Bonjour camarades,
Au vu de la 3e rencontre préparatoire du sommet sur l'enseignement
supérieur portant sur la gouvernance et l'accessibilité qui se déroulera à
partir de ce soir jusqu'à demain, je vous transmets ci-joint le programme
et le cahier thématique envoyés par le gouvernement. Un cahier thématique
où il est beaucoup question de chiffres, de performance et de saine gestion
mais peu du type d'universités que nous voulons. Il est également bien à
craindre que cette rencontre sera une guerre des chiffres qui nous fera
oublier les questions de fonds, au grand contentement du gouvernement.
Ci-dessous et ci-joint, un texte de réflexion que j'ai écrit au sujet de
cette rencontre et des débats médiatiques des derniers jours.
Bien entendu, nous vous enverrons notre rapport dès la fin de semaine. Nous
attendons également sous peu les dates officielles et le lieu du sommet que
nous vous transmettrons dès qu'on en aura connaissance.
Solidairement,
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Parler de financement pour éviter de parler d'administration de nos
universités
En vue de la 3e rencontre préparatoire au sommet sur l’enseignement
supérieur portant sur la gouvernance et le financement des universités (les
17 et 18 janvier), nous avons pu assister ces derniers jours à des échanges
vifs autour de la question du financement, échanges qui semblent intéresser
les médias bien davantage que lorsqu’il était question de qualité de
l’enseignement. Comme quoi dès qu’on parle de chiffres, l’intérêt revient.
Mais au fait, quel est l’intitulé de la rencontre? « Gouvernance et
financement des universités ». Si, lorsque nous avons appris les thèmes des
rencontres préparatoires au sommet en novembre, le fait de traiter ces deux
questions dans une même rencontre m’était apparue surprenant, les choses
commencent à s’éclaircir: en mettant les deux ensemble, on pourra dire
qu’on a parlé des deux, autrement dit, on pourra dire qu’on a parlé de
gouvernance. Oh, bien sûr, on aura parlé plus de financement, mais bon, on
aura quand même évoqué la gouvernance. Puis dans le fond, dès qu’on parle
de financement, est-ce qu’on ne parle pas de gouvernance? Et de fait, quand
on demande de « mieux » couper dans le budget des universités, est-ce qu’on
ne demande pas une meilleure gestion, une gestion plus efficace des
universités et donc une meilleure gouvernance?
Mais qu’est-ce que la gouvernance? A vrai dire, l’emploi de ce terme même
est problématique. Dans un ouvrage tout récemment paru à ce sujet, Alain
Deneault rappelle ainsi que ce terme est apparu dans les années 80 lorsque
les technocrates de Margaret Thatcher ont habillé du joli nom de «
gouvernance » le projet d’adapter l’Etat aux intérêts et à la culture de
l’entreprise privée. Tiens, tiens, intéressant quand on pense au mode de
gestion entrepreunariale des universités. Appliquée sur un mode
gestionnaire ou commercial par des groupes sociaux représentant des
intérêts divers, la gouvernance prétendrait alors à un art de la gestion
pour elle-même et participerait discrètement à l’instauration de l’ère du
management totalitaire.
Finalement, le terme de gouvernance ne serait qu’un beau mot pour masquer
sa réalité, pour masquer sa dilution pleine et assumée dans les questions
de bonne gestion et de bon management.
Or, de cette façon, on passe totalement à côté d’une question fondamentale
que devrait appeler tout questionnement sur la gouvernance : qui administre
l’université? Quels sont les pouvoirs de la communauté universitaire face à
cette administration? D’où proviennent ceux et celles qui siègent sur les
Conseils d’Administration? Pourquoi sont-ils toujours en majorité composés
de membres externes à la communauté universitaire?
Autrement dit, pourquoi les membres de la communauté universitaire ne
gèrent-ils pas eux-mêmes leurs universités? Pourquoi l’université
échappe-t-elle à ses propres membres qui en constituent pourtant son âme?
Ainsi, au-delà de demander aux recteurs et rectrices de revoir leurs
chiffres, ne faut-il pas se demander pourquoi ont-ils un tel pouvoir?
Pourquoi n’avons-nous pas de voix dans le financement de nos universités?
Pourquoi les décisions relatives au financement sont entre les mains d’une
minorité et qui plus est, d’une minorité souvent majoritairement externe à
la communauté universitaire?Ce ne serait donc plus la question du
financement qui serait première et déterminerait celle de la gouvernance
mais bel et bien l’inverse.
D’autant plus qu’il n’est pas sans intérêt de rappeler que les universités
se sont constituées à leurs origines autour de principes forts tels que
ceux de collégialité et d’autonomie. Où sont donc passés ces principes? Les
a-t-on oubliés en même temps qu’on a oublié que l’université était avant
tout ce lieu de diffusion du savoir et non pas ce lieu de productivité et
source de croissance économique? Mais alors, a-t-on vraiment encore affaire
à des universités si celles-ci ne sont gérées que sur le mode de
l’entreprise privée?
Bref, c’est bien de cette question du mode d’administration de nos
universités dont on devrait avant tout parler. C’est bien de ce que sont
devenues nos universités et de la mission qu’on leur assigne dont on
devrait avant tout parler.
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*Blandine Parchemal*
Secrétaire aux affaires académiques
*Association pour un solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)*
*http://www.asse-solidarite.qc.ca*
Bureau: 514-390-0110
Cellulaire: 514-804-6634
Courriel: academique(a)asse-solidarite.qc.ca
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