Bonjour,


Vanessa L'écuyer a écrit il y a une semaine, que le comité-femmes allait formuler une réponse au texte de Vanessa Clavelle et des collaboratrices membres de la CLASSE intitulé « explications de l'AFESH sur le comité femmes». La voici. Nous en regrettons le délai de rédaction (nous savons qu'il ne sera pas évident pour les délégations d'en prendre connaissance si peu de temps avant le congrès), cependant celui-ci s’explique par le sérieux que nous avons accordé à cette réponse. D'abord nous allons rectifier les éléments soulevés jugés erronés et dénoncer comme tel. Par le fait même, nous expliquerons en quoi la vision du féminisme, qui a guidé notre implication au sein du comité-femmes de l'ASSÉ et de la CLASSE, diffère de celle décrite dans le texte précédent, éclairant par le fait même l'analyse derrière notre pratique.  


Vision du féminisme à l’ASSÉ:

Le texte « explications de l'AFESH sur le comité femmes» présente une vision du féminisme qui se traduit par une présence des femmes dans les lieux de pouvoir via une prise de parole en Assemblée générale et en congrès, une parité hommes/femmes sur les exécutifs, un nombre important de femmes sur les délégations des associations étudiantes en congrès. etc. Nous tenons à préciser qu’à notre avis l’aspect féministe de cette présence dépend du comment et du pourquoi de cette implication. Si c'est dans un but d'apprentissage, de transmission d'expérience et de prise de conscience de ses propres capacités à occuper des espaces traditionnellement masculins, nous sommes tout à fait en accord à ce que le féminisme dans le mouvement étudiant poursuit ce but. Cependant, nous ne croyons pas que les femmes ou toutes nouvelles personnes s'impliquant doivent absolument savoir adopter des attitudes de domination et formalistes, s'imposer, bref s'adapter à ce qu’est souvent le mouvement étudiant actuel pour être en mesure de s'y tailler rudement une place. Le comité-femmes de l'ASSÉ sert selon nous entre autres à amener le mouvement étudiant à modifier sa culture pour en faire un espace de militance plus inclusif, moins marqué par des rapports genrés de pouvoir internes.  

Dans cette perspective, nous appuyons l’idée soutenue par le texte nous critiquant que le féminisme ne devrait pas relever seulement du comité femmes. En fait, cette demande a été initiée par le comité-femmes et répétée maintes fois à l’automne 2011. Elle s’est concrétisée en plusieurs propositions amené en coco et en congrès, des mandats communs ont été adoptés comme le mentionne le texte. Le fait que le féminisme soit appliqué de façon transversale au travers l'ensemble des comités et des conseil à l'ASSÉ n'est cependant pas toujours facile particulièrement lorsque les élu-e-s ne «s'attendent pas à cela», «ne sont pas habitué-e-s ainsi» ou conçoivent que «si c'est pour être comme ça, à quoi il va servir le comité-femmes?» commentaires auxquels les membres du comité-femmes ont dû faire face lors du premier conseil de coordination du mois de septembre. À ce moment-là, nous avons dû expliquer qu'avec la grève, par exemple, le comité femmes allait avoir plus à faire que ses ressources ne le lui permettent sur le thème «femmes et grève». Nous espérions ainsi, avec cette nouvelle division des tâches, avoir l'énergie nécessaire pour pouvoir axer plus particulièrement sur la mobilisation et la formation féministe dans les associations au niveau local, selon le mandat de campagne annuelle voté en avril 2011.


La secondarisation des luttes féministes:


Cette phrase «le travail féministe ne se limite pas au comité femmes» peut sembler tout à fait anodine, mais elle ne rend pas compte de façon honnête du rapport de force constant qui doit être maintenu, parfois à bout de souffle, par le comité-femmes pour que ces tâches se réalisent de façon satisfaisante et respectueuses. Les tâches féministes prises en charge par les autres comités et conseils de l'ASSÉ (CLASSE) ne sont pas toujours accomplies avec le même souci de perfection, de décentralisation ou d’atténuation des rapports de pouvoir dans le processus même de leur accomplissement. Le temps consacré à ces mandats n'est pas équivalent aux autres types de tâches jugées prioritaires ou liées à la lutte principales. Ces tâches sont remises à plus tard (prenons pour exemple la remise sur pied du site femmes de l'ASSÉ qui est un mandat du comité information conjoint avec le comité femmes, mais qui a été relégué en seconde priorité de réalisation par le comité information, puisqu’il a pourtant entre temps mis sur pied des sites sur la campagne actuelle).


Cette secondarisation des luttes s’effectuent également en instance. Malgré l’intérêt d’amener des propositions féministes dans des points tels, “plan d’action” ou “revendications”. Le point femmes au congrès de l'ASSÉ a aussi une pertinence et une importance puisqu'il permet de traiter de points qui touche spécifiquement les femmes ou le féminisme. C'est à ce moment que nous pouvons aborder des sujets, entamer des réflexions ou prendre des décisions sur des questions qui n'ont peut-être pas toujours leur place ailleurs. Et cela existe, nous pouvons penser à la réflexion autour de la création d'un comité autonome de soutien aux arrêté-e-s issu de la présentation sur le rôle des émotions et des relations interpersonnelles dans le mouvement étudiant du congrès des 3 et 4 décembre 2011 et d'une réflexion collective dans un retour du caucus non-mixte lors de la demi-journée de formation féministe du 21 janvier dernier. Si ce point est statutaire, c'est un moyen de s'assurer que le féminisme ait une place minimale au sein de l'ASSÉ, qu'il soit «incontournable». Il existe donc un danger à prendre l'habitude de demander à ce que le congrès repousse le point femmes comme l'a fait la délégation de l'AFESH aux deux derniers congrès. De plus, cela participe à la secondarisation du féminisme à l'ASSÉ, en reportant continuellement un moment dédié uniquement aux réflexions féministes. Nous croyons  qu'une alternance entre les propositions féministes discutées dans le point femmes et hors de celui est importante et pertinente.


La hiérarchisation des luttes se poursuit également, en conseil de coordination (coco). Des discussions houleuses peuvent avoir lieu puisque des amendements peuvent être apporté à des propositions de tâches féministes afin de retirer la contrainte de leur réalisation par les autres élu-e-s de l'ASSÉ. Par exemple, nous pouvons penser au traitement qu’a reçu la proposition d’inclure du matériel d’information et de la mobilisation féministe à chacune des tournées de mobilisation organisées par l’ASSÉ sur les campus locaux, lors du coco du 15 novembre 2011. Il y a eu une proposition d’amendement pour remplacer «inclure» par «que soit valorisée la mobilisation féministe» ce qui aurait eu pour effet de réduire considérablement les possibilités de réalisation de cette tâche, que nous appelions à être faite automatiquement. Il est possible de se référer à l’ANNEXE A pour prendre connaissance de l’extrait du procès verbal concerné.


De rapport critique à rapport conflictuel entre le comité Femmes et les autres comités, conseil :


Au niveau général de la collaboration avec d’autres comité ou conseil, nous pouvons soulever un double problème, celui, mentionné plus haut, de la secondarisation des tâches féministes à l'ASSÉ auquel s’ajoute celui du travail invisibilisé effectué par le comité femmes. Cela consiste en le travail pour lequel le comité femmes ne recevra pas de «crédit» puisqu'il n’est pas valorisé ou même considéré. Ainsi, bien que les mandats réalisés en collaboration avec d’autres comités ou conseil aient souvent été source de conflit et mécompréhension en raison de façon de fonctionner différentes, il est faux de d'affirmer comme le fait le texte explication de l’AFESH que dans ces mandats conjoints le comité-femmes n'a joué qu'un rôle secondaire. Particulièrement, concernant l'organisation de la rencontre étudiantes féministes, mandat qui, sans qu’il soit mentionné de façon explicite la collaboration entre les comités et conseil, impliquait des besoins qui interpellaient les rôles et fonctions des comités information, formation, mobilisation, etc. Dans les faits, ce qui s’est réellement passé, c’est que le comité femmes a fait un travail important autant au niveau des tâches que de la coordination, tel des dizaines et des dizaines d'échanges de courriels, des courriels d'invitation, du travail avec des collaboratrices et des collaborateurs dont une membre de l'AGECVM, de l'AFÉA, de l'AFELC, de l'AFESPED, des membres de la SOGÉÉCOM et de l'AFESH, un membre du comité information qui nous ont aidé dans la réalisation des tâches, mais dont nous avons dû effectué une certaine coordination des activités pour s’assurer que tout concorde et nous avons lancé un appel pour trouver des animatrices et animateurs (nous dénombrons 9 personnes qui ont été en charge de l’animation d’une des parties de la journée) avec lesquelles nous avons travaillé étroitement, en coordonnant l’ensemble des interventions. Pour cela il y a eut de multiples rencontres préparatoires avec les intervenant-e-s. Au niveau de la logistique, nous pouvons mentionner la cuisine ravagée utilisée pour préparer de la nourriture, les registre d’hébergement et de garderie tenu au cas où le besoin s’en ferait sentir, le tract que nous avons produit, imprimé, coupé et diffusé. Enfin, concernant la diffusion de l’événement, la mobilisation et l’affichage que nous avons fait sur plusieurs campus. Tout cela, en ayant peu de soutien des autres comités et conseils de l’ASSÉ. En effet, un membre du conseil exécutif a assisté à la  première rencontre où il a pris 2 tâches ( soit rejoindre les jardins de la résistance pour un approvisionnement en légumes et en fruits ce qu'il a fait trop tard et qui finalement a été impossible à réaliser et demander à un autre exécutant de faire un document électronique d'inscription. Le comité information a fait une affiche pour l'événement à partir du tract fait par une membre du comité femmes. Le comité Femmes avait jugé que la qualité de l'infographie du premier tract réalisé par un exécutant était largement inférieure à la qualité habituelle du matériel d'information de l'ASSÉ, raison pour laquelle il avait repris la tâche. Par la suite, nous avons écrit un texte réflexif revenant sur l’événement afin que celui suscite des discussions en congrès.

Le peu de soutien dans la réalisation des tâches s'est répété lors de l'organisation de la demi-journée de formation féministe du 21 janvier, où le transport n'a pas été organisé de façon centralisé comme cela était le cas depuis au moins 1 an et demi à l'ASSÉ. Le fait qu'auparavant le transport n'était pas organisé de façon centralisé n'est pas un argument qu'on peut utiliser pour minimiser l'impact objectif que cela a eu sur le déroulement de la demi-journée et sur le taux de participation, en dehors de ce qui pouvait bien se passer dans l'organisation des instances il y a quelques années. En effet, les délégations sont arrivées au compte-gouttes ce qui a fait en sorte que l'atelier est commencé de 1h30 à 2h en retard sur l'horaire prévu. De plus, le lieu de la demi-journée de formation, qui était différent de celui du congrès du lendemain, n'était pas affiché sur le site internet de l'ASSÉ, ni sur le cahier de congrès, ce qui a fait en sorte que la délégation de l'AGECVM et de l'AÉMSP se sont rendues au mauvais endroit. De plus, un membre du conseil exécutif qui avait pris la tâche de réaliser une affiche pour publiciser la tenue de cette demi-journée de formation lors d'une rencontre de division des tâches le 11 janvier 2012 où était présent le comité formation, la secrétaire générale, le comité femmes et un membre du conseil exécutif. Cette affiche n'a jamais vu le jour.

Suite à cette journée, nous n’en finissons plus d’entendre dans les couloirs de l’UQAM des rumeurs selon lesquelles certain-e-s élu-e-s de l’ASSÉ et de l’AFESH considèrent que la demi-journée de formation était un échec, alors que seulement un élu de l’ASSÉ et de l’AFESH y a assisté et a été en positon de formuler des critiques constructives. Selon, nous considérer qu’un événement féministe à l’ASSÉ telle la demi-journée de formation est un échec, consiste en une dévalorisation profonde du travail effectué par les personnes qui ont animé la journée. De plus, cela semble lancer un message aux personnes qui y ont participé: leur présence n’a pas pu faire en sorte que la demi-journée soit considérée comme pertinente. Il s’agit aussi d’une non-considération complètes des apprentissages, des idées et des solutions qu’il a été possible de développer lors de cette demi journée et qui ont été apportées au congrès du 22 janvier.


De la même façon, il est faux de considérer que le contingent non-mixte femmes était un échec, une dizaine de personnes l'ont préparé et y participé et une telle affirmaton dans le texte d’explication de l’AFESH sur le comité femmes est dégradante pour le travail effectué par des camarades féministes. Peut-être que la relativement faible participation peut être expliqué par une diffusion qui n'a pas été suffisamment large? Nous croyons que oui. Il faut aussi dire qu'il ne s'agit pas d'une pratique ordinaire de l'ASSÉ et que les femmes étaient peut-être plus motivées à rester auprès de leur délégation d'association étudiante. Nous avons aussi appris qu'une militante de Drummondville et que le comité-femmes de Sherbrooke voulait se joindre à nous mais que dans la foule, cela fût impossible


Réalisation des mandats du comité-femmes:

Le mandat concernant une action féministe était d’en d'appeler à l'organisation, ce qui a été fait en décembre, mais la réunion a été annulée puisqu’une seule personne s'y est présentée. Il ne faut pas oublier qu'il y a eu une action pour le 6 décembre organisée par le comité-femmes de l'AGEFLESH où le comité-femmes de l'ASSÉ a encore une fois joué un rôle plutôt effacé, mais tout de même utile : participation à la réunion d'organisation, recherche et partage de documents pour s'inspirer, courriels pour diffuser l’action et inviter les militantes à y participer, mise en contact et suivi avec le comité média pour la sortie d'un communiqué de presse.


Au sujet du mandat conjoint du comité Femmes et du comité aux luttes sociales concernant le soutien aux groupes invisibilisés dans le mouvement étudiant, nous considérons que l’organisation de la journée féministe étudiante s’est effectuée dans cette lignée. Nous croyons que le fait d'aborder la condition des étudiantes sous plusieurs aspects selon la multiplicité de leurs statuts (étudiantes, étudiantes internationales, mères étudiantes, étudiantes en région ) a permis d'ouvrir la porte à plusieurs initiatives visant à ouvrir le mouvement étudiant à des réalités qui nous sont plus ou moins connues (celles des femmes étudiantes, celles des femmes étudiantes en situation de migration, celles des mères étudiantes). En effet, ce fut un moment d'une belle collaboration avec le comité de soutien aux parents étudiants de l'UQAM, en plus de permettre le réseautage d'étudiantes en situation de migration. Cela a dernièrement abouti à la création d'un tract produit de façon autonome par une de ces militantes et à des rencontres d’organisation politique des étudiants et étudiantes internationaux et internationales se tienant à l’UQAM. Celles-ci portent sur des revendications à apporter au sein du mouvement étudiant et de la mobilisation à faire auprès de cette population étudiante. Enfin, nous croyons soutenir sans nous tromper que cela a participé à la motivation à l’implication d’une ou des personne sur le comité aux luttes sociales. Maintenant que les personnes élues sur ce comité sont nombreuses, le comité-femmes a jugé pertinent de considérer que ce mandat conjoint n'était plus dans ses tâches prioritaires, bien que par exemple la diffusion du contingent poussette lors de la manifestation du 10 novembre dernier et le maintien du lien avec le groupe queer radical Plan Q démontre un souci de réalisation de ce mandat.


Concernant un autre des mandats du comité-femmes voté en congrès, soit celui sur la thématique “Femmes et grèves”, nous désirons rappeler l’atelier féministes monter en co-construction et donné au camp de formation d’automne 2011 de l’ASSÉ, de même que l’article co-écrit, présent dans l’Ultimatum spécial GGI qui en a découlé, incluant également le canevas d’atelier diffusé aux militant-e-s de l’ASSÉ pour qu’ils et elles le présentent sur leur campus.


Le processus de ces réalisations illustrent par le fait même notre conception du rôle du comité-femmes, qui selon nous n'est pas d'être à l'avant plan dans l'exécution de ses mandats, mais bien de permettre leur exécution en favorisant la participation et la co-formation entre militantes féministes. Nous avons préféré offrir cette espace de visibilité à des collaboratrices ou d'autres femmes plutôt qu'à nous. Ainsi, une grande part de nos tâches ont consisté en de la coordination ou des tâches invisibilisées; impressions, formation à des gardien-ne-s du senti pour les congrès, révisions critiques et orthographiques de texte féministes, soutien à des initiatives féministes locales, fournir de la documentation ou informations féministes au besoin, co-construction d'atelier, organisation d’ateliers, de journées ou camp de formation, etc. En ce sens, il est normal que nous ne soyons pas la vitrine des réalisations du comité-femmes, nous avons fait le choix de ne pas être des modèles! Pour cette même raison, nous avons jugés important de rédiger des bilans exhaustifs pour permettre aux membres d’avoir une idée précise des tâches que nous réalisons et de la manière dont nous les accomplissions. Ils sont facilement accessibles sur le site web de l’ASSÉ, dans l’onglet “document”, ensuite “instances”, puis “cahier de préparation de congrès”.  De plus, nous avons produit pour le congrès du 4-5 février un bilan global  et critique de notre implication sur ce comité.  



Rôle du comité femmes et non-mixité:

Nous concevons que la nécessité de la non-mixité n'est pas le recueillement et le répit comme il est cité dans le texte d’explication de l’AFESH sur le comité femmes, mais bien de pouvoir se réunir entre femmes, de mettre les expériences individuelles en commun, de constater leurs similitudes, de voir se dessiner les contours d’un système qui modèle ces expériences de façon différenciée selon les sexes, d'être amener à constater que ces expériences ne peuvent être réduites à des anecdotes, ce qui conduit à une prise de conscience de notre position de femmes, ou plus précisément de classe de sexe. À partir de ce moment, un comité femmes non-mixte devient un point d’appui pour mener la lutte féministe, facilitant l'organisation des femmes en leur laissant une certaine autonomie de décision et d'action par rapport à un mouvement où le patriarcat, comme système, est bien sûr présent, tout comme le sexisme et l'anti-féminisme. Proposer des mesures bureaucratiques de mise en tutelle du comité-femmes comme la délégation de l’AFESH l’a fait lors du dernier congrès, qui mettait de l’avant la mise sur pied d’un échéancier clair et son suivi serré par le conseil de coordination, diminue l’autonomie de la non-mixité organisationnelle sur comité femmes. Cette autonomie est pourtant inscrite dans la structure de l’ASSÉ. La proposition de la délégation de l’AFESH allait donc à l’encontre de celle-ci. En termes concrets, cela se serait traduit par une augmentation des possibilités de contrôle du travail du comité femmes par des instances auxquelles il n’est pas redevables (le coco et par extension le conseil exécutif de l’ASSÉ). En effet, établir un échéancier permet de le blâmer beaucoup plus facilement et concrètement, tout en ne tenant pas compte des ressources limitées en terme de temps, qu’ont les membres du comité femmes ni le rôle de ressource qu’a ce comité auprès des membres de l’ASSÉ et de ses collaboratrices et collaborateurs. Rôle qui peut apporter une charge de travail nouvelle et inattendue qui éloigne le comité-femmes de la réalisation de ses mandats de congrès. Cela signifierait aussi plus de tâches (produire et défendre un échéancier en instance) et non plus de ressources, ce dont le comité femmes manque déjà cruellement.


Il nous semble primordial d’expliquer aussi le travail fait avec des collaboratrices (et des collaborateurs en certaines occasions) du comité femmes, statut d’implication qui existe dans les statuts et règlement de l'ASSÉ. Il permet aux membres élues d'avoir de l'aide ponctuelle pour la réalisation de certaines tâches. Par notre expérience au comité femmes de l'ASSÉ, nous avons pu comprendre que ce statut de collaboratrices peut être un moyen privilégié d'entrer en contact avec des nouvelles militantes féministes, de les initier à ce que peut être un projet féministe à l'ASSÉ, en partant de ce qui les intéresse et les motive ou des problématiques genrées qu'elles rencontrent sur leur campus. Le comité femmes de l'ASSÉ peut devenir, par la voie de sa boîte courriel notamment, une ressource pour les militantes des différents campus qui sont souvent des personnes qui ne font pas entendre leur voix par des canaux habituels ou principaux de la démocratie étudiante. Par chemin formel. nous entendons entre autres : proposition d'un projet féministe faite en AG par une militante féministe, adoptée, mandat amené par la délégation de l'association étudiante en congrès de l'ASSÉ, adoption en congrès, création d'un nouveau mandat pour le comité-femmes). L'adresse courriel du comité femmes devient un raccourci pour des demandes d'aide ponctuelle fait au comité femmes de l'ASSÉ parce que l’accès aux canaux formels de prise de décision est différencié selon le sexe. Ce rôle de ressource et de formatrices est une explication au fait que le comité femmes puisse sembler s'égarer de ses mandats ou avoir de la difficulté à prioriser ses tâches. Ce serait la dualité entre la base des militantes féministes et les mandats de congrès, dualité déjà présente à l'ANEEQ. Cette dernière y avait pallié par la création d'un congrès féministe semi-parallèle qui donnait des mandats au comité-femmes de l'ANEEQ. Mais peut-être aussi que les accommodements intermédiaires faits par le comité femmes, en travaillant simultanément sur plusieurs projets à la fois, est une façon moins lourde de procéder.


Pouvoir et comité-femmes:

Le comité femmes et ses collaboratrices proposent d'aller plus loin que la disposition du comité femmes d’un simple droit de proposition. Dans l’avis de motion déposé lors du congrès du 22 janvier est inclus le droit d'appui pour le comité femmes. Ce qui lui permettrait de pouvoir appuyer des propositions féministes provenant d'associations étudiantes afin de s'assurer que celles-ci puissent être traitées. Elles rencontrent souvent beaucoup d’obstacles du fait que le féminisme soit parfois l'objet de préjugés dans la culture dominante actuelle et qu'il y ait donc des possibilités objectives que cela se répercute chez les délégué-e-s de certaines associations étudiantes, qu'une proposition féministe ne soit pas appuyée pour cette raison.

La définition donnée précédemment du rôle de ressource du comité femmes me semble rendre caduque l'accusation faite dans le texte d’explication produit par une exécutante de l’AFESH sur le comité femmes comme quoi nous nous considérerions comme un groupe affinitaire. En effet, le comité femmes doit composer avec la réalité que les militantes sont souvent peu entendues dans les espaces formels de démocratie étudiante comme les assemblées générales. Celles-ci sont, il faut le dire, souvent le théâtre de luttes féroces pour le contrôle de l'ordre du jour et des propositions qui y seront traitées. Ce qui a pour effet que les points traitant de féminisme ou d’inclusivité au sens large, sont trop souvent, voire systématiquement, relégués aux calendes grecques. Les conseils exécutifs, d'où sont souvent issus les délégué-e-s pour les congrès, ne sont pas toujours non plus des endroits où les femmes au niveau local peuvent faire entendre leurs besoins en termes de lutte féministe dans le mouvement étudiant, d'où la pertinence que le comité-femmes de l'ASSÉ ait un droit de proposition, pour que soit entendus les besoins de ces femmes, lorsqu'elles nous en font la demande.

Il est possible d'avancer que le comité aux luttes sociales se retrouve sensiblement dans la même situation, mais qu’il ne possède même pas de droit de proposition! Prenons pour exemple les propositions du comité femmes apportées au congrès du 3 et 4 décembre et au congrès de continuité du 22 janvier et annoncées par voie de courriel, voir ANNEXE B. L’entièreté des propositions apportées par le comité-femmes étaient issues de discussions et de demandes faites par des militantes féministes du local par courriels ou lors de rencontres lors des tournées de mobilisation. Il nous paraît déplorable que la plupart de celles-ci aient été balayées du revers de la main ou discréditées par les déléguées de l’AFESH qui s’exprimaient sans mandats sur la question. Nous sommes conscientes que le comité-femmes est redevable au congrès cependant, nous pensons que pour ce qui est des besoins en termes de féminisme de la délégation de l'AFESH, ils sont exprimés depuis quelques congrès de façon dévalorisante à l'égard du travail accompli par les membres du comité-femmes sans tenir compte des conditions matérielles, structurelles et émotionnelles dans lesquelles celui-ci a été fait. Nous pouvons penser à la liste des mandats non-accomplis par le comité-femmes qui a été dévoilée de façon tout de même agressive et théâtrale par une déléguée de l'AFESH au congrès du 22 janvier 2012, dans le point bilan. Cela ne tient pas compte du rôle de ressource, expliqué plus haut, qui incombe au comité-femmes.


Il importe à cet effet de préciser que l'élaboration d'un avis de motion pour modifier les articles des statuts et règlement traitant du comité femmes émanent de la demande d'une militante féministe du niveau local (C'est d'ailleurs elle qui a fait la majorité du travail à partir d'un avis de motion mis en dépôt en mai 2010.) Cet avis de motion, notamment au niveau de la proposition que le comité femmes soit doté d'un budget de genre réflète un besoin d'autonomie financière et structurelle réel vécu par le comité-femmes lors de la réalisation de plusieurs tâches, soit le journal section femmes, le camp de formation féministe de l'hiver 2011, les différentes tournées de mobilisation, etc. Il s’agit d’une solution concrète visant à améliorer des conditions matérielles dans laquelle se retrouve le comité-femmes. En d’autres mots d’augmenter les ressources dont il dispose pour mener à bien ses tâches sans devoir sans cesse entrer dans une dynamique de confrontation avec les comités et conseils qui détiennent les cordons de la bourse entre les congrès, ces élu-e-s qui voient souvent leur travail critiqué par le comité-femmes de l’ASSÉ et qui sont souvent peu enclins à considérer les activités et actions féministes comme prioritaires. En plus, d’augmenter l’autonomie du comité-femmes dans son rôle de répondre aux besoins des militantes féministes du mouvement étudiante. Les solutions apportées par les avis de motion allaient clairement  en opposition avec les solutions bureaucratiques de contrôle apportées sans mandat par la délégation de l’AFESH au congrès du 22 janvier.


Notre critique d’une vision bureaucratique et formaliste:

De plus, en nous basant sur deux axes principaux d'analyse, il est possible d'amener d'autres critiques majeures concernant le fond du texte de Vanessa Clavelle et de ses collaboratrices membre de la classe nommé «Explication de l’AFESH concernant le comité femmes», ainsi que la vision d'un mouvement collectif qui y est décrite. D'abord, le syndrome de la bureaucratite aigüe, qui consiste en la résistance à concevoir la réalité militante en dehors du cadre formel établi, que ce soit au niveau des rôles, des tâches, des comportements des individus ou des «punitions» à administrer. Ensuite, le comportement patronal-démocratique, qui consiste à agir avec l'intransigeance et l'inflexibilité d'un-e patron-ne en ce qui a trait à la réalisation des tâches et des mandats. Et cela sans tenir compte des conditions matérielles, structurelles et émotionnelles de réalisation de ces tâches, en légitimant son attitude de patron-ne par des structures démocratiques de prise de décision, d'où sont issus les mandats.


Au regard de nos axes d’analyse, nous en sommes venues à constater que la réflexion de Vanessa Clavelle et ses collaboratrices occultent une considération du nombre restreint de personnes sur le comité (nous sommes deux membres élues depuis fin septembre 2011), le peu d’autonomie accordée au comité femmes (entre autre financière) et l’immensité de la tâche à réaliser.


Enfin, ces féministes de l'AFESH proposent comme solution un plan de contrôle du travail du comité femmes de l'ASSÉ et une diminution de son autonomie. À problèmes de conditions matérielles et structurelles, solutions bureaucratiques! Écraser spécifiquement le comité femmes en congrès sur la non-réalisation de ses mandats à partir d'informations partielles ou erronées, est une étrange méthode de recherche de solutions. Il nous semble important, entre autres, de penser à l'impact que ce genre de modèle de gestion du travail des comités de l'ASSÉ peut avoir sur l'implication de femmes-féministes au comité femmes à l'avenir.


Vanessa L’écuyer, membre de l’AFESH

Gabrielle Desrosiers, membre de l’AFESH



Notes de bas de page:

(1) Notamment, la co-construction d’atelier, la co-écriture d’article, bref la co-formation et le travail avec de nombreuses collaboratrices ou collaborateurs est un fonctionnement particulier à l’ASSÉ exclusivement employées par le comité-femmes.

(2) La co-construction impliquent des personnes d’expériences et de milieux variées dans un projet commun. Pour cet atelier, on a pu dénombrer la participation globale d’environ 15 militantes féministes et militants pro-féministes à la création de celui-ci.

ANNEXE A

2.4.1

Considérant que l'ASSÉ est une organisation féministe dans ses principes fondateurs, dans son discours et dans ses pratiques; Considérant qu'il y a du matériel d'information féministe disponible; Que soient inclus la diffusion de matériel d'information féministe et de la mobilisation féministe dans l'ensemble des tournées de mobilisation de l'ASSÉ faites sur les campus locaux ; Que le comité-femmes soit disponible, entre autres comme ressource, pour aider à l'exécution de ce mandat.

Proposée par le comité femmes

Appuyée par le comité aux luttes sociales .

2.4.1.1 Amendement : rayer «Que soient inclus » pour ajouter « que soit valorisé » (la diffusion de matériel d'information féministe et de la mobilisation féministe dans l'ensemble des tournées de mobilisation de l'ASSÉ « sur la campagne actuelle » (dans les campus locaux).

Proposé par le secrétariat général

Appuyé par le comité-femmes (ici je ne sais pas pourquoi il est écrit cela au PV, il s'agit d'une erreur, les personnes présentes pourront témoigner que le comité-femmes s'est fortement opposé à ce que la valorisation de la mobilisation féministe remplace l'inclusion de mobilisation féministe.)

Proposition de scinder en deux l’amendement

Proposée par le comité femmes

Appuyée par le comité aux luttes sociales

Adoptée à la majorité

2.4.1.2 rayer «Que soient inclus » pour modifier « que soit valorisé »

2.4.1.2.1 Sous-amendement : Que soit « inclus et » valorisé.

Proposé par le comité aux luttes sociales

Appuyé par le CRAM

Adopté à l’unanimité

Adopté à l’unanimité

2.4.1.3 ajouter « sur la campagne actuelle »

Adoptée à l’unanimité

Adoptée à l’unanimité


ANNEXE B


Bonjour,

Le comité-femmes vous envoie les propositions qu'il soumet au congrès. Les propositions ont été élaborées à partir de discussion avec les militantes des comité-femmes de l'AECS et de l'AGEFLESH, avec des collaboratrices du comité-femmes et des militantes féministes, ainsi que des échanges sur la liste de diffusion assé-femmes.

Si vous faites partie des personnes avec qui ces projets ont été élaborés, veuillez nous faire part de toutes modifications que vous voudriez apporter aux propositions (ou vous pouvez nous envoyer carrément les propositions modifiées ou de nouvelles propositions)...

Il y a aussi la proposition de caucus non-mixte du comité-femmes. Cet envoi permettra aux personnes présentes au congrès de se préparer au caucus! Nous cherchons aussi des volontaires pour animer ces caucus non-mixtes

7.0 Femmes

7.2.

Considérant les violences physiques et psychologiques qui surviennent de façon récurrente lors de mobilisations massives et intenses, tels les moments de Grève générale illimitée;


Considérant l’intimidation et les agressions qui ont eu lieu lors des blocages des campus dans le contexte de la dernière journée de grève, le 10 novembre 2011, notamment à l’UQAM;


Considérant l’expression d’un besoin en ce sens par des militantes féministes;


Le comité-femmes propose que le comité-femmes de l’ASSÉ travaille avec des collaboratrices et des collaborateurs afin de prévoir une ou des formations d’autodéfense dans une perspective féministe et dans un contexte de grève générale illimitée.


7.3.

Considérant les violences physiques et psychologiques qui surviennent de façon récurrente lors de mobilisations massives et intenses, tels les moments de Grève générale illimitée;


Considérant l’intimidation et les agressions qui ont eu lieu lors des blocages des campus dans le contexte de la dernière journée de grève, le 10 novembre 2011, notamment à l’UQAM par des professeur-e-s, des chargé-e-s de cours, des étudiant-e-s, des gardien-ne-s de sécurité, etc.;


Considérant l’expression d’un besoin en ce sens par des militantes féministes;

Le comité-femmes propose que soit produit une brochure dénonçant cette situation


7.4.

Considérant la présence de nombreux préjugés sur le féminisme dans la société québécoise contemporaine;


Considérant les difficultés rencontrées par les militantes féministes et les militants pro-féministes de faire de la mobilisation sur ce thème général;


Considérant l’expression de besoins en ce sens par des militantes féministes;


Le comité femmes propose qu’un tract soit produit par le comité Femmes et ses collaboratrices avec le soutien du comité information afin d’introduire aux féminismes et de démystifier ce mouvement.


7.5.

Considérant un certain manque de discussion et de débat autour de l’application du féminisme dans le mouvement étudiant et au sein de nos associations étudiantes, tant au niveau local que national;


Considérant le potentiel que pourraient avoir des espaces autonomes non-mixtes femmes dans la formulation de propositions féministes reflétant réellement les besoins des étudiantes et au niveau de l’émergence de projets pertinents et stimulants, notamment en contexte de grève générale illimitée;


Le comité femmes propose que soient organisées des assemblées publiques féministes non-mixtes femmes dans plusieurs régions et qu’il soit traités des sujets en lien avec la lutte féministe, principalement en éducation et au sein du mouvement étudiant.


8. Plan d’action

8.1 Lutte en éducation et grève


8.2

Le comité femmes propose un caucus non-mixte de 45 minutes sur le déroulement de la dernière journée de grève, principalement au niveau de la violence et de l’intimidation qu’ont subi les grévistes sur les lignes de piquetage et lors de l’action à McGill.