BLOQUONS LE PLAN NORD!
Appel de solidarité au mouvement étudiant
par le Collectif de solidarité anti-coloniale



Rappel des faits :
Le Plan Nord est un projet colonial : il permet l'intensification du colonialisme dans le nord et deviendra un fait saillant de l'histoire coloniale du Québec envers les Premières Nations et les Inuit.
Pour vendre son Plan Nord, Jean Charest présente un discours décrivant des territoires vierges encore à développer, de nouvelles frontières à repousser, un espace quasi-mystérieux à explorer et à découvrir. L'image véhiculée cherche  à nous inspirer une vision rappelant celle des colons et l'esprit de construction de la nation. Le discours du Plan Nord est véritablement un regard du « Sud » vers le « Nord ».

Pour vendre son Plan Nord, Jean Charest a mis de côté et ignoré l'histoire du « Nord », ce qui en soit révèle un esprit s'ancrant dans un héritage colonial et qui reproduit les relations coloniales. En effet:

1- LE PLAN NORD IMPOSE une vision unique du développement sur un large territoire avec la conviction que cela est pour le bénéfice ultime des « aidés », alors qu'en réalité, c'est un projet néolibéral aux frontières arbitraires qui fournit des infrastructures répondant aux besoins des grandes compagnies, principalement les minières.

2- LE PLAN NORD PROFITE de l'illusion que les autochtones sont tous-toutes semblables et de l'ignorance quant aux différentes dynamiques politiques entre l'État et les différentes nations et communautés autochtones. En effet, alors que le projet parle de partenariat avec les autochtones, on ignore que des communautés Algonquines et Attikameks ont été complètement exclues du Plan Nord, alors qu'une partie de leurs territoires s'étend au-delà du 49e parallèle. On ignore aussi qu'à ce jour, le territoire Innu, le Nitassinan, est un territoire non-cédé. Pour le gouvernement du Québec, le Plan Nord est une stratégie pratique pour intensifier l'exploitation au Nitassinan puisqu'il permet d'outrepasser ses obligations envers les Innu.e.s face à leurs revendications territoriales et la reconnaissance de leurs droits ancestraux, le cœur de la lutte des Innu.e.s des 40 dernières années. Le Plan Nord participe à une guerre qui se poursuit depuis des centaines d'années.
Une expression cette guerre est la lutte menée actuellement à Uashat mak Mani-Utenam contre Hydro-Québec qui, aujourd'hui, poursuit la construction illégale de ses lignes à haute-tension sur leur territoire, lignes destinées à transporter l'électricité produite par le controversé projet de la Romaine. À deux reprises, la communauté s'est opposée par référendum à ce projet : ces décisions collectives ne furent pas reconnues. Au début du mois de mars, ils firent pression via un blocage économique de la route 138. La réponse du gouvernement fut la répression policière. Il fut clair que dans ce projet, le processus de consultation ne fut qu'un instrument pratique pour le gouvernement pour faire taire les critiques ; dans la mesure où les réponses des communautés autochtones gênent l'agenda du gouvernement ou d'Hydro-Québec, elles peuvent être ignorées et invalidées.

3- Finalement, LE PLAN NORD UTILISE le-la colonisé.e pour le profit de la société dominante. Un des mécanismes du colonialisme dans le capitalisme moderne est celui des redevances. Les redevances permettent de payer une partie de la population pour faciliter l'oppression des autres. Premièrement, le système des redevances est un moyen pratique de drainer la richesse vers les centres de pouvoir, ces derniers étant les villes, les corps corporatifs ou encore...les universités. En revendiquant davantage de redevances aux compagnies minières pour financer les universités, les étudiantEs choisiraient la forme particulière de leurs implications dans un projet colonial, et la forme souhaitée du bénéfice soutiré. Nous participons continuellement à la colonisation, mais une telle proposition en ferait activement la promotion et, de surcroît, ferait de toutes-s les étudiantEs complices et bénéficiaires du colonialisme.

Qu'il soit résolu ;
•    qu’il y a une base pour une solidarité entre les mouvements;
•    que ces mouvements résistent à ce qui constitue en des attaques à notre futur et à notre habileté à s'auto-déterminer;
•    que ces mouvements partagent des luttes communes face aux impacts causés par les mesures d'austérité, le capitalisme et la privatisation;
•    que le Plan Nord et la hausse des frais de scolarité s'inscrivent toutes deux dans un projet plus large du parti libéral du Québec visant une profonde réingénierie de l'État, promouvant un État fondamentalement néolibéral;
•    qu’une proposition étudiante revendiquant un profit sur les redevances du Plan Nord constituerait une traîtrise à l'égard d'une autre lutte.

Proposition :
•    Qu'une proposition soit adoptée contre le Plan Nord
•    Qu'une proposition soit adoptée pour déclarer que les étudiant.e.s sont en solidarité avec les personnes luttant contre le Plan Nord et les projets reliés au Plan Nord
•    Qu'une proposition soit adoptée pour s’opposer les propositions au sein du mouvement étudiant qui demande un réinvestissement des redevances dans les programmes sociaux et/ou l'éducation.
    Le collectif de solidarité anti-coloniale est solidaire avec des organisateurs et des communautés autochtones qui se battent pour leur territoire, leur liberté et leur auto-détermination dans une perspective anticoloniale et anticapitaliste. Nous avons organisé une partie de la résistance aux Jeux d’hiver de 2010 en appuyant plus particulièrement les initiatives menées par des autochtones. Nous appuyons aussi d’autres mouvements d’autodétermination, ce qui inclut un travail de solidarité directement auprès des communautés de Kanesatake, Akwesasne, Tyendinaga, Kahnawake, Six Nations, à Grassy Narrows, ainsi qu’avec les Innus du Labrador.