Bonjour,
J’avais envoyé mon premier message sur la publicité de l’Opéra de Quat’sous
puisque je trouve qu'il illustre certaines problématiques reliées à la
conception actuelle des communications à l’ASSÉ. Pour être éducatif et
mobilisateur, le mandat du comité ad hoc médias d'«assurer un discours
médiatique féministe» ne peut pas être appliqué à n’importe quelle
actualité ayant pour sujet le sexisme ou les inégalités des sexes. La
pertinence des interventions médiatiques doit primée sur la quantité
d'apparitions dans les médias. À mon avis, ce qui ne fait pas sérieux c’est
d’accorder une entrevue sur un litige entre des partenaires d’une entente
d’affichage dont on ne maîtrise pas les paramètres et se prononcer sur une
publicité sexiste qui ne l’est pas particulièrement. Je doute que ce genre
de performance médiatique aurait aidé l’ASSÉ à se faire inviter de nouveau
par Radio-Canada pour commenter des actualités féministes, avant, pendant
et après la grève. Qui choisit réellement notre agenda féministe? Les
étudiantes ou les médias ?
Profiter d’une «brèche» à tout prix pour accéder à un espace public
médiatique est à l’opposé d’une stratégie de syndicalisme de combat. Les
mandats actuels du comité ad hoc médias n’indique pas que son rôle est de
«maximiser et optimiser notre présence médias», mais plutôt d’«élaborer la
stratégie médiatique de l'ASSÉ», qui se doit d’être en harmonie avec les
principes et mode d’actions de l'organisation.
Comme l'indique un texte fondateur de l'ASSÉ, dans une démarche de
syndicalisme de combat, la principale source de diffusion d’information sur
les enjeux de l'éducation se fait par les voies de communication
«alternatives et autonomes aux médias de masse et aux organes d’information
de l’administration», c’est-à-dire par des médias contrôlés par les
étudiant-es en lutte (journal étudiant, tract, affiche - pour plus d'info :
)4.3). Ainsi,
avant de se présenter dans les assemblées générales, les étudiant-es ne
consultent pas seulement La Presse ou LCN, mais vont à leur cours,
circulent dans leur campus, discutent avec leur collègues. C'est là un
terrain de communication souhaitable, car il permet un contrôle autonome et
total de l'information diffusée.
Selon cette stratégie, les médias de masse ne sont privilégiés que pour
faire connaître les actions de masse de l’organisation, c'est-à-dire des
actions inclusives et portées par le plus grand nombre, qui vont jusqu'où
le plus grand nombre est prêt à aller – manifestation, occupation avec
manif d'appui, sit-in, perturbation, etc. Sans ce type d'action, la
multiplication des apparitions de porte-parole dans les médias ne constitue
pas en soi une pression et n'est pas même souhaitable puisque le contenu
n'est pas imposé aux médias par le mouvement lui-même. Soumettre l'ensemble
des composantes du mouvement à une logique qui lui est extérieure, c'est
lui faire perdre du pouvoir en réduisant sa capacité d'action dans la
construction d'un rapport de force réel et pas seulement dans l'image.
C'est donc abandonner le syndicalisme de combat.
Camille Tremblay-Fournier
membre de l'AFESH
Le 31 octobre 2011 09:51, Anne-Marie Provost <exocortex(a)gmail.com> a écrit :
Salut,
en effet la question a été abordée, j'en ai parlé pendant mon bilan du
comité et pour moi c'était un point négatif, considérant que c'était
le téléjournal radio-canada de 18hre (un bon segment), que c'est cool
que l'ASSÉ se fasse approcher pour parler de question touchant le
féminisme et que c'est dans le mandat du comité média d'"Assurer un
discours médiatique féministe" (je vous réfère au résumé de mandat
du dernier congrès).
En se parlant au téléphone plus tard avec Gabrielle Desrosiers, nous
sommes les deux tombées d'accord que ce serait pertinent que le comité
femme fasse une liste ressource pour les entrevues traitant de
questions féministes. Cette décision a été avalisée par le coco, qui a
également suggéré une liste ressource pour des entrevues plus
"spécialisées" comme luttes sociales, homophobie, etc.
Je fais amplement confiance à la capacité du comité femme de juger si
une pub est pour elle sexiste et de développer une réflexion sur la
question en quelques heures (j'ai été appelé à 10h30 le matin pour le
Télé-journal de 18hre). Je pense qu'elles ont assez confiance en elles
et en leurs réflexion sur la question pour développer une réponse et
une approche tout à fait adéquate.
La campagne sale pub sexiste a visiblement marqué les esprits si le
recherchiste du téléjournal 18hre de rad-can nous appelle pour
commenter une pub. Ce qui m'amène à pourquoi j'ai soulevé cette
problématique en congrès: c'est que j'aime vraiment pas ça quand le
recherchiste du TJ de 18hre de Rad-Can se dise que l'ASSÉ est pas
capable de lui refiler un ou une intervenante pour ses topos, ça peut
nuire au fait qu'il nous rappelle (pendant la GGI c'est sur qu'on va
se faire appeler, mais mes craintes se situent plus pour avant) et ça
fait pas sérieux. Ensuite, les médias et les recherchistes des
différentes émissions se parlent et se regarde. Si on envoit
quelqu'une intervenir sur une question féministe et qu'elle fait bien
ça, les gens se parlent et se regardent, on peut être inviter
ailleurs, car les recherchistes aiment ça avoir des noms en banque et
des bon-nes intervenant-es sur des sujets spécifiques. Surtout sur les
questions féministes, sur lesquelles on intervient jamais
médiatiquement en temps que groupe étudiant féministe. Bref il y a
avait une belle brèche qu'on a perdu.
Je suis sur ce comité pour qu'on maximise et optimise notre présence
médias, et c'est ce que je vais continuer à faire, et je pense
fermement qu'on a manqué une occasion pour les raisons que j'ai
énumérées plus hauts. Ceci dit merci pour ton feed back et merci de
l'info sur les actions à venir.
Au revoir,
Anne-Marie Provost
Le 31 octobre 2011 02:44, Camille Tremblay-Fournier
<tf.camille(a)gmail.com> a écrit :
>
> Bonjour,
> Je n'avais pas fait de retour jusqu'ici publiquement, mais j'en profite
> puisqu'il semble avoir été abordé au congrès la question de l'entrevue
sur
> la pub sexiste de l'Opéra de
Quat'sous qui a été proposée à l'ASSÉ par
> Radio-Canada. À la suite de plusieurs refus de la part de "porte-parole"
> potentielles, Gabriel N.-D, qui m'avait approché pour le faire, m'a dit
> qu'il estimait qu'on avait perdu une bonne occasion de passer le
discours de
> l'ASSÉ dans l'espace public.
Semblerait-il que ç'a été répété en fin de
> semaine par des élu-es. Je lui avais signifié alors que je suis en
désaccord
> avec cette approche, car je crois fermement
qu'une présence dans les
médias
> sans organisation à la base ne vaut vraiment
pas grand chose, surtout
pitché
> comme ce fût le cas pour cette entrevue. Nous
ne sommes présentement
pas en
> campagne structurée et massive contre les
publicités sexistes et à ce
que
> j'en sais il n'y a pas beaucoup de
filles non plus actuellement qui
> s'organisent de manière autonome sur cette problématique dans leurs
campus.
>
> Je n'ai vu aucune urgence à traiter de cette publicité, ni occasion en
or,
> contrairement à ce qui était évoqué. Qui se
serait rappelé de la
présence de
> l'ASSÉ dans le débat autour de la censure
de cette pub après 1 semaine?
Et
> surtout, la publicité était très ambiguë.
Malgré mes connaissances sur
la
> question, je n'aurais pas pu argumenter
solidement sur le pourquoi elle
a
> été considérée plus sexiste qu'une autre.
Si vous avez lu sur le débat
> entourant cette pub, l'enjeu était pas mal plus complexe que juste
celui
du
sexisme
(partenariats entre acteurs, litige dans des ententes, etc.). Je
crois que si on s'était embarqué là-dedans, ça aurait été nuisible pour
l'ASSÉ.
>
> Je suggère de couvrir davantage des initiatives d'étudiantes qui
dénoncent
> des pubs sexistes (il y en aura une sous peu
à Montréal, diffusée sur la
> liste asse-femmes) plutôt que de réagir à des cas de censures dont nous
> maîtrisons mal les dynamiques. J'espère que ce commentaire pourra aider
à
> mieux sélectionner les interventions
féministes pertinentes dans les
médias
à
l'avenir.
Camille Tremblay-Fournier
>
> Pour voir les détails du débat et la pub en
> question:
http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/333375/un-autre-cas-…
__________________________________________Liste asse-support.
Liste de discution de l'Association pour une Solidarité Syndicale
Étudiante
(ASSÉ)
support(a)listes.asse-solidarite.qc.ca