Salut les militant-e-s,

    J'avais beaucoup d'énergie quand je me suis présentée sur le comité femmes de l'ASSÉ en mai 2010. J'avais pas beaucoup de temps, mais de la motivation en masse. Je savais trois choses : Je suis féministe. Les militantes féministes de l'ASSÉ organisent une tournée d'ateliers de formation sur les campus. Un membre du conseil exécutif de l'ASSÉ leur a fait savoir que vu que l'ASSÉ a pas trop d'argent, il faudrait bien qu'elles voient à diminuer leurs dépenses de transport. QUOI? Le comité femmes de l'ASSÉ n'a pas de budget autonome? Il fallait que je m'implique! Le projet de remettre de l’avant l’avis de motion produit en hiver 2010 a toujours été remis à plus tard dans mon implication au comité femmes, il y avait trop à faire. C'est seulement quand Dominique Bordeleau m'a proposé de nous aider à l'écrire avant Noël que le projet de cet avis de motion a repris forme. Pour l’instant, c’est la seule solution concrète que je vois à la position intenable qu’a le comité-femmes à l’ASSÉ: minimiser ses négociations avec les autres élu-e-s de l’ASSÉ au niveau de la réalisation des mandats et de l’accès aux ressources. Préserver l'autonomie du féminisme à l'ASSÉ.

    Ce que je veux dire c'est que je ne partirais pas de l'ASSÉ et de la CLASSE qu’elle devient, si je n'avais pas des bonnes raisons, des raisons politiques. Je voudrais tellement que la grève soit un peu féministe et quand je me suis présentée de nouveau sur le comité femmes au dernier congrès annuel, c'est que je croyais que c'était le meilleur endroit pour aider à ça, du mieux que je pouvais, avec l'énergie et les valeurs que j'aie. Je pense peut-être maintenant que ce n'était pas la meilleure place où mettre du temps et de la passion, finalement. Je me suis trompée. J'espère que vous comprendrez un peu pourquoi.

Je veux aussi dire que je ne suis pas sûre que ce qu'on pense, ce qu'on met en texte, ce qu'on dénonce peut être facilement entendu. Depuis que je m'implique sur le comité femmes, nos analyses et nos critiques n'ont pas vraiment été comprises ou mêmes lues par les gens auxquelles elles s’adressaient. Je ne suis même pas sûre qu'il y ait une place pour ça. Dans notre bilan critique, nous avons voulu essayer une dernière fois de parler du féminisme à l'ASSÉ et du comité femmes de l'ASSÉ, de ce que nous y avons vécu. Il y a des gens qui ont plus de liberté financière, plus d'influence, plus de moyens de diffusion de leurs idées, plus d’ami-es, qui parlent plus, plus fort et qui voient les événements autrement. Je ne crois pas que personne ne sache l'histoire de A à Z. Gabrielle et moi avons voulu faire un effort, avec les anciennes membresses du comité-femmes, Audrey, Camille, Fanny et une collaboratrice, Dominique, pour en écrire un petit bout qui ait du sens pour nous avant de démissionner.

Toujours en action, toujours en réaction, sur milles fronts... toujours épuisées, si peu de résultats. On ne peut pas mettre un chiffre sur ce qu’on fait. Faire une liste? Est-ce que ça permet de comprendre ce qui s'est passé et pourquoi on agissait comme ça? Peut-être. Mais il faudrait plus, c'est sûr! Ce que j’ai remarqué dernièrement à l’ASSÉ et à la CLASSE qu’elle devient, c’est que je passais beaucoup de temps en réunion à expliquer ce que nous pensions, les réflexions qu'on avait et qui faisaient qu’on faisaient le travail et les mandats comme ci au lieu de comme ça. Et puis comment qu’on avait des nouvelles idées pour que le mouvement soit plus inclusif. Il n’y avait pas beaucoup d’ouverture et pas beaucoup d’écoute en face de nous. Le monde à qui on parlait, ils et elles savaient ben mieux que nous ce qu’il fallait faire pis ce dont le monde pouvait bien avoir de besoin en termes de féminismes. Et nous, ben on se disait ben tsé est-ce qu'on sait vraiment mieux qu'elles et eux?
Ils et elles suivent leur plan et mettent sur pied des structures pour «diriger le mouvement de grève» comme il dit le porte-parole dans le 24h.
Je pense pas que ça va rester de même bien longtemps. Je pense qu’on va être une gang de militant-e-s à avoir ben de l’énergie durant la grève et ben des idées. Ça ne fitera plus dans leurs plans. Et ça c'est ce que j’espère!

On se revoit dans la rue!
On se revoit sur les lignes de piquetage!
On se reverra ben, parce que je lâche pas: je fais juste m’en aller de là!

Vanessa