Bonjour à toutes et à tous,

Ce courriel s’adresse à l’ensemble des membres de l'ASSÉ, de l’équipe nationale et des élu-e-s des associations étudiantes membres, à l’ensemble des militants et des militantes de l’ASSÉ. En pièce jointe, vous trouverez un message rédigé par Laurent Hotte, élu à l’externe sur l’exécutif de l’AFESH, que le Comité femmes a reçu dans sa boîte courriel dans la soirée d’hier. Le texte suivant se veut une réponse à la «demande» de l’AFESH ainsi qu’une réplique aux problèmes politiques et sexistes que ce courriel sous-tend.

Dans un premier temps, il importe de préciser que les dates du camp de formation féministe ont été votées au congrès d’octobre, il y a de cela près de 6 mois, notamment bien avant que le congrès d’avril ne décide d’entériner la manifestation organisée le 21 mars. Nous considérons que si le congrès a décidé dernièrement d’appeler à la manifestation du 21 sans revenir sur les dates du camp de formation, c’est qu’il considérait que le chevauchement des deux évènements ne constituait pas un problème, mais une multiplicité d’actions politiques. Contrairement à ce que l’AFESH semble penser, nous ne détenons pas le pouvoir de renverser une décision de congrès selon notre bon vouloir, et encore moins selon le bon vouloir de l’AFESH deux semaines avant la tenue de l’événement. De plus, le camp de formation est un événement qui attire généralement entre 100 et 200 personnes, rien qui n’entre en conflit avec l’organisation d’une manifestation d’ampleur considérable. Nous tenons également à mentionner que l’AFESH était belle et bien présente à toutes les étapes du processus décisionnel, notamment au dernier congrès lorsque la manifestation a été votée ainsi qu’au dernier conseil central lorsque l’horaire du camp de formation a été voté. Ces revendications (le déplacement du camp, la modification de l’horaire) doivent avoir lieu en instance, et certainement pas en effectuant de la pression informelle sur les membres du Comité femmes.  


Dans un deuxième temps, le Comité femmes de l’ASSÉ travaille sur l’organisation du camp de formation féministe depuis plusieurs mois, encore une fois, le début de notre travail date de bien avant l’appel de l’ASSÉ à la manifestation du 21. Nous nous sommes présentées sur le Comité femmes de l’ASSÉ parce que nous considérons que trop souvent le travail des femmes dans le milieu militant est nié, que trop souvent nous tentons de faire passer les luttes féministes en dernier plan, que nous intégrons trop souvent le féminisme dans nos discours de façon superficielle sans jamais adresser les questions de fond. Voici une question de fond : Dans quel optique l’AFESH considère que le seul camp de formation féministe annuel doit être déplacé bien que son organisation soit de plusieurs mois antérieur à l’appel à la manifestation, bien que ce camp soit organisé par et pour des femmes dans une perspective féministe et émancipatrice ? Nous refusons que certaines personnes élu-e-s (autant au local qu’au national) hiérarchisent les luttes que nous menons actuellement et tentent encore une fois de reléguer au second plan la lutte des femmes.

Quant aux attaques ad nauseam présentes dans la lettre à propos de notre compétence, notre mauvaise foi, notre aveuglement volontaire, notre déphasage, notre sabotage et le fait que nous ne méritions pas notre place sur l’équipe nationale de l’ASSÉ, voici ce que nous avons à répondre à Laurent :


Aux femmes avec qui nous avons travaillé cette année sur les campus locaux à réinstaurer une culture féministe, à tous ceux et à toutes celles avec qui nous avons tenu des ateliers sur la question féministe, à ceux et celles qui étaient présent-e-s lors de la journée du 6 décembre haute en colère. Peut-être, pouvez-vous juger de notre compétence (ou de notre incompétence). Aux élu-e-s actuel-le-s sur l’exécutif de l’AFESH qui s’attaque à nos compétences et à la pertinence de notre élection sur le comité femmes de l’ASSÉ, mais avec lesquels nous n’avons jamais travaillé, lesquels ne nous ont jamais appelé pour organiser des activités, des conférences, des ateliers féministes, lesquels n’ont pas semblé mener cette année de lutte spécifiquement féministe, vous n’avez ni la capacité, ni la légitimité d’effectuer une telle analyse. Il semble dès lors d’une absurdité que Laurent Hotte insinue que nous devrions démissionner, ou que nous devrions être destituées pour une date sur laquelle nous n’avons, pour ainsi dire, aucun contrôle.


Donc la réponse est non. Nous ne déplacerons pas le camp de formation féministe sous la pression d’une association étudiante universitaire qui joue trop souvent dans la balance. Non, nous n’annulerons pas des ateliers sur les mouvements LGBT, sur les nouvelles technologies de reproduction, sur le viol comme arme de guerre ou le féminisme lesbien pour libérer la plage horaire en vue de la manifestation. Les femmes qui donnent ces ateliers ont déjà été sollicitées, elles ont déjà accepté, et elles se taisent déjà trop souvent. Pas cette fois.


Trop souvent, les femmes (impliquées dans de diverses luttes mixtes socialistes, anarchistes, écologistes etc.) doivent materner et passer leurs revendications en dernier, après toutes les autres. Ce rôle sexuel nous pousse à s’occuper des autres, à faire preuve de care, à être là pour les autres alors que, lorsque nous nous battons pour notre émancipation en tant que femmes, nos idées et notre lutte se font tasser du revers de la main, et cette dynamique est inacceptable. Nous ne pouvons céder, car pour chaque petit instant de sensibilisation gagné, on se fait dire que les femmes sont allées trop loin.

Ceux et celles qui veulent assister aux ateliers qui se donneront en même temps que la manifestation le feront, ceux et celles qui préféreront aller à la manifestation y iront. La lutte contre l’austérité doit être menée, et nous considérons que les deux initiatives qui auront lieu le 21 mars sont nécessaires et pertinentes, mais la lutte contre l’austérité c’est aussi une lutte féministe, ne l’oublions pas. À Laurent Hotte, à l’exécutif de l’AFESH et aux autres, la lutte féministe ne doit pas être «déplacée», ne doit pas « s’adapter», elle doit être menée à bout de bras, maintenant et toujours.


Vous pouvez constatez selon le ton du précédent message que nous sommes en colère, mais notre colère est légitime et nous la revendiquons. 


Féministes tant qu’il faudra.

Le Comité femmes de l’ASSÉ