Bonjour !

Deux vidéos ont été faits :

Le premier montre ce qui s'est passé ici à Montréal, et a été produit par des camarades comlombien-ne-s à l'intention des gens qui luttent plus au Sud (espagnol et français) :


Le deuxième, d'une demie-heure, est un court document sur ce qui s'est passé en Colombie, principalement, le 24 novembre dernier, mais également dans d'autres pays d'Amérique latine. Si vous connaissez des gens qui pourraient le traduire et mettre des sous-titres, faites-moi signe !

Pour mieux comprendre, voici un texte d'explication ainsi que la traduction d'un des derniers communiqués de la MANE (Mesa Amplia Nacional Estudiantil, pour Table de la coalition nationale étudiante).

La situation de l’éducation post-secondaire au niveau de l’Amérique latine, plus spécifiquement au Chili et en Colombie, est sensiblement la même que la nôtre; les étudiantes et les étudiants luttent présentement pour une éducation gratuite, accessible et de qualité et contre des réformes appelant à la privatisation des universités et à une économie du savoir. En Colombie, après cinq semaines de grève générale, le mouvement étudiant, avec l’appui massif de la population, a eu gain de cause en réussissant à faire plier le gouvernement et participera ainsi à l’élaboration d’une réforme à l’image de leurs besoins. Il faut rappeler que les mouvements sociaux là-bas réussissent à survivre dans un contexte excessivement répressif de guerre civile. Nous nous trouvons face à une nécessité d’ouvrir le dialogue avec ces mouvements afin d’enrichir notre lutte locale, pour apprendre de leurs victoires et pour partager avec eux. L’éducation est un thème qui, nous le voyons de mieux en mieux, s’inscrit dans un contexte mondial et c’est à cette hauteur que nous devons nous situer pour défendre notre droit fondamental à l’éducation. 

________________________________________________


Dernier communiqué de la Table de la coalition nationale étudiante, Colombie.

BOGOTA DC, le 16 novembre 2011


NOTRE PAROLE TENACE

Aux étudiant-e-s

À la communauté universitaire

Au gouvernement

Au peuple colombien

Aux médias de communication


Aujourd’hui la mobilisation ardue des étudiant-e-s accompagné du peuple colombien a commencé à donner fruit, l’ouverture du débat national sur le thème de l’éducation comme droit commence à se faire sentir dans les universités, les collèges, les quartiers et les villages. Ces avancées du mouvement étudiant n’a été possible que grâce à l’action conjointe de tou-te-s les étudiant-e-s ensemble, qu’ils et elles soient des universités publiques ou privées, [des instituts techniques et des écoles secondaires]. L’appui a également été très important, de la part des académicien-ne-s, des professeur-e-s, des travailleuses et travailleurs, des recteurs, des associations de parents et des différents médias régionaux et nationaux. Avec cette base immense, la nécessité d’un système éducatif en accord avec les aspirations authentiques de la société colombienne a pu devenir plus qu’un simple rêve et se rapproche d’une véritable concrétisation. 

Ainsi, la [Table de concertation nationale étudiante] (Mesa Amplia Nacional Estudiantil, ou MANE) a invité, lors de sa réunion d’urgence du 12 novembre dernier, à réaffirmer la déclaration politique de ses espaces, mettant en gage sa parole afin de démontrer la volonté politique du mouvement étudiant. Les conditions de base exigées de la part du gouvernement national ont été rencontrées pour reprendre les activités d’enseignement: ce matin le projet de loi 112 a été effectivement retiré des pourparlers de la Chambre des Représentants qui avait pour but de modifier l’enseignement supérieur. Le 15 novembre dernier la ministre de l’éducation María Fernanda Campo, par l’entremise d’une déclaration publique, s’était engagée à « former, avec les enseignant-e-s, les recteurs et les autres membres de la communauté académique, un espace de dialogue avec toutes les garanties de s’asseoir ensemble pour construire la meilleure réforme de l’éducation supérieure qui soit pour notre pays. (...) Je vous invite à ce que nous nous rencontrions cette semaine même pour commencer à définir la méthodologie et la forme de travail nécessaires à l’élaboration cette nouvelle proposition. » De la même manière, concernant les libertés et les droits démocratiques, elle a ajouté: «Le gouvernement national (...) vous offre toutes les garanties pour exercer votre droit légitime de vous mobiliser et de manifester.» Elle a conclu en lançant un appel aux organes dirigeants des universités, leur suggérant d’offrir toutes les garanties académiques pour le retour en classe: «Je lance un appel aux recteurs et aux conseils académiques et supérieurs des universités, pour qu’ils définissent de façon autonome la meilleure forme et la plus rapide d’appliquer des mécanismes permettant aux étudiants de terminer avec succès leur semestre académique.»

En accord avec la nouvelle décision nationale ci-mentionnée adoptée par la MANE d’urgence et tenant en compte les instances du mouvement étudiant telles que les Assemblées, les Tables de concertation régionales et locales et les espaces d’élaboration de programmes entre autres, nous affirmons notre engagement de COMMENCER LE PROCESSUS POUR LA SUSPENSION DE LA GRÈVE NATIONALE UNIVERSITAIRE. Nous savons que ce qui a été accompli à date est une victoire objective contre la privatisation de l’éducation et en faveur d’une éducation supérieure comptant sur une démocratie et une autonomie universitaire au niveau national (...). Il est clair que la signification de cette situation n’est pas le simple retour en classe, mais la transformation des conditions de mobilisation à l’heure de l’édification d’une Proposition alternative pour l’éducation supérieure dont les bases se trouvent dans le Programme minimal des étudiant-e-s colombien-nes et qui sera le thème central de l’effervescence et de la mobilisation pour l’année 2012. Notre démarche durant ce temps s’accompagnera d’une mobilisation dans les rues avec toute l’intensité que les conjonctures appelleront.

Nous avons pris une décision et nous commencerons à la mettre en pratique, non pas sans insister sur la responsabilité du gouvernement national devant la sévère crise financière que vivent les universités publiques du pays après une vingtaine d’années de barbaries néolibérales et qui s’est aggravée sérieusement lors de la dernière année scolaire. De plus, nos considérons que si le pouvoir exécutif a démontré une volonté de dialoguer avec les étudiant-e-s et les autres membres de la communauté universitaire il n’y a pas de raison pour qu’ils soutiennent à l’entrée ou autour des université la présence de la police ou de l’escouade anti-émeute; pour cette raison nous exigeons la démilitarisation des universités car il s’agit d’un élément de base pour assurer le plein exercice de l’autonomie universitaire. Nous lançons l’appel aux organes de direction des universités pour qu’ils avancent des solutions concertées et concrètes pour le rattrapage de la session afin de permettre la tenue complète des programmes académiques.

Nous sommes arrivés à un nouveau scénario de la lutte nationale mais nous savons qu’il reste des universités avec des dilemmes internes profonds, des luttes particulières, lesquelles la MANE soutient, incitant fortement le gouvernement national et les organes de direction respectifs afin qu’ils trouvent des solutions appropriées et effectives à leurs conflits.

Nous espérons que le gouvernement réaffirme à travers la pratique et les faits ce qui a été dit dans les médias et dans les communications officielles. Le peuple colombien et les étudiant-e-s de notre nation doivent garder en tête [...] le fait qu’aujourd’hui nous avons accompli une étape importante qui ouvre le chemin pour définir l’éducation supérieure que nous voulons et dont nous avons besoin. Nous vous invitons donc à la JOURNÉE CONTINENTALE DE LUTTE POUR LE DROIT À L’ÉDUCATION prévue pour le 24 novembre prochain lors de laquelle des étudiant-e-s du Chili, du Guatémala, de la Colombie et de toute l’Amérique latine sortiront dans les rues pour exprimer notre volonté commune de rendre réelle l’aspiration que nous avons d’atteindre une éducation au service des intérêts de la population. 

Pour la souveraineté, la démocratie et la paix les étudiant-e-s colombien-ne-s continueront à avancer.

Porte-paroles MANE Colombie



Cordialement,

-Frank
Étudiant, sociologie, philosophie, arts visuels