Toute la notion de "débat public" est une interprétation étrange des réels
processus de prises de décisions qui ont cours dans la société actuelle. Les décisions ne
se prennent pas suite à un débat public, mais en fonction des intérêts des groupes qui
soit détiennent le pouvoir politique, soit sont capables d'imposer leur agenda au
gouvernement par l'obtention d'un rapport de force.
Dans ce cadre, souligner qu'il n'y a pas eu de "débat public" contribue
à maintenir l'illusion d'une société gouvernée par la saine discussion et le débat
rationnel, et le souhait qu'il y en ait un vient renforcer la position de faiblesse de
la CLASSE lorsqu'une entente "raisonnable" sera acceptée par les
fédérations. La pression sera alors très forte sur la CLASSE pour qu'elle accepte le
compromis, et celle-ci sera prise au piège car elle aura déjà approuvée l'ensemble du
processus qui mène à ce compromis. La négociation sera ton "débat public", tout
le monde devra "mettre de l'eau dans son vin", et la CLASSE, si elle refuse
les reculs, sera "mauvaise joueuse".
Négocier quand on ne veut rien céder, c'est absurde. C'est syndicalisme 101 ça.
Comme ils disaient à une autre époque: négocier c'est se faire fourrer.
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From: Arnaud Theurillat-Cloutier <arnaudtc(a)gmail.com>
To: emile pouget <emile_pouget(a)yahoo.ca>
Cc: Asse Support <support(a)listes.asse-solidarite.qc.ca>
Sent: Wednesday, April 18, 2012 11:27:18 PM
Subject: Re: [asse-support] ADEPUM et violence
Je pense qu'il faut considérer ce passage (à la formulation boiteuse, je le reconnais)
comme étant une tentative de renvoyer la balle au gouvernement en réitérant qu'il
n'a jamais voulu d'un débat public sur les frais de scolarité (le 6 décembre 2010
n'ayant été évidemment qu'une mascarade) et qu'il est fermé à tout dialogue
actuellement. En aucun cas, l'ADEPUM n'a voulu remettre en cause son adhésion au
principe du syndicalisme de combat, c'est d'ailleurs pourquoi nous sommes en grève
depuis le 20 février et encourageons également la grève sociale.
Les négociations, à ce stade-ci de la grève, ne permettront peut-être pas de régler la
situation, mais les négociations des fédérations étudiantes avec le gouvernement sans la
présence de la CLASSE, pourraient être bien pire.
Arnaud Theurillat-Cloutier
PS : Je tiens à préciser que je me suis abstenu sur cette proposition, étant moi-même
profondément déchiré et indécis sur la réponse que nous devrions donner à la ministre.
Le 18 avril 2012 23:04, emile pouget <emile_pouget(a)yahoo.ca> a écrit :
Penser que le conflit aurait dû se dérouler autour d'une table de négociation,
c'est du concertationnisme pur.
Le conflit se déroule dans la rue et les institutions d'enseignement parce que le seul
moyen de faire plier un gouvernement au-delà des peanuts qu'il est prêt à nous donner,
c'est de construire un rapport de force face à l'État. Pour le syndicalisme de
combat, l'État n'est pas neutre, et les conflits ne se règlent pas par la saine
discussion avec un gouvernement représentant une très abstraite "opinion
publique". L'État est plutôt l'outil des classes dominantes, contrôlées
largement par les élites économiques, et la lutte ne se situe pas uniquement au niveau des
idées mais d'abord et avant tout dans la construction d'un rapport de force.
Oui des fois, ce rapport de force fait face à plus d'intransigeance. Ces moments-là
arrivent parce que les questions posées par le mouvement social dépassent les enjeux
corporatistes normalement en jeu dans un conflit de type syndical. Actuellement,
l'intransigeance du gouvernement tient en grandement au fait que le mouvement étudiant
est le premier véritable os dans l'application de sa politique tarifaire, qui vise à
faire graduellement passer le financement des programmes sociaux de l'impôt vers les
tarifs, et cette politique correspond aux intérêts économiques des classes qui gouvernent
cette société.
Dans ce sens, penser qu'une négociation peut régler la question, c'est soit une
puérile illusion qui est pratiquement incompréhensible à ce stade-ci de la lutte, ou un
aveuglement volontaire de la part de gens qui voient leur stratégie bidon être réfutée
quotidiennement par l'évolution de la situation.
Pour ma part, j'appelle l'ADEPUM à réviser leur position ou à réviser leur
adhésion aux principes du syndicalisme de combat, les deux étant mutuellement exclusives.
Mathieu Jean
AFESH-UQAM
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From: Arnaud Theurillat-Cloutier <arnaudtc(a)gmail.com>
To: Asse Support <support(a)listes.asse-solidarite.qc.ca>
Sent: Wednesday, April 18, 2012 10:05:21 PM
Subject: [asse-support] ADEPUM et violence
Voici la proposition de l'ADEPUM adoptée à majorité aujourd'hui en assemblée :
La CLASSE condamne la dimension violente du conflit entre le mouvement étudiant, le
gouvernement du Québec, les administrations de ses établissements d'éducation et les
forces policières. Ce conflit qui aurait dû se dérouler, avant tout, autour d'une
table de négociation a connu plusieurs moments malheureux de violence physique, verbale et
institutionnelle. La CLASSE déplore cet état de fait. Ce n’est pas ce qu’elle souhaitait
et ce n’est toujours pas ce qu’elle souhaite. La CLASSE estime qu’elle doit immédiatement
négocier avec la FEUQ, la FECQ et le gouvernement du Québec pour résoudre l’impasse
actuelle, que la condition de la démocratie étant le dialogue, toute situation de non
dialogue conduit inévitablement à des situations de violence, que tous les partis, de
même que la société québécoise dans son ensemble, ont beaucoup à gagner dans l’arrêt de la
violence par la mise en place de négociations. La
CLASSE demande que le
gouvernement condamne également la violence du conflit, de tout genre et de toute
provenance, y compris la violence du recours aux injonctions et à la brutalité
policière, afin d’apaiser les tensions et permettre la mise en place d'une négociation
de bonne foi. La CLASSE rappelle au gouvernement les principes démocratiques de la
séparation des pouvoirs, selon lesquels il est laissé aux services policiers et au système
juridique en général la tâche et la fonction de déterminer et de condamner les
responsables d’actes criminels.
Nous invitons d'autres associations à prendre des mandats similaires ou à présenter
des propositions alternatives.
L'assemblée a tenté de réconcilier l'inconciliable : une stratégie pour ne pas
laisser les fédés seules à la table de négo et un respect de nos principes et positions
politiques. Elle a refusé toutefois de préciser quelles actions devaient être
«condamnées», préférant plutôt parler en termes généraux afin de ne viser personne en
particulier.
Nous espérons que cette proposition sera comprise dans toutes ses nuances.
Solidairement,
Arnaud Theurillat-Cloutier
__________________________________________Liste asse-support.
Liste de discution de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ)
support(a)listes.asse-solidarite.qc.ca