Bonjour à toutes et à tous,
Des professeur-e-s du collégial ont fait paraître dans Le Devoir  de ce matin le Manifeste pour un Québec éduqué, réclamant notamment la fin de l'octroi de diplômes à rabais et l'arrêt des pressions exercées sur les professeur-e-s par les administrations et le MELS pour favoriser la diplomation d'un plus grand nombre d'étudiantes et d'étudiants au détriment de critères élevés de réussite.

Ils et elles invitent par ailleurs la population à appuyer leur démarche :
http://www.ipetitions.com/petition/manifeste_pour_un_quebec_eduque/

Solidairement,
Nadia Lafrenière

Collégial - Manifeste pour un Québec éduqué

Depuis une vingtaine d'années, les collèges mettent en place un nombre incalculable de mesures pour favoriser la réussite du plus grand nombre d'étudiants: centre d'aide, cours de mise à niveau, session d'accueil et intégration. Dernière trouvaille: pour accueillir les étudiants de la réforme, nous devons maintenant développer une pédagogie universelle de la première session.

Des illuminés de la pédagogie s'évertuent à nous prouver, à nous qui avons fait nos classes, qu'en allant reconduire les étudiants à la porte de leurs cours, en leur donnant d'avance les questions d'examen, en leur donnant des points pour être venus s'asseoir devant nous, en les tenant par la main, en les mouchant, en écoutant leurs jérémiades, nous, les professeurs, permettrons aux étudiants d'avoir de meilleures chances de réussite. Nous demandons aujourd'hui à ces «pédadingos» et aux patrons qui les engagent pour nous abreuver de leur illustre savoir, que vaudront ces diplômes de pacotille?

Nous, professeurs du collégial, en avons ras le bol, et nous disons:

- NON à la nouvelle religion des cégeps qui s'agenouille devant la réussite à tout prix!

- NON à des diplômes décoratifs!

- NON aux patrons qui ferment les yeux sur la normalisation des moyennes!

- NON à la pédagogie universelle qui dénigre l'acquisition des connaissances disciplinaires!

- NON à la quantité de diplômés au détriment de la qualité des diplômes!

- NON à la pression sur les professeurs pour gonfler le taux de réussite!

- NON à une éducation fast food!

Fiers de nos diplômes

Faut-il réellement baisser nos exigences pour favoriser l'octroi de diplômes au rabais et consacrer plus de temps à la pédagogie bidon qu'à faire comprendre et aimer notre matière? Nous croyons qu'il est bon que les étudiants soient valorisés pour les efforts qu'ils fournissent, car ce qui est acquis avec effort est plus durable que ce qui est donné tout cuit dans le bec. Nous pensons que les étudiants doivent s'investir dans leurs études, puisque c'est de là que découleront leur motivation et leur travail.

Il nous semble normal que les étudiants qui arrivent au cégep vivent une période d'adaptation et nous, comme professeurs, sommes prêts à les aider sans pour autant les infantiliser. Nous voulons former des citoyens autonomes et responsables qui façonneront la société de demain. Nous voulons que les cégeps soient fiers des diplômes qu'ils délivrent, car ils sont gage de qualité.

- OUI à l'enseignement collégial qui doit réellement être un enseignement supérieur!

- OUI aux étudiants qui sont au centre de notre travail!

- OUI aux étudiants qui bénéficient de la reconnaissance de nos compétences et de notre autonomie professionnelle!

- OUI à la confiance et à l'appui de nos dirigeants et de la population!

- OUI à une véritable pédagogie qui s'incarne dans la connaissance!

- OUI à la soif de savoir des étudiants qui demandent à être traités comme des êtres pensants!

Que ceux tentés par une éducation supérieure se joignent à nous en signant cette pétition.

***

Ce manifeste est une initiative d'un groupe de professeurs du Cégep de Saint-Hyacinthe.

Ont signé ce texte les enseignants suivants: Isabelle Duchesne, Selma Bennani, Ariane Grisé, Francis Favreau, Marie-France Belzile, Nicole Simard, Véronique Plourde et Dominique Chicoine


Le communiqué de la FNEEQ-CSN :

03.06.2011 - Diplômes à rabais dans les cégeps

Un enjeu réel pour la FNEEQ

Pour la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, qui regroupe 85 % du personnel enseignant dans les cégeps, l'article publié aujourd'hui dans Le Devoir cerne une problématique très sérieuse qui préoccupe de plus en plus les enseignantes et les enseignants du collégial. La FNEEQ, réunie en Conseil fédéral à Québec depuis trois jours, faisait justement le point sur le dossier de la réussite avec des délégué-es de partout au Québec.

Jean Trudelle, le président de la FNEEQ précise « Les membres de notre comité école et société ont sillonné le Québec, au cours d'une récente tournée afin de recueillir sur le terrain les réflexions des membres sur cette question. Il est clair que les pressions accrues vers de meilleurs taux de réussite, à la fois de la part du Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ainsi que des directions de collège, génèrent un malaise dans nos rangs ».

La réussite est une problématique qui est tout sauf simple. La FNEEQ souscrit entièrement à la volonté de donner aux étudiantes et aux étudiants de meilleures conditions pour réussir, mais refuse les solutions toutes faites et particulièrement celles qui font reposer sur les épaules des profs les effets d'un système sur lequel ils ont peu de prise. « Il manque de profs dans le réseau collégial, on coupe les budgets de fonctionnement, on abaisse les standards à l'entrée et on nous demande de faire réussir davantage d'étudiantes et d'étudiants ! Dans ce contexte, nous souscrivons à la démarche entreprise par un groupe de professeurs de Saint-Hyacinthe » indique Jean Trudelle.

« Plusieurs directions de collège refusent d'admettre les effets pervers d'une approche comptable de la réussite », ajoute Micheline Thibodeau, vice-présidente de la FNEEQ, et elle-même enseignante au cégep de Saint-Hyacinthe. « Or, dans ce contexte, d'une certaine manière, c'est la valeur des diplômes qui est en jeu », conclut-elle.