grève sociale, il n'y a que deux chemins:
soit via les syndicats, soit via
un mouvement citoyen.
Il est certain que la deuxième option semble de loin la plus excitante,
mais je ne crois pas que nous en sommes là: cela impliquerait que des
milliers de travailleurs et de travailleuses délaisseraient les structures
syndicales déjà en place, et donc les fonds de grève qui vont de pair,
et arrêteraient de travailler, sans avoir aucune rémunération.
Je pencherais donc pour la première option. Il ne faut cependant pas
oublier la réalité syndicale, souvent bien peu démocratique. Il y a donc
selon moi un double travail à faire: convaincre l'élite syndicale et
continuer la mobilisation citoyenne.
On pourrait donc envisager un tractage massif des manifs de casseroles
avec un tract (pédagogique) sur la grève sociale et sur les moyens que la
personnes peut prendre pour mettre de la pression au niveau syndical.
Certaines personnes parlaient également de porte-à-porte, mais je doute
fort de l'efficacité de ce moyen. La population visée est selon moi trop
largement répartie dans un bassin amorphe. Ils serait cependant intéressant
de cibler certains quartiers (Villeray, Hochelag', le Plateau) pour mobber
et distribuer des gros carrés rouges à mettre dans les fenêtres.
Il faut de plus commencer (ou continuer, à vous de voir) à faire pression
sur les syndicats de prof-e-s pour que ces derniers votent en faveur d'une
position de principe sur la grève sociale.
À noter que le syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ-CSN) a
déjà voté en faveur d'une grève sociale et que plusieurs AG de prof-e-s de
Cégeps (dont Maisonneuve) ont voté pour que la FNEEQ fasse de même.
...bref, une nouvelle campagne en vue...
Louis-Philippe Véronneau
Le 25 mai 2012 04:08, JS C <j.seb.1976(a)gmail.com> a écrit :
Hochelag, on a marché all the way dans toute la ville jusqu a 2 am. Mais
je partage l enthousiasme de alain et appuie.
lets not forget les negos,
par contre, qui pourraient s'avérer etre un éteignoir perfide. Léo est trop
excité par le concept de mettre fin a la crise et je ne sais pas si notre
comité de négo a un mandat clair pour poursuivre la lutte de rue avant de
chercher une solution. sinon, ben, on est.... all in, non?
Le 25 mai 2012 02:11, Alain Savard <qwertypowa(a)hotmail.com> a écrit :
Salutations à tous et toutes,
Je reviens tout juste d'une manif de casseroles et il se peut que mes
pensées soient taintées d'un excès d'enthousiasme dû à la magie de cette
expérience, mais je crois que ce mouvement spontané est un indicateur
important de la conjoncture actuelle et du rôle que la CLASSE doit prendre.
Tout premièrement, il faut se rendre compte de l'ampleur que prend les
manifs de casseroles. De quelques rassemblements spontanés dans certains
quartiers de Montréal, des citoyens et citoyennes de tout âge ont commencé,
depuis hier, à se regrouper de coin de rue en coin de rue pour former des
manifestations de plus en plus grosse. Alors que mercredi soir les médias
rapportaient des rassemblement spontanné de quelques centaines de personne,
dont un principal au centre-ville de Montréal qui atteignait environs 5000
participant-e-s, j'ai l'impression que les rassemblement de jeudi soir ont
été trois à quatre fois plus importants. À Montréal, le plus important
cortège est le résultat d'une manifestation partant de Villeray qui s'est
jointe à la manifestation nocture du Carré Berri. J'estime à entre 15 000
et 20 000 sa participation. Mais cela n'inclu pas les autres manifestation
dans d'autres quartiers qui ne se sont pas joint à celle-ci. On parle de
plusieurs milliers de personnes dans Hochelage-Masionneuve, des centaines
dans d'autres quartier moins militants comme Ahuntsic. Et à l'extérieur de
Montréal, des rassemblement de plusieurs centaines de personnes ont eu
lieu. J'ai entendu parlé de manifs à à Laval, à Sainte-Thérèse, à Granby, à
St-Jean, à Québec, à Saint-Jérôme, À Beloil, à Saint-Eustache, à
Saint-Basile, à Trois-Pistole, à Gatineau, à Saint-Lambert, à
Mont-Saint-Hilaire, à Saint-Hycinthe, à Saguenay... Et il y en a surment eu
plus, il est difficile de mesurer l'ampleur du mouvement. Et à cela, il
faut ajouter les centaines de personnes sur leur balcons qui accueil les
manifs sans s'y joindre.
Ces manifestations sont spontanées sont l'incarnation de ce que nous
voulions depuis longtemps : un élargissement de la lutte, un soutient
populaire, une autonomisation de ce soutient par l'implication spontané des
travailleurs et travailleuses.
Le 22 mars dernier, l'expression "printemps érable" était prétentieuse.
Le 9 avril, dire "La grève est étudiante, la lutte est populaire", c'était
un move à la limite de l'opportunisme. Depuis la gigantesque manifestation
du 22 mai, ces slogans se sont incarnés en réalité concrète. Et le
mouvement des manifestations de casseroles en est la confirmation. Aucune
organisation n'a donné de mot d'ordre pour faire des manifestations de
casseroles. Pourtant, elles donnent lieu à des mouvements gigantesques. Il
y a plus de participant-e-s à ces soirées qu'à n'importe qu'elle
manifestation organisées par les bureaucraties syndicales.
Ces rassemblements spontanées ont deux choses importantes à noter.
Premièrement, elles se tiennent en appui à la lutte étudiant et en
opposition à la loi 78, mais bien de participant-e-s plus agés les
interprètes aussi comme des manifestations pour s'opposer à d'autres
mesures impopulaires (on a entendu les gaz de schistes, la corruption,
l'écologie, la taxe santé....). Deuxièmement, ces manifestations sont
illégales et ça, les gens le savent. Comme ils s'opposent notamment à la
loi 78, ils en connaissent le contenu et savent qu'une manifestation
spontanée est passible de sévères amendes. Pourtant, ils et elles sont des
milliers à manifester.
Il me semble donc que la CLASSE a joué un rôle crucial dans la
matérialisation de ce mouvement. D'une part, le fait d'avoir martelé depuis
2 mois le fait que notre lutte n'était pas corporatiste a certainement
contribué à poser les bases pour cet élargissement. D'autre part, l'appel
de la CLASSE à la désobéissance semble avoir eu une énorme résonance. Les
arrestations massives des derniers jour en sont le résultat concret, et le
fait que les manifestations continuent malgré celles-ci démontrent qu'un
grand nombre de personnes ont intégré la légitimité de cette désobéissance.
Nous sommes parvenus à faire dissiper la peur. Et ça, c'est probablement ce
qui fait trembler les élites politiques et économiques qui tente de calmer
le jeu.
*Alors, quoi faire maintenant?*
Force est d'admettre que la CLASSE n'a maintenant qu'un rôle marginal à
jouer dans l'organisation quotidienne du mouvement. La force des manifs de
casseroles, c'est d'être complètement décentralisées, de n'être que la
jonction de chaque balcon, de chaque coin de rue, de chaque quartier. La
force des manifs de nuit, c'est d'avoir un sens différent chaque soir.
Alors, que pouvons nous faire?
La CLASSE reste pertinente pour deux choses : les très grands
rassemblement et le leadership politique global. Je vais me concentrer sur
ce second point ici.
Nous sommes devant un mouvement qui dépasse largement notre
organisation. En fait, le mouvement dépasse toutes les organisations du
Québec. Les centrales syndicales ont complètement laissés passé le bateau
en suivant leur trajet donné à la police le 22 mai. Elles ont fait une
manifestation de bureaucrates à 1000 personnes pendant que des centaines de
milliers de personnes prenaient le chemin de la désobéissance. Les partis
politiques restent complètement centrés sur leurs propres agendas
électoraux. Et les groupes communautaires n'arrivent pas à s'extirper de la
marginalité. Malgré qu'elle soit dépassé, la CLASSE reste l'organisation de
masse la plus connecté avec ce qui se passe et avec le plus de leadership
politique. Il nous appartient donc de prendre l'initiative pour consolider
les acquis qui sont en train de se former.
Les manifestations de casseroles ont une significations importante,
comme je l'ai précédemment expliqué, mais elles pourraient disparraitre
dans la lassitude si rien n'est fait. Contrairement au mouvement étudiant,
les travailleurs et travailleuses n'ont pas d'assemblée générale
hebdomadaire pour s'informer, pour prendre des décisions collectives, pour
fixer des revendications, pour formuler une stratégie globale et cohérente.
Ce qui nous a permis de maintenir une constance, une organisation et une
forme de contrôle démocratique sur l'orientation générale du plan d'action
ne leur est pas disponible. En fait, les assemblées générales pourraient
leur être disponnible par le biais de leurs syndicats, mais ces instances
ont été longtemps dépolitisés, désertés et contrôlés par des bureaucraties
dignes de nos fédérations étudiantes. Et l'ASSÉ des travailleurs et
travailleuses n'existe pas encore.
Si la CLASSE peut jouer un rôle, c'est en consolidant ces appuis, en
les appuyant dans leur auto-organisation et en leur donnant un objectif
réalisable à moyen terme. N'ayant plus de collèges à piqueter, nous pouvons
maintenant déployer nos énergies autrement et nous devrions faire de ces
trois objectifs d'élargissement de la lutte des priorités.
Bon, pour l'objectif à moyen terme, vous me voyez venir : cela fait
longtemps que l'idée de la grève sociale est dans l'air. Deux appels ont
été faits jusqu'à date et se sont soldés par des échecs relatifs : ceux du
1er mai et du 15 mai. Il faut dire que dans les deux cas, nos appels à la
grève social étaient dernière minutes, ne s'appuyaient sur aucun mouvement
de fond et étaient plus le fruit d'un romantisme soixante-huitard que d'une
réelle possibilité conjoncturel. Néanmoins, ils auront mis sur la table les
éléments nécessaire à un véritable appel qui pourrait bénéficier de la
conjoncture actuelle et du temps que nous procure la suspension des
sessions. Et la CLASSE peut, à mon sens, jouer un rôle crédible pour cette
fois. Premièrement, nous avons mis en jeu nos organisations en désobéissant
et en appelant à désobéir à une loi qui anéanti notre droit de grève.
Autrement dit, notre grève est illégale, mais nous allons la poursuive.
Notre appel à la désobéissance est parvenu à se légitimer dans l'espace
public. En ce sens, il est maintenant crédible que des syndiqués emboitent
le pas et fassent des débrayages illégaux en votant des grèves pour des
motifs politiques à l'extérieur du cadre de leurs conventions collectives.
Deuxièmement, nous sommes parvenus à légitimer plus que jamais la
pertinence du syndicalisme de combat et de la grève comme moyen d'action.
Il est possible à l'heure actuelle qu'un appel de la CLASSE reçoivent un
écho favorable dans la population. Et d'ailleurs, certaines sections
locales semblent effectivement commencés à réaliser cette possibilité.
Au prochain congrès, nous voteront peut-être un autre appel à la grève
social, mais il faudra faire bien plus pour que cet appel se réalise. Il
faudra déployer le même genre d'énergies et de ressources qui ont été
nécessaire pour faire déclencher la grève étudiante en février. Nous avons
un soutient populaire diffus, mais nous devons établir un plan d'action
concret, un échéancier planifié, une stratégie politique face aux syndicats
et une campagne d'information massive. Nous devons avoir une idée claire
sur comment la grève sociale peut se concrétiser. Qui pourrait la mener et
comment. Quelles sont les avantages objectifs et les répercussions
possibles sur ses participants. Et surtout, sur quelles bases, quelles
revendications une telle grève serait menée.
Bref, il ne faut pas prendre cela à la légère. Si, bien sûr, c'est une
telle avenue qui nous intéresse.
Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de nuit et de belles
manifestations de casseroles.
Solidairement,
- Alain Savard
__________________________________________Liste asse-support.
Liste de discution de l'Association pour une Solidarité Syndicale
Étudiante (ASSÉ)
support(a)listes.asse-solidarite.qc.ca
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