"Madame Beauchamp a donné comme devoir aux étudiants membres de la
CLASSE de s’exprimer sur la violence pour avoir le droit de parler
avec elle.
Les étudiants des cycles supérieurs de sociologie de l’Université de
Montréal se sont réunis 5h en assemblée générale aujourd’hui et ont
finalisé les débats commencés 4 jours plus tôt en assemblée générale
extraordinaire pour remplir ce devoir.
Voici la résolution qui a été adoptée à très forte majorité et que les
délégués de l’association défendront au congrès de la CLASSE ce
dimanche :
«Considérant que les étudiants sont, dans le conflit actuel qui les
opposent au gouvernement, victimes de plusieurs formes de violence qui
se traduisent notamment par :
- Le mépris du gouvernement lorsqu’il ignore les revendications des
étudiants et ne souhaite pas négocier avec eux.
- Le déni affiché par les rectorats des universités et par le
gouvernement à l’encontre des revendications des étudiants lorsqu’ils
qualifient leur grève de « boycott »
- La pénalisation des revendications sociales étudiantes à travers
l’usage des injonctions portant atteinte à la démocratie associative
- Le traitement médiatique injuste de la grève par certains
chroniqueurs tendant à présenter l’ensemble des étudiants comme un
groupuscule de radicaux gâtés et capricieux
- Les violences physiques commises par des policiers, en particulier
pour mettre fin à des manifestations pacifiques à l’aide de bombes
aérosol de poivre de Cayenne et de grenades assourdissantes
- L’intimidation subie par des étudiants et des professeurs et exercée
par certains agents de sécurité des campus universitaires, notamment
contractés auprès d’agences privées de sécurité
- L’indécence de la rémunération des recteurs et de leurs primes de
départ au regard du fardeau de l’endettement étudiant que représente
pour beaucoup l’augmentation des frais de scolarité.
- L’ampleur de l’augmentation des frais de scolarité imposée par le
gouvernement limitant l’accessibilité aux étudiants.
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L’ACSSUM salue la grande majorité des étudiants engagés dans la lutte
contre la hausse des frais de scolarité ainsi que les personnes qui
les appuient et qui s’expriment depuis le début du conflit de manière
pacifique, critique et créative.
Critique la stratégie du gouvernement de division du mouvement
étudiant qui exige unilatéralement une dénonciation de certains actes
qualifiés de « violents » sans condamner, par exemple, la gestion du
conflit par les universités et la brutalité policière et sans non plus
s’interroger sur l’origine de cette violence.
Note qu’en agissant ainsi, le gouvernement oblitère le fait que la
violence est souvent une réaction de personnes qui se trouvent dans un
rapport déséquilibré les opposant à une violence disproportionnée et
institutionnalisée et qu’elle est parfois la seule arme qu’il reste à
ceux qui sont infantilisés, méprisés et bafoués dans leurs droits
qu’il soit ici fait référence au droit à l’éducation ou à la libre
expression de ses convictions politiques.
Rappelle que la CLASSE n’a jamais souscrit à la violence.
Tient à rappeler que seuls les tribunaux et les cours sont habilités à
prononcer une condamnation et que ni les étudiants ni le gouvernement
n’ont à se substituer à ces instances juridiques. La seule
condamnation possible est une condamnation morale.
Dénonce le recours à toute forme de violence, tant physique que
psychologique, et en particulier la violence institutionnelle mise en
œuvre par l’État dans le but de bafouer les droits des citoyens et de
porter atteinte à leur liberté d’expression.
Rappelle que le débat de fond concerne les frais de scolarité et
l’accessibilité aux études universitaires.


Je vous propose de publier cette résolution pour montrer que les
étudiants font leurs devoirs docilement, même si l’arrogance de ce
gouvernement pousserait plutôt à la révolte."


Myriam Tardif
AÉAUM