Voici une réflexion expliquant la démarche de la délégation de l’AFESH au dernier congrès de la CLASSE face au comité femmes.


L’ASSÉ en tant qu’organisation féministe

Pour nous, si l’ASSÉ se dit féministe, c’est dans l’ensemble de ces structures. Nous invitons entre autres toutes les délégations à avoir plus d’une femme au sein de leur délégation et à inviter ces dernières à prendre la parole dans les différentes instances. Nous pensons que tous les points doivent être sujet à traiter de la question féministe, pas simplement le point Femmes. En se sens, nous cherchons à nous réapproprier les structures mises en place et à proposer des positions politiques ayant une vision féministe dans des points comme Revendications ou Plan d’action.  Nous cherchons à demander au comité information, par exemple, de produire du matériel d’information féministe parce que nous croyons que cela entre parfaitement dans les mandats de ce comité et que le travail féministe ne se limite pas au comité femmes. Il en est de même avec la création du comité médias auquel nous avons demandé d’intégrer un discours féministe à l’espace médiatique. Nous pensons que le féminisme doit se vivre dans toutes les sphères de l’organisation et pas simplement au niveau du comité femmes. Nous dénonçons  que tout ce qui concerne la question femme soit relégué au comité femme car c’est avec de telles habitudes que le comité femme devient débordé et ne peut plus réaliser les mandats qui lui reviennent réellement.


Le rôle du comité femmes

« Pouvons-nous avoir un moment de recueillement et de répit où nous pouvons être solidaires ? »

Cette phrase est tirée directement du site internet de l’ASSÉ, dans la section femmes, à propos de la nécessité de la non-mixité. Cela explique bien un des rôles premiers du comité femmes qui est d’être un endroit non-mixte au sein d’une organisation mixte, de permettre aux femmes de se retrouver afin de pouvoir travailler ensemble et de trouver des solutions face aux différents problèmes qui peuvent survenir en mixité. Le comité femmes existe notamment pour assurer un rôle de soutien pour les femmes qui militent au sein de l’ASSÉ. Il sert également à promouvoir la question du féminisme et à faire respecter ses principes. C’est une des raisons par laquelle il est important, à notre sens, que le comité femme ait un droit de proposition.


La redevabilité du comité femmes

Le comité femmes est là pour et par les militantes de l’ASSÉ. Comme il travaille directement avec les militantes, il est normal que ces dernières puissent intervenir quant aux différents besoins ressentis en congrès. En effet, le comité femmes de l’ASSÉ n’est pas un groupe affinitaire et c’est au congrès que ce dernier est redevable. Comme c’est un comité permanent, et donc créé par le congrès, le comité femmes n’est pas redevable au conseil de coordination. Il y participe tout de même, assurant un suivi avec les autres comités, mais n’ayant pas à présenter de plan d’action détaillé. Pourtant, les autres comités permanents de l’ASSÉ présentent un tel plan de travail.  Il est donc du devoir du congrès de poser des questions s’il y a des incertitudes quant à la réalisation de certains mandats, émanant entre autres de précédents congrès ou caucus non-mixtes.

Les besoins des femmes dans les associations locales
Cette année, l’ASSÉ se dirige vers une grève générale illimitée. Plusieurs associations membres de l’ASSÉ, et maintenant de la CLASSE, ressentent des besoins de formation au niveau du féminisme. Effectivement, plusieurs nouveaux militants et nouvelles militantes commencent leur implication avec une faible connaissance du féminisme. Il y a donc eu des demandes de la part de plusieurs associations étudiantes afin d’obtenir des formations. Il a également été discuté dans plusieurs caucus non-mixtes de la pertinence de produire du matériel et des formations sur la réalité des femmes en temps de grève. Par exemple, travailler à des solutions permettant d’éliminer les rapports de domination, tant en assemblée générale que sur des exécutifs et comités de mobilisation.


Les mandats de congrès

En regardant les procès-verbaux depuis le congrès annuel des 23 et 24 avril dernier, on remarque que le comité femmes a principalement eu des mandats conjoints. Encore dans la même lignée expliquée plus haut, le comité femmes n’a pas à se saisir de tout ce qui concerne le féminisme à l’ASSÉ. La participation des autres comités est selon nous une bonne chose et permet de libérer du temps au comité femmes afin de travailler sur d’autres dossiers. Pour faire un survol rapide, les comités femmes et information ont eu deux mandats conjoints : la production de matériel d’information féministe et l’élaboration du contenu pour la revue ultimatum. Il y a également eu un mandat conjoint avec le comité aux luttes sociales auprès des divers groupes étudiants potentiellement invisibilisés dans une lutte étudiante contre la hausse des frais de scolarité afin de leur apporter appui et soutien. Par les différents bilans qui en sont ressortis, nous en comprenons que ce n’est pas le comité femmes qui a fait la majeure partie de ces mandats, ce que nous trouvons positif dans la mesure où cela démontre une implication des comités en ce qui a trait au féminisme.

Par contre, ce que nous trouvons dommage, c’est lorsque nous regardons les mandats non effectués que le comité femmes a reçu tout au long de la dernière année. En effet, comme les mandats conjoints ont été repris pas les divers comités, nous pensions que le comité femmes aurait pu se concentrer plus activement sur les différents mandats qui lui étaient attribués. Par exemple, le contingent féministe non-mixte pour la manifestation du 10 novembre qui n’a pas été annoncé par des tracts ou affiches qui auraient pu être distribué sur les campus, ce qui explique entre autre un échec à la manifestation du 10 novembre. Ensuite, par rapport à l’action qui devait être organisée en non-mixité à la fin de la session dernière, qui malgré une tentative de réunion n’a pas vu le jour. Dans les tâches où nous pouvons voir une réalisation, il y a la rencontre féministe élargie mixte du mois d’octobre. Mais encore une fois, la participation du comité femmes dans l’organisation demeure minime.

À la veille de la lutte contre la hausse des frais de scolarité, le comité femmes a proposé comme campagne au congrès annuel :

Considérant la nécessité d’intégrer une perspective féministe à la lutte qui s’annonce en riposte à la hausse  des frais de scolarité,
Considérant que les luttes féministes ne doivent pas être invisibilisées ou secondarisées par la lutte contre la hausse des frais de scolarité,
Considérant la problématique d’un manque de relève dans la majorité des comités femmes locaux,
Considérant l’importance de soutenir les associations étudiantes en termes de mobilisation, de matériel d’information féministe, d’organisation d’ateliers ou de participation lors d’actions à caractère féministe,
Considérant qu’un travail majeur de mobilisation reste à faire pour créer une base solide de militantes féministes dans les associations locales,
Que l'orientation de la campagne annuelle du Comité femmes soit d'inclure des perspectives féministes à la lutte contre les hausses de frais de scolarité, dans un contexte de GGI, en privilégiant un soutien aux luttes féministes locales.

Cette proposition est un parfait exemple des besoins des militantes de l’ASSÉ pour la session qui s’amorce. Nous trouvons dommage que ce mandat ait perdu son aspect prioritaire au cours de l’année, considérant qu’à chaque congrès, des rappels ont été faits en ce sens. Le dernier congrès a entre autres adopté deux propositions allant en ce sens et nous espérons que cela aidera réellement les femmes qui militent pour la grève qui se prépare.


La priorisation des tâches

Il est important d’avoir une priorisation des tâches et nous trouvons que cette priorisation n’a pas nécessairement été optimale depuis le début de l’année. Par exemple, pourquoi travailler à des avis de motion alors qu’une partie importante des militantes de la CLASSE ressentent un besoin de formation au local face à la question féministe ? Pourquoi apporter de nouvelles propositions nécessitant de grandes implications alors que le comité femmes dit déjà manquer de temps pour tout faire ? Ce sont quelques questionnements que nous avons et que nous partageons avec le congrès parce que nous pensons que le comité femmes s’est éloigné de sa campagne annuelle et que cela est dommage considérant les besoins actuels au local. Nous croyons fortement aux principes féministes qui sont défendus par le comité femmes et l’ASSÉ et nous espérons que les associations qui en ressentent le besoin pourront avoir de la formation et du soutien. Nous espérons que ces formations permettront de diminuer les oublis face à la féminisation qui sont de plus en plus fréquents en congrès. Nous espérons que les associations membres de la CLASSE se réapproprieront le discours féministe et y amèneront des propositions. De plus, il est important que les membres des associations étudiantes locales comprennent que certaines associations membres de la CLASSE on fait des demandes de formation il y a près de deux mois et n’ont reçu aucune réponse, même pas un accusé de réception. Nous trouvons la situation fort problématique et cherchons donc des solutions afin que les mandats du comité femmes soient réalisés en suivant un plan de priorisation du travail.

En espérant que cela répond aux questions soulevées quant à la proposition de l’AFESH au dernier congrès et que cela permettra une réflexion chez les militants et militantes de la CLASSE.