Bonjour à toutes et tous.


Je voulais vous faire part de ma déception en rapport avec le dernier congrès. Pour ceux et celles qui n’y étaient pas, trois avis de motion étaient censés y être traités concernant l'attribution d'un budget de genre au comité femmes, le droit d'appui du comité femmes et la non-mixité du comité femmes.


Ces avis de motion en formaient initialement un seul. Il avait été rédigé en 2009-2010 par Valérie Soly, permanente à l'ASSÉ pendant les six premières années de l'organisation et ex-militante du MDE, ainsi que par Justine Rouse-Lamarre, ex-membre du comité femmes de l'ASSÉ. Un texte d'explication a été écrit et présenté par Camille Tremblay-Fournier - à l'époque seule candidate au comité femmes - au congrès de mai 2010 où l’avis de motion a été discuté. Ce dernier a été traité en caucus non-mixte et mis en dépôt après des discussions semblables à celles du dernier congrès.


Cet hiver, j'ai approché Gabrielle Desrosiers et Vanessa L'écuyer, alors membres du comité femmes, pour leur suggérer de travailler ensemble pour que le comité ait un budget réservé. J'avais été témoin à plusieurs reprises de difficultés de la part du comité femmes à mener à bien certains projets, pourtant adoptés en congrès, pour des causes financières. Et depuis que je m'implique à l'ASSÉ je trouvais aberrant que ce comité n'ait pas d'autonomie financière vis-à-vis des autres comités et conseils. Pourtant l’analyse et les pratiques féministes font parties intégrantes de l’ASSÉ et le comité femmes devrait avoir les moyens financiers pour mener à bien ses mandats. Cela lui permettrait d’éviter des négociations parfois - souvent - ardues avec le conseil de coordination ou le conseil exécutif. L’autonomie des femmes dans une organisation passe aussi par la gestion du budget qui leur permet de réaliser leurs mandats selon une approche réellement féministe, mandats qui répondent à leurs besoins sans l’intermédiaire ou l’ingérence de la part d’un conseil (de coordination ou  exécutif) duquel le comité-femmes n’est pas redevable. La structure de l’ASSÉ a été précisément pensée de telle sorte que les projets féministes ne puissent être bloqués ou contrôlés par les élu-es nationaux ou nationales, qui, dans le tourbillon de la gestion des mandats jugés prioritaires, ont historiquement été porté-es à juger de seconde importance l’attribution de ressources à la réalisation de mandats spécifiquement coordonnés par le comité femmes provenant du congrès, tels des camps de formation féministe ou des actions féministes.


Quand nous avons commencé nos recherches, j’ai appris qu'un avis de motion semblable avait déjà été déposé et mis en dépôt. Nous avons décidé de travailler à partir de ce qui avait déjà été fait. Je pensais que c'était le meilleur moment pour traiter d'un avis de motion, à l'aube de la grève générale. Cela aurait permis au comité femmes (à ses futures membres) de monter des projets féministes librement durant la grève, en conformité avec leurs mandats. J'ai participé à la réactualisation de l'avis de motion avec beaucoup d'enthousiasme et d’attentes: militer au sein du comité femmes, réaliser les mandats féministes à l’ASSÉ/CLASSE allait être beaucoup plus facile. Le risque de conflits avec les comités et les conseils allait être diminué.


Cependant, la réception des trois avis de motion lors du dernier congrès a été pire que ce que j'aurais pu m'imaginer. Les procédures ont servi à éviter le débat plutôt qu'à lui donner cadre, à le museler plutôt qu’à le faciliter. La structure de la CLASSE, où les points femmes et avis de motion sont automatiquement placés hors du point ASSÉ de même que “l’urgence’’ de la lutte contre la hausse des frais ont également été utilisées pour empêcher la tenue du débat sur les avis de motion. J’ai été consulter le praesidium à l’avance car le comité femmes, qui avait déposé l’avis de motion au congrès précédent, avait démissionné la veille et selon les statuts et règlements de l’ASSÉ, c’est la délégation qui dépose un avis de motion qui doit le proposer. Les procédures empêchaient donc le congrès de traiter l’avis de motion. La solution trouvée fut de proposer la levée d’une partie de l’article 40 qui stipule  que «Pour être traités, les avis de motion doivent être ramenés par la délégation qui les a déposés. » Ainsi, vous l’avez bien vu, malgré ma discussion préalable avec le praesidium, ce fut extrêmement difficile d'avoir une discussion sur le sujet. La proposition de levée de l’article 40 a d'ailleurs été appuyée à la toute dernière seconde et a donc failli ne pas être discutée. En voyant cela, notre délégation a décidé d’appeler à battre notre propre proposition pour la remplacer par une présentation suivie d'un caucus non-mixte. Cependant, nous nous sommes rendues compte à la dernière minute qu’il serait touchy, si la proposition de lever une partie de l’article 40 était battue, d’y revenir par après dans le même congrès, lorsque serait venu le temps de traiter l’avis de motion. Nous avons donc décidé de revenir au micro demander au congrès de nous permettre de retirer notre proposition pour en faire une autre: une présentation de 10 minutes faite par Vanessa L'écuyer et moi-même suivie d'un caucus non-mixte sur la question. J'ai remarqué que certains membres de délégations chronométraient notre présentation, d'autres parlaient entre eux et elles et ne semblaient pas écouter. J'ai trouvé cela très irrespectueux et irresponsables. D’autant plus que ce n’est pas la première fois que je remarque ce phénomène lors de présentation à teneur féministe. Souvent, quand en congrès nous arrivons au point femmes, certaines personnes en profitent pour aller fumer, pour chuchoter, pour se lever, etc.


Durant le caucus, plusieurs arguments contre l’avis de motion mais déconstruits dans le texte d’explication de Camille Tremblay-Fournier déposé en 2010 et redéposé au dernier congrès ont été soulevés. Une meilleure préparation des délégations aurait-elle changé cette situation? Il est à noter que des membres de l’exécutif était présent en 2010 lors de la présentation de l’avis de motion et avait été en contact avec l’argumentaire. Malgré cela, les mêmes arguments déjà déconstruits à l’époque ont été remis sur la table.


Je n’ai pas été surprise de constater qu’aucune association membre de l’ASSÉ n’a cru bon reprendre la proposition de lever une partie de l’article 40 de la délégation de l’AGECVM au retour des caucus.

Par soucis de plusieurs personnes (ex employée, membre et membres de l'ASSÉ/CLASSE) ayant travaillé sur cet avis, j'invite une association à reprendre la proposition d'avis de motion afin qu'elle soit, au moins, pour une fois votée et que le résultat puisse rester dans les mémoires des instances de l'ASSÉ.


Dominique Bordeleau

collaboratrice du comité-femmes et membre du comité mob de l'AGECVM