Camarades,

Le présent texte de réflexion a comme objectif de faire connaître aux membres de l’ASSÉ diverses pensées et préoccupations vis-à-vis du sommet sur l’éducation. Il est également un préambule à la proposition que l’exécutif souhaite  amener au congrès du 2 et 3 février qui est reproduite à la fin du texte. Les mandats que nous ont donné les associations étudiantes au dernier congrès permettent au conseil exécutif de quitter à tous moments le processus de consultation qu’est le sommet si certaines conditions ne sont pas respectées. Toutefois, la décision de participer aux conclusions du sommet sera prise par le congrès le 2 et 3 février.


De la méfiance envers le sommet à sa critique


La position de participation au sommet prise au dernier congrès de l’ASSÉ englobait autant les quatres rencontres préparatoires que le sommet à proprement parlé se déroulant à la mi-février. Cette participation méfiante et critique fut le résultat de débats houleux. À la suite de cette décision, plusieurs militant-e-s y ont vu la fin de la combativité de notre organisation car cette dernière venait légitimer le processus de concertation traditionnellement réservé aux fédérations étudiantes. Cette décision prise par les associations étudiantes membres démontre qu’une majorité d’étudiantes et d’étudiants ont confiance dans le processus de consultation que met de l’avant le Parti Québécois. Le constat que nous pouvons en faire, est qu’une organisation ne peut pas se reposer passivement sur des principes de base ou des traditions militantes. Ce travail de persuasion et de confrontation d’idées est toujours à faire. Bien qu’une position de participation fut adoptée, il est nécessaire de se requestionner en raison des nouvelles informations obtenues à la suite de la première rencontre préparatoire et de l’évolution de la conjoncture.


La première rencontre préparatoire: vers un consensus imposé


Nombreuses sont les critiques qui ont déjà été émises par rapport aux rencontres préparatoires du sommet sur l’éducation. Plutôt qu’un appel de mémoire et des débats politiques de fond, le Parti Québécois (PQ) a préféré des Powerpoints de 13 minutes et des rencontres compressées en une journée et demie. Difficile dans ces conditions de pouvoir réaliser un réel processus de réflexion sur l’enseignement supérieur et de surcroît, un processus démocratique de réflexion. En effet, dans son ensemble, le sommet sur l’éducation nie notre fonctionnement de démocratie directe en ne nous permettant pas de consulter les associations étudiantes et en enchaînant les rencontres préparatoires les unes après les autres sans laisser le temps de prendre du recul. Il impose également aux participant-e-s des thématiques de réflexions et des présentations d’experts. Ces experts, tous des hommes, lors de la première rencontre préparatoire, sont également une démonstration criante du manque de perspective féministe du-dit sommet autant dans ses thématiques de discussion que dans la composition du sommet lui-même.


Plus largement, comme affirmé dans le rapport sur la rencontre préparatoire (vous pouvez le retrouver joint à ce courriel), une volonté d’établir un consensus est mise de l’avant par le PQ. Selon nous, le consensus est la négation du débat politique causé par la confrontation d’idées et d’intérêts opposés. Par ailleurs, lors de ces rencontres préparatoires et du sommet, sont présents les gens de l’élite économique, et ce malgré notre opposition. Or, vouloir établir un consensus entre l’ASSÉ et ces élites, c’est ignorer les intérêts irréconcilables qui opposent l’ASSÉ et les adeptes du néolibéralisme, ces derniers cherchant à arrimer l’éducation à l’économie de marché quand de notre côté nous revendiquons une éducation libre et autonome. Une question surgit alors de ces constats: à qui ce faux-consensus sera imposé?  


La conjoncture nous laisse déjà entrevoir une réponse à cette question. De fait, le ministère de l’éducation supérieur a prévu des coupures de 124 millions dans le réseau universitaire et de 21 millions dans les Cégeps et ce, avant même la fin du fameux sommet sur l’éducation, avant même qu’on ait eu le temps de parler de financement. Cette décision en laisse présager d’autres qui seront sans grande surprise présentées comme des consensus issus du sommet. D’ailleurs, il est nécessaire de souligner que le PQ, par son budget mettant de l’avant l’austérité, se fait l’apôtre du néolibéralisme au même titre que le gouvernement précédent­.


De la nécessité de construire un rapport de force

Ainsi, comme nous avons convaincu des milliers d’individus que la hausse des frais de scolarité était illégitime, il faut également démontrer que la concertation n’est pas une option combative et qu’elle mène à l’étouffement de nos revendications. L’ASSÉ a toujours été confrontée au Parti Libéral dans son existence. Avec l’élection d’un gouvernement péquiste, nous sommes confrontés à de nouvelles «façons de faire», mais surtout à ce mythe selon lequel ce parti est progressiste et poursuit les mêmes objectifs que nous. Les rencontres préparatoires auxquelles l’ASSÉ a participées démontrent clairement que les structures de ce processus sont biaisées et que les conclusions sont alignées sur les positions politiques du gouvernement.

Afin de construire un rapport de force assez grand pour convaincre le gouvernement de plier à nos demandes, nous devons mettre en oeuvre des moyens d’action combatifs qui ont déjà fait leur preuve d’efficacité par le passé. Déjà, des associations étudiantes réévaluent leur position face au sommet suite au premier bilan de notre déléguation. Le dernier congrès a peut-être statué sur la participation à un processus de consultation, mais il a aussi appelé à la tenue de journées de grève lors de ce sommet et à la tenue d’une manifestation. Que l’on soit assis-e-s ou non à ce sommet, nous devrions plutôt nous concentrer sur ces actions qui permettront d’établir un véritable rapport de force avec l’État. Plusieurs associations étudiantes se positionnent déjà pour tenir des assemblées de consultation des journées de grève en lien avec le sommet. Pourquoi ne pas envisager déjà l’escalade des moyens de pression suite aux conclusions du sommet si elles ne correspondent pas à nos revendications?


La dernière année nous a démontré que seul un rapport de force fait plier l’État. Après tout, la seule promesse de son programme qu’il ait respecté est celle faite au groupe social qui disposait d’un rapport de force : les étudiantes et étudiants à travers l’abolition des frais de scolarité. Participer à des rencontres avec le gouvernement ne permet pas la construction d’un mouvement combatif ni d’un rapport de force. Il est nécessaire que les étudiants et les étudiantes se mobilisent de nouveaux durant ce sommet pour démontrer que notre choix est déjà fait! Notre grève ne se fera pas récupérer par un faux- consensus qui nous sera imposé par le PQ.


On se revoit dans la rue durant le sommet!


Solidairement,


Le conseil exécutif de l’ASSÉ


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Proposition du conseil exécutif pour le congrès du 2 et 3 février


Considérant que les processus de concertation avec le gouvernement n'ont jamais abouti à l'atteinte de nos revendications;

Considérant que l'ASSÉ est une organisation combative et démocratique qui est fondée sur la construction d'un rapport de force;

Considérant que notre revendication d'exclusion des élites économiques n'a pas été respectée;

Considérant le peu de place faite aux femmes dans le processus entrant en opposition avec les positions féministes de l’ASSÉ;

Considérant le temps entre les rencontres qui empêche une véritable consultation au local sur les thèmes abordés

Considérant l'empressement du processus qui mène au bâclage de la recherche;

Considérant que la courte durée des interventions nous empêche d’approfondir notre réflexion;

Considérant que les objectifs fondamentaux de l’éducation publique ne sont pas abordés lors du sommet;

Considérant que la recherche du consensus à tout prix mène au nivellement par le bas;

Considérant la récupération de la grève étudiante par les partis politiques et l’élite économique

Que l’ASSÉ ne reconnaisse pas le processus de consultation du sommet sur l’éducation comme étant légitime;

Que l’ASSÉ ne participe pas aux conclusions du sommet sur l’éducation supérieure prévues à la mi-février;

Que l’ASSÉ s’organise sur ses propres bases en vue de la construction d’un rapport de force pour conserver les acquis de la grève;

Vous trouverez également ci-joint une affiche critique à l'égard du sommet. Vous en trouverez d'autres sur le lien suivant: http://www.gratuitescolaire.info/sommet

Au nom du conseil exécutif,

Solidairement,

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Jeanne Reynolds
Secrétaire aux relations internes
Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)

Site web: www.asse-solidarite.qc.ca