«Au tournant des années 2000, le PQ au pouvoir
organise un sommet intitulé «Le Sommet du Québec et de la jeunesse». À
cette occasion, des certaines fédérations étudiantes sont autour de la
table en train de prendre le thé en costard cravate avec tous ces
groupes respectables qui discutent de «la place des jeunes à l'heure de
la mondialisation» [sic]. Pendant ce temps, des militant-e-s, qui
s'organisent autour du MDE, alors en
déclin, respirent les gazs lacrymogènes et subissent les coups de
matraques de la SQ. Plusieur-e-s ne se font pas d'illusion sur le
soi-disant consensus social préparé par ces politicien-ne-s, leurs
apprenti-e-s et les différents bureaucrates, souvent issues du milieu
des affaires, qui parle au nom de ce qu'ils appellent honteusement la
«société civile». Peu de temps après, ce mouvement qui a préféré la rue
aux sommets fait sur mesure pour que les conclusions reflètent les
intérêts du pouvoir socio-économique en place, mène une lutte contre la
taxe à l'échec. Accessoirement, cette lutte sera récupérée par la FECQ
et la FEUQ. Cette manière de s'organiser hors de ce type de sommet bidon
et les expériences acquises dans ces luttes serviront de fer de lance à
la création au début de l'année 2001, d'une nouvelle organisation
étudiante en rupture avec les stratégie affairistes et concertationistes
de la FECQ-FEUQ. Cette organisation portera finalement le nom de
l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante. Une chose est
claire dans ses bases de fondation: la stratégie d'intégration aux
appareils étatiques et de concertation avec le pouvoir que pratique la
FECQ et la FEUQ est une voie qui trahi notre potentiel politique. Douze
ans plus tard, le congrès de l'ASSÉ décide de participer à ce type de
sommet dont le rejet catégorique était pourtant une des bases politiques
sur laquelle cette organisation fût mise en place. Le PQ est bien
satisfait de cette réponse positive de l'ASSÉ. Le ministre Duschesne a
bien mentionné qu'il souhaitait voir l'enfant rebel autour de la table.
Quelle solidarité les militant-e-s qui seront dans la rue lors de ce
sommet devant l'appareil répressif de l'État recevront de leurs dignes
représentant-e-s à l'intérieur? À en juger par le manque de soutien de
la part de certaines têtes dirigeantes médiatiques durant la grève et
par la dénonciation d'action radicales à la demande des médias, je crois
qu'il est justifié de poser cette question avec une certaine méfiance.
C'est un changement d'époque qui est significatif à mon avis. Est-ce le
moment de faire envers l'ASSÉ un mouvement par la gauche semblable à ce
qui fût fait envers la FECQ-FEUQ au tournant des années 2000? C'est une
question politique qu'il faudra poser tôt ou tard. Nothing last
forever!...Trop de militant-e-s dans la gauche font un fétiche de
l'organisation. Le danger en est que le principal ennemi politique d'une
organisation est bien souvent elle-même. La tendance à la séparation et
à la bureaucratisation guette en permanence toute organisation ou
groupe, même ceux aux objectifs les plus vertueux. Le risque de voir une
organisation devenir auto-référentielle, c'est à dire la voir se
reproduire elle-même avant tout au dépend de son objectif politique est
un risque permanent qu'on oublie trop souvent de rappeler.
Pouvant nous aussi quelques fois rappeler que cette organisation qui se
targue sans cesse d'être le summum vertueux de la démocratie directe a
vu passer au cours des dernières années un grand nombre de démissions
sur la base des raisons politiques motivées par des dynamiques de
pouvoir internes qui empêchent plusieurs personnes de prendre leur
place. Lorsque ces problèmes furent adressés publiquement, ils furent au
mieux ignoré par les têtes dirigeantes...au pire, tournés en dérision
de manière méprisante. Penser que la démocratie directe, ça se limite à
une structure formelle qui se défini comme tel en faisant fi des
rapports de pouvoirs informels dans sa mise en pratique, on peut tu
laisser ça aux penseurs d'esprit libéral?
Voilà, c'est ma réaction à chaud à cette nouvelle qui me fâche beaucoup!
PS: J'écris ce statut avec humilité. Je n'ai pas vécu les événements
ci-haut mentionnées du début des années 2000. Peut-être que certains de
mes contacts FB plus au fait que moi peuvent compléter ou corriger
certaines informations mentionnées. Je l'ai écrit car je trouvais ce
rappel historique important dans le contexte actuel».