http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/November2010/24/c6797.html
L'économie du savoir et les universités du Québec : détournement et gaspillage
MONTRÉAL, le 24 nov. /CNW Telbec/ - Alors que la ministre de
l'éducation s'apprête à rencontrer les différents « partenaires » du
milieu universitaire pour discuter du financement des institutions de
haut savoir, une recherche présentée aujourd'hui par l'Institut de
recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) démontre que le
modèle de l'économie du savoir n'est pas une voie d'avenir pour les
universités du Québec. En plus de contester ses bénéfices, l'étude
d'Eric Martin et de Maxime Ouellet révèle que le projet de gouvernance
universitaire mis de l'avant par le gouvernement entraîne un
détournement de la mission de l'université et une augmentation
coûteuse du nombre de gestionnaires.
« Alors qu'on prétend sans cesse que l'université doit se brancher sur
les entreprises pour être au cœur de l'économie du savoir et trouver
ainsi de nouveau moyens de se financer, nos recherches montrent que
les bénéfices pour les universités sont très modestes. Pour engranger
un total de 53 M$ de revenus annuels, l'ensemble des universités
canadiennes doivent faire des dépenses de 51 M$. Ce 2 M$ représente
des revenus d'à peine 16 000$ par université, soit moins que le
salaire annuel d'un seul chargé de cours. » souligne Maxime Ouellet,
un des auteurs de l'étude.
Les universités vont chercher ces modestes montants au prix
d'importants sacrifices. Leur mission d'avancement des connaissances
est marginalisée par la nécessité de produire de la
recherche-développement profitable, en devenant de véritables
sous-traitants de recherche pour l'entreprise privée. L'entreprise se
décharge ainsi de coûts qui amoindriraient sa valeur financière dans
l'économie boursière.
Cela conduit les universités à financer en priorité les secteurs dits
rentables : « Dans les années 70, les budgets de recherche étaient
répartis de façon relativement équitable entre les départements.
Aujourd'hui, la santé, les sciences pures et les domaines techniques
accaparent les trois quarts des fonds de recherche, alors que les
autres départements doivent se diviser le reste. Ce n'est pas étranger
au fait qu'un ensemble d'entreprises intéressées à profiter de la
recherche universitaire siègent maintenant sur leurs conseils
d'administration. » constate Eric Martin, auteur de l'étude.
L'étude montre également la place de plus en plus grande que prennent
les gestionnaires dans le personnel universitaire. « Par exemple, à
l'Université de Montréal, on voit la proportion de cadres par rapport
au reste du personnel augmenter de 5% en huit ans, tandis que celle
des professeurs diminue de 4%. On constate aussi une hausse importante
des salaires des hauts dirigeants universitaires comme les recteurs
qui peuvent recevoir jusqu'à 350 000$ par année. », observe Eric
Martin, chercheur à l'IRIS.
L'étude complète est disponible gratuitement au :
www.iris-recherche.qc.ca