Lettre de démission - ASSÉ-SUPPORT - ASSÉ-SUPPORT

25 Jan 2012

Salut,

Je suis revenue à l’ASSÉ pendant l’automne après une longue réflexion
sur ce que je voulais vraiment faire et ce que mes ami-e-s et
camarades du milieu étudiant avaient besoin. Avant de revenir à l’ASSÉ
cet automne, j’avais plusieurs projets accomplis et en cours à QS. Je
pense ici à la recherche des prête-noms et le financement des partis
politiques, au web 2.0 et aux dernières élections provinciales, à la
préparation des élections pendant le printemps et l’été, au stage que
je souhaitais faire cet hiver au bureau d’Amir Khadir, sans parler de
mes études, que je souhaitais aborder avec sérieux.

J’ai finalement, très à reculons il faut le dire, fait le choix de
mettre de côté la continuation de ces projets. J’ai transféré,
certaines progressivement et d’autres immédiatement, mes tâches à
d’autres personnes du parti et j’ai résilié ma carte, le temps de mon
mandat. Comme certain-es d’entre vous, j’ai donc fait des sacrifices
pour m’impliquer dans la lutte et aider à démarrer un mouvement en
ayant un discours porteur de sens, un discours qui fait prendre
conscience de la condition étudiante et du projet social qui s’impose
face aux dérives du système capitaliste. Bien qu’au début j’ai
commencé mon mandat à reculons, avec le temps je considérais qu’au
final j’avais fait le bon choix et je vivais la lutte à venir avec un
certain enthousiasme et beaucoup de détermination.

Nous avons un combat à mener contre la droite et ses projets
politiques et j’ai un immense respect pour votre travail mené à tous
les niveaux. Je suis également consciente des sacrifices que tout le
monde fait pour bâtir un rapport de force et faire plier le
gouvernement. C’est pour ça que, dans un sens, je me sens mal de
rédiger cette lettre de démission. Toutefois, le ScreenshotGate m’a
vidé émotionnellement : j’ai constaté mes limites. De plus, j’ai
beaucoup réfléchi, ces derniers temps, sur le fait d’avoir des
principes. Je sais que le congrès a réitéré sa confiance en moi dans
le libellé de la motion de blâme élaboré par l’AFESH. Mais au final,
je pense qu’il est fondamental d’affronter ce genre de situation et de
sanction avec honneur, respectabilité et courage et ce, du mieux que
nous le pouvons, au contraire de ceuzes qui préfèrent se cacher ou
refuser les conséquences de leurs actes.

Je terminerai en appelant à la vigilance. À la vigilance, mais aussi à
la compréhension de l’autre et au décloisonnement. J’en ai soupé, mais
soupé, de ceuzes qui s’emmurent dans une attitude fendante et
supérieure de jeune coq dans un carré de sable et des tributaires de
la vertu éternelle : j’ai constaté dans le mouvement étudiant que la
réalité des autres n’est parfois pas telle qu’on la conçoit et
j’appelle à la finesse dans l’analyse. Mon point ici vise sans
distinction l’ASSÉ, les fédérations et tous les groupes qui gravitent
dans le mouvement étudiant.

Ceci dit, je ne quitte pas la tête basse. J’ai confiance en vous et à
la CLASSE, je sais que vous allez faire ce que vous devez faire. Cette
histoire a failli tuer mon optimisme et j’espère que rien ne tuera le
vôtre. Je crois en votre esprit de camaraderie, en votre intelligence,
en votre capacité de vous supporter mutuellement et de vous tenir
debout. Je suis également persuadée que vous allez créer une force de
frappe efficace. Il ne s’agit pas d’un départ sec, je compte terminer
certains engagements que j’avais, faire une transition et si jamais
vous avez besoin de quoi que ce soit, vous m’appelez. Mais il s’agit
d’un départ quand même, je vais retourner à mes projets initiaux.

Allez, salut, vous êtes beaux, vous êtes belles, soyez classe, bottez
allègrement le cul aux enfoiré-es et aux crosseurs, et allez gagner
contre la hausse.

Anne-Marie Provost