Bonjour !

En cette période d'Assemblées générales de grève et de déclenchement, et plus généralement d'effervescence quant à l'entrée en grève, plusieurs personnes ont émis le souhait de revoir cette proposition votée à forte majorité lors de l'AG de la AFESH-UQAM du 19 janvier dernier. Cette proposition  est également en "dormance" sous la forme d'un avis de motion déposé à la CLASSE depuis le 22 janvier dernier.

Pour que cette proposition, ou une proposition similaire, soit adoptée, débattue et "prenne vie" en quelque sorte, il est important que les gens se l'approprient. Plusieurs personnes se sont montrées intéressées d'aider à créer du matériel d'information pour stimuler les débats, et c'est encourageant quant au déroulement de notre lutte.

Voici donc à l'identique la proposition en question, avec ses longs "considérants". Modifiez-les à votre guise, si le besoin s'en fait sentir :

- Considérant la prédominance d'un discours centré sur le Québec, qui comprend trop souvent l'éducation comme un secteur isolé de la société et dans lequel l'horizon en est réduit à des réformes inspirées d'une nostalgie face au rapport Parent se référant à la fiction d'un âge d'or de l'université humaniste;

- Considérant que nous rejetons en bloc tout discours comptable comme étant au mieux borné à confondre les causes du processus de marchandisation avec les symptômes des hausses, et au pire comme participant à répandre ce processus;

- Considérant que nous dénonçons le corporatisme comme une stratégie de division des mouvements sociaux qui conduit à isoler un « intérêt étudiant » sectoriel pouvant s’opposer avec celui des travailleuses et travailleurs, des sans-statut, des itinérant-e-s, des autochtones, tout cela sans questionner l’origine et l’oppression propre à ces subdivisions, et dont les frontières nationales font également partie;

- Considérant que le corporatisme est une façon de nous bâillonner et d'amputer la base même de notre lutte en la restreignant à un soi-disant « intérêt étudiant » qui occulte la coexistence des structures d'oppression, de domination et d'exploitation s'incarnant notamment dans la cherté de la vie, le patriarcat, le travail précaire, la répression et le profilage policiers, l'obsession sécuritaire et le contrôle migratoire raciste;

- Considérant que l'économie du savoir et la marchandisation de l'éducation s'inscrivent dans le développement historique du capitalisme comme solution de rechange à la délocalisation de la production vers les pays de la périphérie au profit d'un capitalisme cognitif où la valeur ajoutée provient de l'assujettissement du travail intellectuel;

- Considérant que cette vision de l'éducation exacerbe son rôle de reproduction des inégalités au service des classes dominantes;

- Considérant que les réformes en cours dans les universités sont parties intégrantes des politiques d'austérité budgétaire imposées sur une base transnationale sous l'impulsion des instances de concertation économique (G20, FMI, OCDE) pour répondre au besoin du capital au détriment de ceux des peuples.

- Considérant qu'il s'agit d'attaquer les causes de ces réformes, dont les États-nation se font les points de relais;

- Considérant qu’il nous faut prendre acte de cette jonction avec les mouvements à travers le monde, notamment au Chili, en Colombie, en Grèce, en Angleterre, en Corée du Sud, au Bangladesh, en Slovénie, en Roumanie, au Togo, en Turquie, en Allemagne ou aux États-Unis;

- Considérant que l'étendue et l'intensité de cette riposte sociale nécessite que nous envisagions un ancrage internationaliste pour la lutte en cours;

Que les revendications de la lutte étudiante actuelle s'articulent autour d'une critique des logiques sous-tendant la présente hausse des frais de scolarité :
•    Une logique impérialiste de division internationale du travail instrumentalisant l'éducation pour perpétuer le pillage des pays opprimés de la périphérie.
•    Une attaque de l’élite qui cherche à liquider les mesures sociales conquises par des luttes populaires.
•    La nécessité du capitalisme globalisé de coloniser de nouveaux marchés (éducation, santé) dans le contexte de crise économique présent.
Qu'en ce sens, l'AFESH critique l'impérialisme sous-jacent à l'économie du savoir et comprenne la présente hausse dans une perspective globale de privatisation du commun par le recours à des mesures d'austérité.
Que l'AFESH défende cette proposition aux prochains congrès de la CLASSE.
Que l'AFESH appelle à la production de matériel d'information afin de défendre et diffuser cet axe de discours.



Cordialement,

-Frank
Étudiant en sciences sociales