Une collaboration minimale avec la police?
FECQ, FEUQ, Flics, même gamique. La collaboration avec les unes implique la
collaboration avec les autres. Un package deal connu par l'ensemble du
mouvement étudiant depuis des années. Fait nouveau par contre, l'ASSÉ est
aujourd'hui prête à mettre délibérément en danger l’intégrité de ses membres
pour la tenue d'une manifestation conjointe avec les fédérations, récupérée
d'avance par celles-ci. D'où l'adoption de cette balise lors de son dernier
congrès :
« Que la collaboration avec la police pendant la manifestation soit minimale et n'ait comme but que la protection et la sécurité des manifestantes et manifestants face à une répression possible des forces de l'ordre».
Doit-on comprendre que la collaboration avec la police protégerait les
manifestantes et manifestants contre la répression policière? Pourtant, le 31
mars dernier, lors de l' « occupation » des bureaux de la CRÉPUQ, qui n'aura duré
qu'une vingtaine de minutes, les militantes et militants s'étaient montré-es
coopératifs et avaient quitté l'immeuble avant même la lecture de l'avis
d'éviction. Plusieurs collègues ont tout de même été arrêté-es et brutalisé-es;
l'un d'eux a subi une semaine d'emprisonnement alors qu’un autre a failli
perdre un œil après avoir reçu au visage les débris d'une flash bomb
tirée en l’air pour effrayer la foule. Puis cinq militantes et militants de
l'ASSÉ ont été arrêté-es et accusé-es en plein été, tandis qu’un nombre
indéfinis parmi les autres ont été fiché-es et attendent leur tour. L’ASSÉ a
d’ailleurs dénoncé haut et fort l’escouade GAMMA sur toutes les tribunes, créée
entre autres pour surveiller ses activités.
C’est arrivé il n’y a pas trois mois. On dit souvent que le mouvement étudiant
a la mémoire courte, mais là, ça devient ridicule. A-t-on tenu compte de ces
éléments dans les débats entourant la collaboration avec la police dans les AG
des associations membres? Y a-t-il même eu débat sur la question dans au moins
une seule des neuf associations qui ont voté en faveur de cette balise?
Cela fera belle figure dans le rapport annuel du SPVM: à une intensification de
la répression, l’ASSÉ a choisit d’adoucir sa position dans ses rapports avec la
police en l’alignant sur celle des fédérations. Les cliques dirigeantes de
celles-ci ont depuis longtemps compris qu'on évite la matraque quand on réprime
et neutralise nous-mêmes le mouvement. La FECQ a d’ailleurs déjà écarté la tenue d'actions
de visibilité et de perturbations lors de la manifestation conjointe.
Mais la répression continuera. Avec les manifestations et actions à venir,
s'accumuleront les arrestations et les condamnations. Plusieurs se retourneront
vers l’ASSÉ pour compléter leur sentence en travaux communautaires. Autre fait
nouveau, sous la responsabilité de l’exécutif actuel, ils et elles devront
maintenant effectuer des tâches spécifiques pour compléter leur peine. Si
autrefois on encourageait l'implication sans la rendre conditionnelle à la
signature du formulaire validant les heures communautaires complétées,
aujourd'hui on l'exige. On cautionne ainsi les condamnations des militantes et
militants. En appliquant les sentences, l'ASSÉ collabore avec l'appareil
judiciaire ainsi que son bras armé. Pire, elle en profite. À votre avis, c’est
minimal comme collaboration?
Camille Tremblay-Fournier
Étienne Simard