Je ne sais pas si ça a déjà passé par ici... ni s'il y a eu des réponses ? La Commission Populaire dit n'avoir même pas reçu d'avis de réception... c'est dommage !
Miguel

****************************************

Aux camarades du Comité de communications de la CLASSE (qui font une super job depuis des mois)


Montréal, 6 juin 2012

Par l'entremise des médias mainstream, nous avons appris qu'un porte-parole avait consenti à se faire interroger pendant près de 2 heures par la SQ, chose qui nous a grandement étonnées. (Nous imaginons que cela arrive à d'autres militantEs de la CLASSE sans faire les manchettes.) Nous nous solidarisons avec celles et ceux qui subissent le harcèlement des corps de sécurité, nous savons que la pression est forte et que les uniformes sont impressionnants et manipulateurs (et nous savons également qu'il nous manque sûrement certains éléments pour comprendre la situation).

En tant que membres du Réseau de la Commission Populaire, un regroupement en solidarité avec les communautés ciblées par les politiques de sécurité nationale du Canada (nous avions animé un atelier à un congrès de l'ASSÉ en 2011, vous nous replacez?), nous aimerions partager un conseil très simple :  ne parlez jamais et n'écoutez jamais un agent de sécurité sans y être contraint légalement (de surcroît lorsqu'il s'agit de la division des menaces extrémistes de la SQ, du SCRS, de GAMMA, bref de toutes polices politiques).

Légalement, vous n'avez pas à parler avec ces agents tant qu'ils n'ont pas d'accusations contre vous ou qu'ils ne vous présentent pas un mandat (et même avec des accusations, vous n'avez pas à dire autre chose que : nom, date de naissance et adresse). Si, pour des raisons stratégiques qu'on ne comprend pas du tout, vous souhaitez parler avec eux, soyez au moins accompagnéEs d'unE avocatE.

Pourquoi ne pas leur parler ni les écouter?

1) Parce qu'il s'agit d'une police politique : ils cherchent à faire un « mapping » des groupes dits radicaux (ex : savoir qui vous connaissez et qui vous protégez en faignant de ne pas les connaître), comprendre les alliances pour exacerber les divisions, capter les rancœurs pour exploiter les faiblesses, analyser votre discours pour le manipuler ou le contrecarrer, etc. Leur parler représente donc un danger pour l'ensemble des camarades.

2) Parce que se sont des professionnelLEs de l'interrogatoire :  même si vous pensez ne rien révéler, ils scrutent vos réactions, vos informations bidon, les propos que vous jugez inoffensifs. Habituellement, les réponses qu'ils cherchent n'ont rien à voir avec les questions qu'ils posent.

3)Parce que si vous croyez que vous allez en apprendre plus sur leurs intentions, vous vous trompez :  vous comprendrez ce que eux veulent que vous pensiez . Souvent, ils ne veulent pas tant des informations que « passer un message » (générer de la méfiance, de la division, faire circuler des rumeurs ou lancer des perches pour voir ensuite qui mord, vous faire croire qu'ils surveillent telle tendance ou que l'ordre vient de tel niveau politique, etc.). Les écouter peut souvent être plus dommageable que de leur parler.

4)Parce que si vous croyez ainsi démontrer que « vous n'avez rien à cacher » c'est que vous ne comprenez pas leur travail :  leur définition de la « menace extrémiste » (dans le cas de la SQ) est hautement idéologique, cela n'a rien à voir avec la légalité ou non des actions. Ils n'enquêtent pas sur la base de soupçons d'actes illégaux, ils surveillent les organisations sociales et les militantEs qui, à leurs yeux, ont des propos séditieux menaçant le statu quo. D'un stricte point de vue démocratique libéral, il est dangereux de donner de la légitimité à ce profilage politique.

5)Parce que si vous acceptez, ils reviendront ensuite, soit directement avec la même personne soit avec son entourage politique en sachant qu'ils ont trouvé une source qui collabore.

La police politique vous harcèle encore? Répondez-leur de contacter votre avocatE pour prendre rendez-vous, cela suffit généralement à calmer leurs ardeurs car ils savent que ces interrogatoires sont illégaux.

Voilà, c'est ce que nous ont appris des années de solidarité avec des personnes victimes du harcèlement du SCRS, de GAMMA et, de manière générale, des polices politiques qui travaillent pour la soi-disante sécurité nationale (= la sécurité des intérêts dominants qui ne sont pas les nôtres!).

En espérant que ces conseils puissent vous amener à prendre très au sérieux cet enjeu (qui nous menace tous et toutes) et à débattre entre vous de la marche à suivre lorsqu'une police politique vous approche.

Solidairement,

Des militantEs du Réseau de la commission populaire
www.commissionpopulaire.org

********************************************************************

Pour en savoir plus :  

Surprise on a des droits , COBP http://cobp.resist.ca/sites/cobp.resist.ca/files/surpriseweb.pdf

Déclaration contre Gamma, CLAC. http://www.clac-montreal.net/node/219

Si le SCRS frappe à votre porte : Connaissez vos droits, RCP.  http://www.peoplescommission.org/file/csis/booklet_fr.pdf

10 bonnes raisons de ne pas parler avec le SCRS, RCP.  http://www.peoplescommission.org/file/csis/top10_fr.pdf

PS : est-ce que ce serait utile de vous faire parvenir des copies de ces brochures?  Ou d'organiser un atelier : police politique et défense de ses droits?