Camarades,
Par la présente, j’aimerais poser ma candidature au poste de secrétaire aux
finances au sein de l’exécutif 2012-2013 de l’ASSÉ.
C’est avec enthousiasme et quelque peu d’appréhension que j’écris ces
lignes, à l’orée de la treizième semaine de la plus longue grève étudiante
de l’histoire du Québec. Un peu étrange d’anticiper l’année prochaine alors
que tout peut se jouer en quelques heures, que la *semaine prochaine* est
un canevas blanc. Pour moi, n’ayant pas vécu 2005 ni 2007, cette
mobilisation historique fut – est! – un réveil politique. Mon bagage
théorique, relativement mince de toute façon, ne m’a guère préparé à
l’incroyable praxis de la grève générale illimitée.
Mon implication au sein de l’ASSÉ remonte à l’automne 2010, alors que je
suis élu exécutant à l’externe pour l’AECSL. Je participe donc à diverses
instances de l’ASSÉ au nom des étudiant-e-s de Saint-Laurent et prend goût
au militantisme. Depuis le début de l’hiver 2012, je siège sur le comité
Maintien et élargissement, ce qui a formalisé un travail de terrain déjà
amorcé. Au cours de la grève, j’ai donc eu l’occasion de toucher à de
nombreux aspects de ce travail de terrain.
*Se donner les moyens de ses ambitions*
C’est après avoir longuement réfléchi que j’ai choisi de poser ma
candidature. Quand la question du post-grève s’est posée, j’avais deux
choix : mettre de côté mon implication nationale, histoire de souffler un
peu, ou de poursuivre mon travail d’externe à Saint-Laurent. Au fil des
discussions, on m’a plutôt intimé de considérer l’exécutif national.
Je considère maintenant que de poser ma candidature est la meilleure façon
de mettre mon expérience à profit et de servir l’ASSÉ.
L’aspect financier de l’Association est habituellement relégué à un point à
l’ordre du jour du Congrès, ou à quelques factures que les associations
oublient souvent de payer. On a tendance à oublier le travail
d’arrière-scène en cette matière, d’autant plus que la bonne comptabilité
et la levée de fonds ont permis à la CLASSE de se maintenir en bonne santé
financière tout au long de la grève. Je n’ai pas d’expérience dans le
domaine des finances, n’ayant jamais occupé un tel poste au sein d’un
exécutif local. Cela dit, j’ai déjà touché à la gestion de budget et à la
levée de fonds, dans un contexte de travail. Ma vision des finances à
l’ASSÉ s’inscrit dans une certaine continuité : le secrétaire aux finances
sortant, Philippe Éthier, a réussi à mettre fin à l’austérité budgétaire
qui caractérise historiquement les finances de l’ASSÉ, un paramètre
déterminant, selon moi, dans le succès de notre grève. De plus, j’ai
l’intention de continuer à mettre de l’avant une hausse des cotisations,
histoire de permettre la production massive de matériel d’information et la
représentation à l’extérieur de Montréal alors que l’ASSÉ prend de
nouvelles proportions. Ceci doit s’accompagner d’une transparence encore
plus grande : il serait intéressant de mettre à la disposition des membres
les données brutes de dépenses et de revenus, tel que l’a fait *Concordia
Student Union* pour l’année courante. Finalement, j’appuie une redéfinition
prochaine des tâches du secrétaire aux finances, qui devrait être présentée
en avis de motion.
Tenons-le pour dit : je n’ai pas l’intention de faire des finances mon seul
apport à l’organisation. Le Conseil exécutif se doit de constituer une
équipe de travail efficace, pratique, capable de partager la charge de
travail considérable que représentent les orientations que nous nous
donnerons pour l’an prochain. J’ai donc l’intention de ne pas me cantonner
aux livres comptables, mais plutôt de continuer le travail de terrain que
j’ai amorcé durant la grève et, en particulier, prêter main forte à mes
collègues à l’interne si le besoin s’en fait sentir.
* *
*Bâtir une ASSÉ plurielle*
Ma vision politique de l’ASSÉ post-grève est celle de la consolidation. Il
m’apparait nécessaire de rétablir le rôle historique du mouvement étudiant
québécois pré-corporatisme: celui de porte-étendard hégémonique des luttes
sociales québécoises, en termes non seulement de revendications, mais aussi
d’action. Pour ce faire, il faudra renforcer et élargir nos bases.
Si je dois nommer un créneau particulier, ce sont les associations
anglophones, avec qui j’ai eu l’immense plaisir de travailler ces derniers
mois*. Pour la première fois de l’histoire du mouvement étudiant québécois,
des milliers d’étudiant-es anglophones ont rejoint le mouvement de grève.
La gauche anglophone partage nos principes fondamentaux, notamment le
féminisme, qu’elle intègre toutefois d’une façon différente. Elle s’est
décidée de mettre de côté l’organisation affinitaire l’instant de cette
grève. Poser les fondements de structures associatives et les intégrer à
l’ASSÉ permettrait de créer un pôle syndical combatif sur les campus
anglophones, tant collégiaux qu’universitaires.
Évidemment, cette consolidation n’est pas uniquement une affaire
d’affiliations. Nous devons, par le biais de formation et de mobilisation,
maintenir la culture politique radicale qui fleurit dans les associations
membres de la CLASSE. Nous devons renforcer nos liens avec d’autres
mouvements sociaux et syndicaux, et les radicaliser au passage. Nous devons
préciser nos orientations politiques et les canaliser dans un projet
ambitieux, échelonné sur plusieurs années. Ces conditions réunies mèneront
à une mobilisation offensive victorieuse.
Je vous invite à me bombarder de questions, en Congrès ou avant. Je serais
ravi de rencontrer les assemblées générales ou autres instances locales.
N’oublions jamais que « nous sommes le peuple »!
Solidairement,
Jérémie Bédard-Wien
Inscrit au Cégep de Saint-Laurent
*Je suis d’ailleurs en train de préparer une sorte de mémoire sur « la GGI
et les anglos ». Le titre sera éventuellement précisé!