Hausse de frais de scolarité
Des coûts supplémentaires entre 135,5 M $ et 192,5 M $ pour le gouvernement
23 janvier 2012
Le gouvernement du Québec réduira ses subventions de fonctionnement aux
universités d’un montant équivalant à 35 % des hausses de droits de
scolarité. Si l’on déduit ce coût du 192,5 millions de $, le coût total net
pour le gouvernement découlant des hausses annoncées sera de 76,5 millions
de $.
La hausse des droits de scolarité telle qu’annoncée par le ministre des
Finances Raymond Bachand amènera en 2016-2017 un déboursé d’un montant
annuel d’environ 665 millions de $ payé par les étudiantes et les étudiants
universitaires québécois. Ce montant comporte l’effet combiné de
l’évolution démographique et de l’impact de la hausse des droits de
scolarité sur la clientèle universitaire. En comparaison, les
universitaires québécois payaient en 2008-2009 un montant total en droits
de scolarité équivalant à 304,6 millions de $. Les programmes de l’Aide
financière aux études (AFE) pourront venir en aide à une partie de la
clientèle universitaire. Celle-ci représentait en 2008-2009, 51,1 % des
bénéficiaires de l’AFE et recevait une aide totale de 475 M$, soit près de
56 % de l’aide totale accordée.
*Le coût de la gratuité scolaire en milieu universitaire*
Les chercheurs ont ensuite calculé qu’*il en coûterait entre 176 M $ et
405 M $ à l’État québécois pour introduire la gratuité scolaire sur un
budget total de 15 milliards $ du ministère de l’Éducation* soit entre
1,2 % et 2,7 % du budget. « Nous estimons que l’élimination des droits de
scolarité ferait épargner à l’État 77 millions de $ en coût de programmes
d’aide aux études. En additionnant une baisse en crédits d’impôt de 63,1
millions de $, nous estimons que l’impact total de l’élimination des droits
serait de 140 millions de $. En prenant en compte ces deux facteurs, on
peut estimer que les coûts de la gratuité universitaire se situeraient
entre 176 millions de $ et 405 millions de $ », ont calculé les deux
chercheurs de l’IRÉC.
Ces derniers ont constaté que peu d’études se sont penchées de manière
scientifique sur la question de la gratuité scolaire. Selon les recherches
du ministère de l’Éducation lui-même, les effectifs universitaires
augmenteraient entre 7,8 % et 12,1 % selon les scénarios sous un régime de
gratuité scolaire. « Notre rapport de recherche, disent-ils, permet de
chiffrer le financement du réseau universitaire qui serait nécessaire pour
compenser l’élimination des droits de scolarité. Au final, pour mieux
assoir les discussions, une évaluation des besoins financiers réels du
réseau universitaire est nécessaire. Selon nous, c’est seulement après ce
travail que l’on pourra déterminer des dispositions optimales pour le
financer ».
*Sous-estimation des conséquences *
Le régime actuel n’est pas sans présenter certains aspects inquiétants,
notamment au niveau de l’accessibilité des études universitaires aux
étudiants moins fortunées. Plusieurs études démontrent en effet que la
perception qu’une étudiante ou un étudiant a des droits de scolarité est
bien souvent plus importante que le montant réel qu’il doit payer. *La
disponibilité des ressources financières à travers le programme de l’AFE
n’encouragera donc pas automatiquement l’étudiante ou l’étudiant à
participer à des études universitaires.*
Un autre aspect inquiétant est celui de l’endettement. En effet, les
étudiantes et les étudiants de famille se situant près du revenu médian ne
sont généralement pas admissibles aux bourses de l’AFE et doivent
contracter des prêts auprès de celle-ci ou auprès d’institutions privées.
Or, tout comme le coût des études, *l’endettement peut conditionner les
étudiantes et les étudiants à prendre certaines décisions sous-optimales
pour eux-mêmes et pour la société.* « Selon la littérature scientifique,
une étudiante ou un étudiant ayant une dette élevée à la fin de ses études
de premier cycle sera plus enclin à aller sur le marché du travail plutôt
que de continuer à la maîtrise. Cette décision est d’autant plus
contraignante qu’une fois sur le marché du travail, les probabilités d’un
retour aux études sont grandement restreintes », ont poursuivi Jules
Bélanger et Oscar Calderon.
« Un endettement important aura également des conséquences sur le choix de
carrière d’une étudiante ou d’un étudiant à la fin de ses études. Une
recherche menée aux États-Unis démontre en effet que les étudiantes et les
étudiants très endettés vont avoir tendance à choisir des emplois à
salaires très élevés plutôt que des emplois d’intérêt public à salaires
plus faibles », ont précisé les chercheurs de l’IRÉC.
« Même dans une perspective strictement comptable, ont-ils conclu, le
choix du gouvernement n’apporte pas des économies substantielles à court
terme et sous estime des conséquences à moyen et long terme nettement plus
lourdes pour la société », ont conclu les deux chercheurs de l’IRÉC.
Pour des informations plus complètes, consulter le rapport de
recherche.<http://www.irec.net/upload/File/EducationAidefinanciere%20Jan…