Bonjour à vous,


Merci pour ces questionnements politiques, il est vrai très importants. Voici mes réponses:

(1) Mon rapport au féminisme et la façon dont la lutte étudiante devrait s'articuler dans le mouvement étudiant et dans les exécutifs.

Mon rapport au féminisme a beaucoup évolué pendant la grève. Certes, je connaissais les grandes lignes des théories féministes avant mais et, pour ne pas vous le cacher, j'y éprouvais un relatif désintérêt. Actuellement, c'est tout le contraire et je peux dire que j'y éprouve un intérêt très particulier. Je dirais même que c'est ma principale évolution pendant la grève.
De fait, au fil de mon implication dans la grève, j'ai pris connaissance des différents rôles dévolus le plus souvent aux femmes, du peu de considération ou de prise au sérieux dont elles pouvaient parfois faire l'objet. J'ai pris conscience qu'une certaine division des tâches existait et que les hommes s'attribuaient souvent celles dites à "responsabilités" et qu'un adage tel que "Aux hommes les grands discours, aux femmes l'organisation" se révélait souvent vrai. J'ai pris conscience également que c'est moi-même qui souvent me plaçait dans ce rôle d'organisatrice sans voir que j'avais la possibilité de faire autre chose. (J'ai écrit un article à ce sujet reprenant les idées que je viens d'invoquer: http://www.pressegauche.org/spip.php?article10767)
Sur ce point d'ailleurs, il me semble que la grève a apporté une certaine évolution: dans les Assemblées générales de plus en plus de femmes prennent la parole et des débats ont été lancés sur le féminisme. En philosophie par exemple, nous avons un débat, encore non clos, sur la question de l'alternance hommes/femmes et nous avons crée un comité femmes. Je sais aussi que d'autres comités femmes se sont crées ailleurs.
Lors du Grand Prix, j'ai écrit un article dans l'Utimatum féministe spécial Grand Prix que j'ai aidé à distribuer sur la rue Crescent ensuite. C'était une expérience très instructrice.
Maintenant, je me donne comme tâche de continuer à imposer le féminisme au sein de mon exécutif et dans nos Assemblées générales. J'ai également participé lors du Congrès début août à Concordia à un caucus non-mixte très instructeur et qui m'a permis de prendre conscience que je m'étais retrouvée à gérer pas mal de choses pour la grève seule cet été pendant que la plupart de mes comparses masculins s'octroyaient du repos.

La lutte féministe devrait donc, selon moi, avoir une place primordiale au sein de la lutte étudiante et des exécutifs. Elle doit être présente dans chaque manifestation, chaque Congrès, chaque rencontre d’exécutif.

Si je suis élue, c’est la première fois que l’exécutif de l’assé serait paritaire et ce serait, selon moi, un grand progrès et une des "victoires" de la grève.


Par ailleurs, je vous remercie pour cette question.



(2) Mon rapport aux fédérations étudiantes


En tant qu'étudiante à l'UdeM, je suis de facto membre de la FAECUM, donc d'une fédération. Voilà pour ce qui est de mon rapport objectif aux fédérations et c'est le seul.


Ici, je ne pourrais pas parler d'évolution de ma part dans la mesure où j'ai toujours eu de la distance avec les fédérations et où je n'ai jamais rien attendu de leur part durant la grève.

En revanche, plus la grève avançait et plus je me disais qu'à l'UdeM, il fallait faire quelque chose avec la FAECUM, que cette fédération était vide de toute réflexion politique et qu'elle n'allait jouer aucun rôle dans la grève sinon nous mettre des bâtons dans les roues, ce qu'elle a fait (ne pas mettre des bus à disposition pour la manifestation à Québec par exemple). Lors du point de presse de la CLASSE sur la Place Laurentienne annonçant la semaine de perturbations économiques, point de presse qui s'était effectué dans le cadre d'une "occupation" de la Place laurentienne que j'organisais, des membres de la FAECUM m'ont dit que "L'Université de Montréal, c'était le terrain de jeu de la FAECUM" et que je n'avais pas y inviter la CLASSE (alors même que beaucoup d'associations de l'UdeM en sont membres). Ils semblaient également oublier que l'université appartenait aux étudiants avant tout et qu'elle pouvait, du moins je l'espère, être un lieu de débats politiques et non seulement un terrain de jeu. Depuis ce temps-là, j'ai participé activement à la Table de grève, table de coordination créée en parallèle de la FAECUM. Actuellement, nous réfléchissons à la façon de maintenir cette instance même s'il n'y a plus de grève, l'idée étant d'en faire une instance permanente regroupant des associations militantes de l'Université de Montréal, une instance où les discussions politiques entre associations pourraient se maintenir, où des prises de positions politiques pourraient se faire. J'avais également organisé une discussion à ce sujet en mai. Je suis très attachée au fait que l'ensemble du travail que nous avons effectué à l'UdeM entre associations ne s'évanouissent pas et que nous puissions continuer à exprimer des revendications politiques.


Je ne pourrais pas dire grand chose de la FEUQ et de la FECQ sinon que je n'ai jamais eu de lien avec ces fédérations (je suis depuis un an au Québec).



J'espère avoir au mieux répondu aux questionnements,


N'hésitez pas à poser d'autres questions,



Solidairement,



Blandine Parchemal.



P.S: je suis arrivée au Québec l'année dernière alors il est certain que je manque de passé militant québécois. Je travaille beaucoup pour récupérer mon retard néanmoins. Aussi, je pourrais apporter un élément plus international au sein de l'exécutif si je suis élue en raison de mes expériences militantes françaises.