(pour le cahier de congrès du 3 novembre)
Bonsoir camarades,
La fuite en avant des Péquistes
Les Péquistes, en
prenant le pouvoir, ont crié haut et fort qu’avec eux, la hausse
était abolie. Certes, effectivement, la hausse de 1625$ par an n’est
plus. Par contre, il ne faut pas voir dans ce geste comme un vent de
progressisme sur Québec. C’est plutôt un espace d’accalmie que
les Péquistes nous ont offert le 4 septembre dernier. En effet, le
Parti Québécois (PQ) s'est tout d'abord collé à la lutte contre
la hausse des frais de scolarité pour ensuite tenter de substituer
la grève par les élections. Ensuite, pendant les élections, ils
n'ont pas voulu payer le prix de vouloir tenir une position claire
sur les frais de scolarité en disant que ce sera un sommet "de
la société" qui décidera à leur place. Une fuite qui est
mise en place pour faire profiter la lutte au parti pendant la joute
électorale tout en laissant la porte à imposer des mesures
régressistes au moment le plus opportun, c’est-à-dire, dans notre
démobilisation. Ainsi, la lutte de l’année passée n’est pas
terminée, elle est rendue à un nouveau stade.
Il est clair que le parti
ou du moins son élite politique semble vouloir imposer l’indexation.
Cette mesure est politiquement rentable pour le PQ. Elle conforte sa
branche plus à droite et néolibérale du parti en affirmant le
penchant prohausse du parti tout en donnant à leurs alliéEs
étudiantEs (les fédérations étudiantes) un « gain ».
Par contre, je ne crois pas (même s’il est encore tôt pour faire
des prédictions) que seule l’indexation sera la mesure néolibérale
que le fameux sommet nous infligera. En effet, le gouvernement
péquiste a décidé de fusionner l’éducation supérieure avec le
ministère de la science et de l’innovation laissant la possibilité
de croire que le gouvernement accentuera la marchandisation de
l’éducation.
Je crois dont que
l’enjeu de cette année est de continuer à se battre pour nos
gains dans nos conditions matériels (gels et bonifications de l'AFE
par le gouvernement précédent dans un perspective de gratuités
scolaire) et contre la marchandisation de l’éducation. Il faut
aussi, tenter de sensibiliser plus largement la population en général
à nos principes de base : le syndicalisme de combat et la
gratuité des services publics.
Pouvoir et contre-pouvoir
Le pouvoir qui est fasse
à nous est clairement instable. Basé sur une petite avance de moins
de 1% face aux Libéraux, les Péquistes se retrouvent face à deux
partis (la CAQ et les Libéraux) qui ont la possibilité de prendre
le pouvoir d'ici la prochaine élection. Une élection qui pourrait
arriver d’ici un an à 2. Les promesses électorales telles
l’abolition de la taxe santé qui sont mis en place une semaine
sont battues par le même gouvernement la semaine suivante. Une
ministre peut déclarer couper le financement des écoles privées un
jour et le lendemain, ce faire contredire par un autre. Ces
incohérences nous plongent dans un flou artistique sur les
directions que prend le PQ ce qui nous laisse croire que le parti est
en pleine improvisation.
Face au nouveau pouvoir,
la question qu'il faut se poser est de savoir qui s'y oppose. Qui
constitue le contre-pouvoir dans le 2012 post-électoral? La GGI2012
a été une grande coalition anti-Libéraux regroupant de l’extrême
gauche aux Péquistes. Désormais que nos ancien-ne-s "alliéEs"
sont au pouvoir, qui tentera de s'y opposer? Évidemment, leurs
militantEs ou leurs partisanEs (ex : l’alliance social) ne
tenteront pas de remettre en cause le gouvernement surtout dans une
situation aussi précaire que le PQ traverse. Du coté de Québec
solidaire (Qs), il risque fortement de concentrer leurs énergies à
construire la très prochaine campagne électorale tout en rêvant à
la balance du pouvoir. Je pense donc qu'il ne restera que
l'extrême-gauche, les abstentionnistes et les militantEs de Québec
solidaire (QS) et de Option nationale (ON) les plus proches de la
rue.
L'autre question qui
faut se poser: Est-ce que les AGs nous suivront? Combien de membres
préfèreront donner une chance au sommet sur l'éducation au lieu
de retourner dans les rues?
Le sommet
Il est clair que le
sommet, malgré son apparente neutralité, sera contrôlé par les
Péquistes. C’est eux qui fixeront les balises et décideront qui
sera invité. Par contre, tenter de le réformer nous sera inutile.
L'ASSÉ a pris pour position plusieurs revendications en ce sens. Par
exemple, elle revendique qu'il n'ait pas de représentant du secteur
privé dans le sommet. Cela est très louable et je suis d’accord.
Par contre, je crois qu'il ne faut pas se faire d'illusion sur
l'autre acteur qui risque de prendre la place du secteur privé: les
syndicats. Il est possible que ces derniers, même s’ils ont été
des alliéEs pendant la grève, nous trahissent au moment crucial. En
2009-2010, les grandes centrales syndicales avaient construit une
campagne dont la trame de fond était la constitution d’un front
commun de la fonction publique afin d’aller chercher une
augmentation de salaire impressionnante (plus ou moins 10%). Malgré
leurs promesses de jours meilleurs, ils ont négocié avant que
l'essentiel des moyens de pressions soient mises en marche. Cette
tactique ne donna qu’un faible taux 6% sur 5 ans provoquant la
colère des éléments les plus à gauche du mouvement syndical.
Alors, tenter de réformer le sommet pourrait s'avérer devenir
l'outil des Péquistes pour mieux justifier leurs futures mesures
rétrogrades en donnant l'argument que le sommet répondait à nos
attentes en tant que débat neutre.
Je
crois qu'il faut défocusser notre stratégie centré sur le sommet
pour axer sur une campagne plus large dont l'objectif serait remettre
en place le rapport de force. Il est là, à mon avis, le réel enjeu
plus que la question de la participation ou non au sommet.
La
semaine de grève internationale (grève organisé en simultané avec
plusieurs syndicats étudiants tels au Chili ou en France) est une
occassion interressante pour entamer notre campagne. Néanmoins, je
suis forcé d'admettre qu'avec trois semaines qui reste, il faudra
s'attendre à ne pas avoir un autre printemps érable. De plus, les
associations sont en processus d'élections de leurs exécutifs et en
processus de renouvellement de leur comité mob. Par contre, je
crois que la mobilisation est toujours possible.
Voilà humblement mes
réflexions, commentez, réfutez, bref bonne discussion,
Solidairement, mais pas QSment,
Alex DB
Membre de l’AFESPED-UQAM et de
l’AFESH-UQAM.
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