Bonjour tout le monde,

Je suis nouveau ici alors inconnu de plusieurs. Je m'appelle Mathieu Jean, je suis membre de l'AFESH actuellement. J'ai milité au MDE dans le temps.

Je vous envoie le tract que Force Étudiante Critique a diffusé dans la manifestation de jeudi. Je met en attachement le document de la FAECUM qui est évoqué dans le tract. Vous remarquerez, aux pages 19 et 20, avec quel économiste bien connu la FAECUM justifie la pertinence de l'IPU...

Je vous envoie aussi ce lien dans lequel le président de la FECQ lance un ballon d'essai sur l'IPU:
http://fr-ca.actualites.yahoo.com/manifestation-des-milliers-d%C3%A9tudiants-contre-la-hausse-des-014900271.html

Finalement, je vous invite à lire les deux premiers commentaires à-propos de "L'Union fait la farce" fait sur notre blog http://www.forceetudiantecritique.org/


L'UNION FAIT LA FARCE !

Bienvenu-es dans le nouveau mouvement étudiant uni, celui qui rassemble toutes les tendances vers un seul et unique objectif. Dans cette ambiance de rêve, où toutes et tous se tendent la main dans l’allégresse, les voix discordantes se font rares. Il y a toute de même la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (FEUQ) qui a refusé de signer une entente avec les autres exécutifs d’associations étudiantes nationales et d’écrire un communiqué de presse commun.

Or, si la FEUQ agit ainsi, ce n’est que pour protéger sa position d’interlocuteur privilégié du gouvernement. Dans les bureaux confortables de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), ses dirigeants s’affairent déjà à orchestrer, sans le moindre mandat d’une assemblée générale, l’issue de la lutte actuelle en peaufinant des propositions de compromis qui feront reculer gravement la condition étudiante. Un document interne de la FAÉCUM, datant de décembre 2010 et signé par la totalité de l’exécutif, propose une pudique « contribution des diplômé-es universitaires » sous laquelle se cache l’impôt post-universitaire (IPU). Celui-ci, destiné à faire porter le fardeau du financement de l’éducation aux étudiantes et aux étudiants, est présenté depuis la fondation de la FEUQ comme une alternative au financement public de l’éducation postsecondaire. Pourtant, derrière cette mesure ne se cache rien d’autre qu’une hausse drastique des frais de scolarité, camouflée sous le couvert d’une importante augmentation de l’endettement qui atteint pourtant déjà des niveaux intolérables.

Que l’IPU s’applique tout au long de la vie active de l’ex-universitaire ou seulement pendant vingt ans, qu’il soit composé de trois ou six paliers, il ne permet pas d’assurer l’accessibilité à l’éducation ni un meilleurfinancement de celle-ci. Cette mesure, illustration du désengagement de l’État dans le domaine de l’éducation, aurait, au contraire, un impact négatif sur la situation des femmes, désavantagées par le fait qu’elles gagnent moins que leurs collègues masculins à diplôme égal, ainsi que sur les personnes à faible revenu qui ne peuvent tout simplement pas s’endetter davantage. Bref, l’IPU se réaliserait en conformité avec toutes ces solutions néolibérales qui consistent à faire porter sur le dos des individus le coût des mesures sociales qui profitent à la société dans son ensemble.

Quant à elle, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) joue à l’autruche et ne veut pas réaliser que la FEUQ a son propre plan concernant l’issue de la grève générale de cet hiver. Elle se targue d’être en train de construire une coalition étudiante démocratique, féministe et combative, mais ferme les yeux sur les pratiques de ses alliées. Peu à peu, ce sont les pratiques mêmes de l’ASSÉ qui deviennent le miroir de celles de la FEUQ. Accepter de s’allier avec celle-ci, c’est accepter une négociation en haut lieu dans le dos des étudiantes et étudiants membres de la fédération qui ne sont pratiquement jamais consulté-es.

Car la FEUQ garde en poche la carte de l’IPU et la ressort régulièrement, depuis l’annonce du dégel de 1990 jusqu’à celui de 2007. C’est bien là-dessus que la FAÉCUM planche, elle qui compte pour 30% des rangs de la FEUQ et qui y exerce une influence prépondérante. Il s’agit d’un secret bien gardé, et pour cause : la plupart des quelques 200 000 étudiants-es qu’on dit en grève aujourd’hui les enverraient promener si elles et ils savaient ce qui se trame derrière le discours voulant réunir d’un coup de baguette magique les pôles d’un désaccord politique fondamental. Les appels à l’unité étouffent trop souvent les critiques légitimes et cela risque d’être désastreux cet hiver puisque le gouvernement, après trente ans de tentatives infructueuses, mettra tout en oeuvre, y compris ses contacts au sein des élites syndicales du mouvement étudiant, pour enfin augmenter les frais de scolarité de plusieurs milliers de dollars.

Il fut un temps où critiquer les fédérations étudiantes, ces organisations bureaucratiques à l’image des grands syndicats québécois, était chose commune au sein du mouvement étudiant de gauche. C’est en marquant sa différence par rapport aux fédérations que celui-ci pouvait défendre au mieux les intérêts des étudiants-es. Pour éviter la récupération, une organisation combative se met en opposition non seulement avec l’État, mais également avec les organisations sur lesquels ce dernier s’appuie pour négocier notre appauvrissement tout en bloquant la force réelle que le mouvement peut avoir. Rappelons-nous la grève de 2005 où les fédérations étudiantes ont négocié à huis-clos avec le gouvernement alors qu’elles n’avaient pas l’appui de la majorité des associations en grève pour ensuite envoyer leurs leaders dans les assemblées générales afin d’appeler à mettre fin à la grève. La question est de savoir si l’ASSÉ peut mobiliser massivement les étudiants-es sur des revendications ambitieuses et aller jusqu’au bout afin d’obtenir satisfaction — c’est-à-dire réussir ce qu’elle a échoué en 2005 et camouflé sous le vocable douteux de repli stratégique — ou encore si elle est seulement capable de les faire surfer sur un mouvement qui se terminera inéluctablement par une trahison.

Ce questionnement peut choquer mais un travail critique sur l’idée d’une collaboration à tout prix entre organisations nationales demeure nécessaire. Les conflits historiques du mouvement étudiant doivent être débattus en assemblée générale et dans nos comités de mobilisations :en maîtrisant ses tenants et aboutissants, nous éviterons les erreurs du passé lorsque nous aurons à prendre d’importantes décisions sur l’orientation de la lutte. Nous ne sommes pas dupes... L’union du mouvement étudiant a un prix : celui de ne pouvoir dénoncer les décisions négociées avec les gouvernements, décisions imposées trop souvent du haut vers le bas à l’ensemble des étudiantes et étudiants. Force étudiante critique appelle à une grève générale déterminée et vigoureuse demeurant vigilante face au risque de récupération réel. Cette grève, comme toutes les autres, doit être composée d’individus qui ne se laisseront pas manipuler par les petits chefs étudiants en quête de capital politique, de gauche comme de droite.


 
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