À sa dernière assemblée générale, l'AFESH-UQAM a adopté une résolution en soutient à la lutte en cours en Gaspésie et pour son extension. La voici, suivie d'un texte d'appel lancé par plusieurs de ses militant.esNous souhaitons appeler à la création de comités de défense et de décolonisation des territoires partout au Québec et au-delà pour étendre la lutte et développer des pratiques combatives dans l'écologie. Nous vous invitons bien entendu à faire vôtre cette proposition et à contribuer à  participer à la suite de la lutte.

Proposition

Considérant que le camp de la rivière sur la route menant aux projets de Junex en Gaspésie se maintient et demeure un point de rencontre important dans la lutte décoloniale et écologiste;

Considérant que la conjonction entre les luttes décoloniale et écologiste qui s'opère au camp de la rivière ouvre des perspectives de luttes victorieuses et de développement de liens solides entre allochtones et autochtones visant la défense des territoires partout où ils sont menacés;

Considérant que la lutte du camp de la rivière concorde avec positions politiques et les mandats de l'AFESH;

Que  l'AFESH affirme son appui à tous ceux et celles en lutte contre l'économie extractiviste;
Que l'AFESH se solidarise avec  la lutte en cours au camp de la rivière;
Que l'AFESH se solidarise avec tous les combats menées par les autochtones contre les institutions coloniales et pour la légitimation des formes de souveraineté traditionnelle;
Que l'AFESH encourage le développement d'alliances entre écologistes et militants décoloniaux allochtones et autochtones.

Appel à la défense et la décolonisation des territoires

Une brèche a été ouverte par une bande d’anonymes maintenant notoire. Leur mouvement autonome de réoccupation du territoire, a révélé l’intimité des perspectives écologistes et décoloniales. En bloquant le projet pétrolier de Junex et en affirmant la légitimité des souverainetés traditionnelles Mi'kmaqs sur le territoire, leur action a donné lieu à des nouvelles possibilités de luttes victorieuses. Après le démantèlement des premières barricades, cet appel à l’organisation s’inscrit dans la continuité de leur audace. 

À partir du démantelement, le Camp de la rivière devint un ancrage central de la lutte contre les hydrocarbures et la fracturation en Gaspésie. En plus d’être le lieu d’une quotidienneté emplie de sens, le camp multiplia les efforts visant à bâtir une force qui saurait s’opposer à l’économie de la mort, au travail concerté d’un État extractiviste et des entreprises pétrolières qu’il finance. En ralliant des habitant.es de partout, de la Gaspésie, du reste du Québec et des Maritimes,  il a prouvé que ses potentiels de rencontres et d’alliances sont d’une grande puissance. 
 
Dans leur déclaration au banquet Junexit, deux chef.fes traditionnel.les Mi’kmaq écrivent qu'« après le démantèlement de la barricade, la lutte ne fait que commencer, et des coalitions se forment entre les Chefs des Districts Mi’kmaq, ainsi que les protecteurs de l’eau et de la terre allochtones. Nous appelons tous les groupes et individus qui se sentent concernés par la protection de l’eau et de la terre sur le territoire de Gespegawagi à faire entendre leur appui, à agir et à rejoindre la lutte sur place. »

L'appel à la semaine d'actions a été un succès dans plusieurs régions, multipliant déploiements de bannières et organisant occupations,
manifestations et blocage de trains. La cause, reprise par des écologistes autant que par des militant.es décoloniaux sur le territoire s'est posée comme symbole de la défense du territoire, de la nécessité de protéger les régions et les milieux de vie auxquels nous appartenons. « Tout à perdre, rien à gagner » : plus qu'une opposition aux projets extractivistes, nous voulons exprimer notre attachement au territoire et la menace qu'est le pétrole pour ce à quoi nous tenons. 

Pour penser la suite de la lutte et son extension, pour voir comment nous pouvons contribuer à multiplier les conflits, nous proposons aux ami.es, aux camarades, aux allié.es, aux complices, de se regrouper localement dans des formes favorisant à la fois l'autonomie et l'élargissement de la lutte.

Nous proposons une forme, celle des comités ouverts pouvant accueillir des individus, des membres d'autres groupes et se multiplier selon les nécessités. C'est à travers ceux-ci que nous pourrons adresser les questions brûlantes que la lutte soulève. Il nous faudra penser ensemble pour agir ensemble, mais c'est aussi dans la pratique que ces questions pourront trouver leurs réponses.