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<https://dissident.es/une-nouvelle-crise-du-mouvement-etudiant-a-depasser-de…>Une
nouvelle crise du mouvement étudiant à dépasser, de nouvelles luttes à
préparerLettre ouverte d’anciens militant.e.s étudiant.e.s aux militant.e.s
actuel.le.s À l’automne 2018, que le nouveau gouvernement soit caquiste ou
libéral, une nouvelle attaque au droit à l’éducation est vraisemblablement
à prévoir; que ce soit une remise en question du rôle des cégeps, une
accélération draconienne de la hausse des frais ou encore de nouvelles
coupures en éducation. Le gouvernement sait que le mouvement étudiant est
en crise et il profitera sans doute de sa légitimité de début de mandat
pour mettre en place rapidement ses réformes néolibérales. Et seule une
mobilisation sociale d’ampleur, et probablement une grève générale
illimitée étudiante, pourront bloquer cet assaut. Nous avons toutes et tous
milité au sein du mouvement étudiant québécois, que ce soit à l’Association
nationale des étudiantes et des étudiants du Québec (ANEEQ, 1975-1994), au
Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE, 1995-2000), à l’Association
pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ, 2001-…), ou dans diverses
associations étudiantes locales. Nous constatons avec inquiétude la crise
que traverse l’ASSÉ et avons appris avec forte appréhension sa possible
disparition. Notre inquiétude vient de notre attachement à l’idéal d’une
éducation publique, de qualité et gratuite. Elle est aussi nourrie par
notre intime conviction que de nombreuses avancées sociales au Québec ont
été favorisées par les mobilisations répétées du mouvement étudiant au
cours du dernier demi-siècle. Nous ne prétendons pas avoir de solution
toute prête à la crise que vous traversez. Simplement, nous souhaitons
partager certaines des leçons que nous avons cru pouvoir tirer de nos
propres expériences et des crises auxquelles nous avons, nous aussi, fait
face. La classe patronale et les élites politiques québécoises savent bien
que leur marge de manœuvre pour poursuivre leur projet de restructuration
néolibérale de l’éducation supérieure dépend du potentiel de mobilisation
étudiante (ou de son absence…). Elles savent aussi que ce potentiel est
grandement limité en l’absence d’une organisation étudiante nationale.
Aujourd’hui, comme par le passé, elles attendent le moment opportun pour
agir. Ces élites néolibérales ne s’y sont pas trompées lorsque la mort de
l’ANEEQ a laissé toute la place à la concertation prônée par la Fédération
étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante
collégiale du Québec (FECQ), au tournant des années 1990 – décennie qui a
connu la hausse la plus rapide des frais de scolarité de l’histoire du
Québec. En 2000-2001, le regroupement précaire et temporaire d’associations
étudiantes locales ayant mené le mouvement de boycott de la taxe à l’échec
a échoué à l’organisation de luttes victorieuses. L’épuisement et la
déception des militantes et des militants ont témoigné de la nécessité de
s’organiser dans une association étudiante nationale, démocratique et
combative. La capacité du mouvement étudiant à faire des gains
substantiels, tout comme sa capacité à bloquer les attaques majeures au
droit à l’éducation, a historiquement été liée à la possibilité
d’enclencher une grève générale illimitée (GGI). Or, l’organisation d’une
telle grève dépend de deux conditions fondamentales. D’une part, une
culture de mobilisation et d’organisation de grèves étudiantes est
nécessaire au sein d’associations étudiantes locales, ce qui implique de
faire vivre leurs structures démocratiques. D’autre part, une pratique
soutenue de collaboration et de concertation entre associations étudiantes
locales est nécessaire pour préparer une grève simultanée. C’est le rôle
historique qu’ont joué l’ANEEQ, le MDE et l’ASSÉ. Toutes les grèves
générales étudiantes depuis 1978 ont été organisées par une association
étudiante nationale. Les GGI de 2005 et de 2012 n’auraient assurément pas
été possibles sans l’ASSÉ. Il nous semble crucial de préserver cette
capacité mobilisatrice dont a fait preuve l’ASSÉ. Cette dernière traverse
une crise dans la foulée de plusieurs problèmes et conflits survenus durant
les dernières années liés, entre autres, aux différentes cultures de
mobilisation entre associations montréalaises et de région, à la grève
étudiante du printemps 2015, à l’inclusion de principes féministes et
antiracistes, ou à la difficulté pour certaines tendances du mouvement
étudiant à travailler ensemble. Cette crise est-elle davantage
conjoncturelle que structurelle? Ce n’est pas à nous d’en juger. Mais nous
savons, pour les avoir traversées, que de nombreuses crises similaires ont
déjà ébranlé auparavant les associations étudiantes nationales combatives.
L’ANEEQ en a connu plus d’une, le MDE a pratiquement été en crise tout au
long de sa courte existence, et l’ASSÉ était sous respirateur artificiel en
2004, alors que beaucoup de membres souhaitaient sa disparition… tout juste
avant qu’elle déclenche la GGI de 2005. Nous ne voulons pas minimiser les
problèmes internes actuels de l’ASSÉ. Peut-être est-il temps qu’elle passe
l’arme à gauche. Mais il nous semble que le devoir historique actuel des
militantes et des militants du mouvement étudiant qui voudraient s’engager
dans cette direction est d’avoir une solution de rechange et de construire
l’avenir du mouvement étudiant en ayant à l’esprit les leçons de son passé.
Quoiqu’il advienne, les principes fondamentaux de démocratie, de
combativité et de solidarité de l’ASSÉ doivent rester en vie et être portés
par une association étudiante à l’échelle nationale. À la fin des années
1990, les militantes et les militants du MDE ont constaté les tares de leur
organisation nationale et ont décidé de la saborder. Cependant, avant de
passer à l’acte, elles et ils avaient enclenché un processus de réflexion.
Ce processus a été ponctué de rencontres formelles et informelles et a
permis d’identifier des lacunes à corriger et des modes d’organisations
plus appropriés. C’est de ce processus de réflexion posé et ouvert qu’est
née l’ASSÉ – et qu’ont ultérieurement pu être organisées les grèves de 2005
et 2012. Quelle que soit la décision prochaine des membres de l’ASSÉ quant
à l’avenir de leur organisation, il semble pertinent qu’elle s’inscrive
elle aussi dans un tel processus de réflexion. Nous ne connaissons pas
l’avenir. La seule certitude, c’est qu’il faudra être prêts pour les luttes
à venir. Signataires - Jonathan Aspireault-Massé - MDE, ASSÉ, 1999-2005-
Jérome Aubin - ASSÉ, 2001-2008- Charles Benoit - AGEUQAM, 1987-1989-
Joffrey Bienvenu - AGECVM, 1988-1989- Marie-Chantal Bienvenue - ODFA, 1988-
Manon Ann Blanchard - ANEEQ, ODFA, 1983-1987- Philippe Boudreau - AGEUQAM,
1984-1987- Josée Chapdelaine - ODFA, AGEECLG, 1983-1987- Chantal Charest -
ODFA, AECS, 1986-1989- Virginie Charette - AGEUQAM, 1987-1988- Thomas
Chiasson-Lebel - MDE, ASSÉ, 1997-2008- Flavie Choquette Giguère - AECSL,
2013-2015- Josette Coté - ANEEQ, 1989-1990- Laurence Côté-Lebrun - ASSÉ,
2011-2013- Marc-André Cyr - MDE, ASSÉ, 1995-2017- Anithe De Carvallo -
ODFA, ANEEQ, 1991-1993- Julie Deschenaux - ASSÉ, 2001-2007- Sébastien
Duclos - AEMH-UQAM, ASSÉ, 1996-2003 - Gabriel Dumas - ASSÉ, 2002-2016-
Michèle Emond - AGEUQAM, 1984-1986- Nathalie Enault - ODFA, 1992-1993-
Mathieu Frappier - MDE, 1996-2000- Julie Gervais - ANEEQ, 1991-1992- Benoit
Giguère - MDE, 1998-2000- François Giguère - ANEEQ, 1984-1988- Carl
Gosselin - AGECVM, 2015-2016- Chantal Guindon - AGEUQAM, 1987-1988- Melissa
Hamel - MDE, 1999-2000- Éric Jacques - SOGEECOM, ANEEQ, 1987-1988- Benoît
Lacoursière - ASSÉ, 2001-2005- Xavier Lafrance - ASSÉ, 2001-2006- Benoit
Lalonde - AGECFXG, MDE, 1998-2000- Sylvain Laplante - AECSL, 1986-1987-
Julie Leblanc - ODFA, AGEUQAM, 1991-199- Myriam Leduc - ASSÉ, 2011-2016-
Guillaume Legault – ASSÉ, 2008-2012- Stéphane Lessard - ANEEQ, 1987-1990-
Jean-René Levesque - MDE, BNBU, 1997-2000- Bertrand Loiselle - ANEEQ,
1986-1988- Mathieu Melançon - ASSÉ, 2006-2015- Michel Milot - AGEUQAM,
1986-1989- Arnaud Milot-Chouinard - AECSL, 2013-2016 - Héloïse
Moysan-Lapointe - ASSÉ, 2000-2005- André Munro - MDE, ASSÉ, 1998-2004-
Geneviève Pagé - MDE, ASSÉ, 1998-2005- Louise Paquette - Presse étudiante
du Québec, 1987-1991- André Querry - ANEEQ, 1980-1982- Benoit Racette -
AECSL, MDE, 1999-2000- Benoit Renaud - AGEUQAM, MDE, 1991-1999- Camille
Robert - ASSÉ, 2010-2012- Nathalie Roy - AGEUQAM, 1987-1988- Alain Savard -
ASSÉ, 2004-2012 - Arnaud Theurillat-Cloutier - ASSÉ, 2007-2012- Jean-Pierre
Valdebenito Roy - MDE, 1997- Marie-Michèle Whitlock - ASSÉ, 2001-2006*