on tienne [entre une journée et une semaine] de grève dans le cadre de la manifestation nationale de l’ASSÉ du 2 avril,
Que l’on tienne une assemble générale de grève dans la semaine du 7 avril.

 

Des revendications.

Considérant la nécessité d’avoir des revendications rassembleuses qui politisent le débat tout en proposant un projet de société positif,
Considérant la nécessité d’identifier des objectifs phares sans sombrer dans les débats comptables qui ouvrent la porte au marchandage et à la récupération,

Que les revendications de notre campagne de grève soient :
– L’abolition des mesures d’austérité – pour un véritable partage de la richesse collective, passant notamment par un réinvestissement dans les services publics, les programmes sociaux, la culture et la vitalité des régions;
– L’abrogation de la loi 10 et la fin de la privatisation annoncée des services sociaux – pour des institutions publiques, démocratiques et accessibles à tous et à toutes;
– L’arrêt de l’ensemble des projets d’exploitation et de transport d’hydrocarbures;
– La réouverture de la loi 3 et le respect du Front commun de la fonction publique par une offre patronale respectant la dignité des travailleuses et travailleurs.

 

Une ouverture.

Le meilleur moyen d’aider les syndiqué-e-s de la fonction publique est de mettre nous même l’épaule à la roue, de profiter de notre situation privilégiée, d’élargir le champ des possibles afin de rendre à la fois plus envisageable et plus efficace leur propre débrayage. En même temps, le meilleur moyen de battre en brèche l’austérité est de ne pas limiter notre lutte et notre discours à la seule question de la lutte des travailleurs et travailleuses pour leurs conditions de travail. Il nous paraît nécessaire de politiser la question de l’austérité qui touche l’ensemble des services publics et de leur accessibilité. Grève sociale ou non, il est nécessaire de marquer le coup ce printemps, de brasser la cage et de poser les bases d’une mobilisation qui peut, et qui doit, dépasser le printemps.
 

D’ici là… Vers le printemps, vers la grève!


Ont signé :

Université du Québec à Montréal

Cynthia Albertin
Alexis Auger
Valentin Bellec
Camille Blais-Carrière
Vanessa Bourgeois
Fiona Brilvicas-Pinsonnault
Léa Carrier
Rocco Chouinard Gomes
Virginie Claveau
René Delvaux
Béatrice Desjardins-Gagnon
Caroline-Molie Fisette
Maryse Forget
Camille Gauvin
Charlotte Gilbert
Laurent Hotte
Jaouad Laaroussi
Andréanne Lalonde
Alexandre Lamont
Elizabeth Lapierre
Etienne Lavigne
Axel Lévesque
Laurie Magnan
Antoine Masson-Courchesne
Mathieu Melançon
Shanie Morasse
Nick Paré
Simon Parent
Viviane Piuze
Érika Plante-Jean
Mathieu Raby-Labelle
Sophie Rioux
Camille Robert
Maude Savaria
Caroline Tapia
Claudel Valade

 

Université de Montréal

Théophile Bégin
Émilie Bersy
Pier-Yves Champagne
Alexandra Croze-Harvey
Chloé Dauphinais
Frédéric Dywer Samuel
Marie-Ève Lajeunesse-Mousseau
Morgane Mary-Pouliot
Gustavo Salinas

 

Université du Québec à Rimouski

Mathias Altamirano
Catherine LeBel
Guillaume Perrier
Marie-Anne Viau

 

Université Laval

Élie Lemieux-Huard
Félix Marois
Antoine Proulx
Caroline Turcotte

 

Université de Sherbrooke

Samuel Vanzin

 

Université McGill

Isaac Stethem

 

Cégep du Vieux Montréal

Sarah Arsenault
Maude Bélanger
Jade Bouchard
Samuel de Brouwer
Christophe Charest-Latif
Lauryane Chevarie
Julien Crête Nadeau
Hadrien Daigneault-Roy
Alex Dandurand
Antonin Desmarais
Léandre Gauvin-Després
Gaelle Landreville
Emilie Lavallée
Étienne L’Espérance
Pierre-Olivier Lessard
Catherine Mailhiot
Simon Michaud-Blais
Alex Niunin
David Palin
Richard Pion-Larochelle
Éloïse Rivard
Mathieu Sabourin
Thomas Savy
Camille Therrien
Alexandra Tousignant-Lapointe
Timothée Tramblay
Émilie Tremblay
Alexandre Turcot
Jade Vernerey

 

Cégep de St-Laurent

Marie-Alexendryne Boucher
Alexandre Boudreau
Flavie Choquette Giguère
Alec Coallier
Alexander Cristiano Miserere
Andra Florea
Marie-Clara Jeannotte
Amélie Pineault

 

Cégep de La Pocatière

Camille Bourque Giwb
Billie Jazz Marcuzzo
David Sanchez

 

Cégep de Jonquière

Roxanne Ocampo Picard
Marianne Robert

 

Cégep Garneau

Hugo Desbiens-Alvarado
Simon Marcoux-Piché

 

Cégep Marie-Victorin

Tristan Durocher
Pascal Vézina

 

Travailleurs et travailleuses

Paul Bode, ouvrier-machiniste
Vincent Boissonneault, économiste
Danick Charbonneau
Martine Côté, archiviste médicale
Brice Dansereau-Olivier, économiste
Zacharie Dostaler
Lohik Gagnon, ouvrier
Félix Gingras Genest, permanent syndical
Vincent Noël-Boivin, paramédic
Aurélie Paquet, intervenante en autisme
Nicholas Di Penna, permanent syndical
André Querry, travailleur en comptabilité
Clovis Raymond-LaRuelle