Camarades,

Ce matin, le recteur Breton de l'udem tenait un colloque visant à consulter les étudiant.e.s de l'udem quant à la position à avoir en vue du sommet. Voici ce que les étudiant.e.s lui ont répondu, en lisant un-e après l'autre ce texte peu après le début de cette rencontre. L'a-t-il entendu ? Nous ne savons pas puisqu'il a eu tôt fait de se réfugier dans un bureau avec des gardas.

Voilà le texte, si ça peut apporter de l'eau à la réflexion.

Myriam

NE PARTICIPONS PAS AUX MASCARADES DU POUVOIR!
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boycottons le colloque du recteur -

 

Guy Breton, du haut de sa grande tour, nous invite à venir nous exprimer et à réfléchir sur l’enseignement supérieur à l’Université de Montréal. Cette rencontre, nous dit-on, est l’occasion d’« entendre la diversité des points de vue de notre communauté ». Mots creux d'un recteur sourd aux critiques qui lui sont adressées depuis qu'il est en poste. La forme même de ce colloque va à l’encontre du dialogue: le temps alloué aux discussions est incroyablement court (la moitié d'une matinée), les intervenants et intervenantes sont tiré-e-s au sort et ce grand show se tenant à porte close, n’est malheureusement pas public.

 

Cet exercice de discussion avec la communauté universitaire ne devrait pas se faire en secret, avec la crainte manifeste de la contestation et du différend. La stratégie politique et médiatique n'en est que plus grossière: ce n’est pas une matinée de “brunch convivial” qui pourra effacer la violence dont a usée l’administration tout au long de la grève étudiante. Ce colloque est une mascarade grotesque visant à faire gagner du capital politique et symbolique à notre recteur et qui s’apparente plus au Carnaval d’hiver bien connu à l’Université de Montréal qu’à une véritable invitation au dialogue, dialogue qui, du reste, est complètement exclu de l’enceinte udemienne.

 

On se souvient de l'attitude du recteur durant la grève. Espace ouvert d'échange et de réflexion sur l'université et sur l'éducation, la grève n'a pas attendu l'autorisation de l'administration pour exister. Guy Breton n'a cependant daigné y participer que par personnes interposées: il a laissé gardes de sécurité et policiers et policières porter sa bonne parole. Discours assommant et arguments coup de poings, qui ne visaient qu'à clore la discussion. Pourquoi s'empresse-t-il aujourd'hui de prétendre à un espace d'échange auquel il a précédemment claqué la porte avec mépris? Le colloque qu'il propose ne sera qu'une répétition de cette fermeture, un simulacre d'échange emmuré vivant dans le hall d'honneur de Roger-Gaudry.

 

Et si ce colloque n’était en fait qu’une manigance pour balayer du revers de la main les maintes positions adoptées en assemblées générales par les étudiantes et étudiants de l’Université de Montréal exigeant la démission de notre recteur, Guy Breton? Nous ne nous laisserons pas berner. Cet artifice ne suffit pas à nous faire oublier tout ce que cet homme est et tout ce qu’il a fait. Plus largement, nous remettons en question le principe même de la gestion des universités. Partant du postulat qu’une université appartient à ceux et celles qui la font vivre, c’est-à-dire à ceux et celles qui y apprennent, qui y enseignent, ou qui y travaillent, les décisions qui s’y rattachent ou qui touchent les conditions de vie de ces dites personnes devraient être administrées collectivement par celles-ci. À l’université et dans nos autres milieux de vie, nous devons faire en sorte que les décisions qui nous concernent soient les nôtres et empêcher que des personnes s’approprient un pouvoir structurel et hiérarchique sur nos vies. À l’université comme ailleurs, nous n’avons pas besoin de patrons ou de patronnes, qui s’enrichissent sur notre dos, tirent profits de la clientélisation de la population étudiante et qui perçoivent l’université comme des centres commerciaux, mais plutôt d’espaces où reprendre notre voix politique, par l’exercice de la démocratie directe et de l’autogestion.

 

Si l’administration de l’Université de Montréal, avec Guy Breton à sa tête, était réellement ouverte au dialogue, s’il y avait vraiment, sur le campus, des espaces invitant au débat et à la confrontation des idées et des points de vue, nous n’aurions pas besoin de contester la tenue de ce colloque et, à plus forte raison, un tel colloque, avec la forme stérilisante qu’il prend, n’aurait jamais été organisé. Si l’administration voulait vraiment enrichir la vie et la communauté universitaires des positions plurielles de tous-tes ces membres, elle veillerait à mettre sur pied des espaces communs, ouverts à tous et toutes, exempts de contraintes et d'une quelconque hiérarchisation des statuts. Nous appelons au boycott de cette rencontre et au rejet de toute forme de structure de ce type, sclérosée dans l’institution. Nous appelons, par ailleurs, à la création d’espaces décisionnels et organisationnels, libres de toute ingérence d’intérêts privés et marchands et de toute domination quelle qu’elle soit. Dans l’optique où l’on ne saurait s’attendre à de telles initiatives de la part de gens dont le premier intérêt est de préserver leur autorité sur nous de par la nature même de leurs fonctions et dans la mesure où nous défendons l’auto-organisation et l’autogestion à tous les niveaux, il est clair qu’il n’en tient qu’à nous de mettre sur pied de tels espaces et qu’on ne saurait attendre des autres qu’ils et elles le fassent pour nous.