Bonjour,
J’aimerais en tant qu’ancienne membre du comité femmes de l’ASSÉ, ajouter à
la réflexion déposée par le comité femmes et au débat entourant le prochain
camp de formation féministe. Des éléments décrits par le comité ressemblent
en certains points à celui de 2010-2011, période de préparation de grève
générale. J’ai décidé de siéger au comité femmes en 2010 alors que les
principes et mesures féministes étaient au point mort : le comité était
vacant, les caucus non-mixtes étaient tournés au ridicule sur une base
régulière et les mesures de senti étaient informellement abolies par
l’exécutif. C’est par le biais d’un long caucus non-mixte que des
militantes avaient demandé la remise en place de ces pratiques. Une base
féministe était à reconstruire. On se retrouve à l’ASSÉ actuellement dans
un tout autre contexte, toutefois, ce qui semble avoir peu changé c’est la
réaction quant au développement de l’autonomie du comité femmes vis-à-vis
de l’exécutif pour accomplir les mandats que lui ont confié le congrès.
Revenons à 2010. Après des tournées de mobilisation féministe dans quelques
régions, mes nouvelles collègues du comité femmes et moi-même avons
organisé un camp de formation féministe de plus grande envergure qu’à
l’habitude en vue du mouvement de grève en préparation. Alors que ce type
d’évènement attiraient rarement beaucoup plus qu’une trentaine de
personnes, celui-ci a réuni une centaine de participantes d’horizons
variés. C’est toutefois dans une espèce de désintérêt généralisé parmi les
membres des comités et de l’exécutif que ce regain de mobilisation
féministe se déroula. Rien d’étonnant à la lumière de l’histoire : nous
n’avons eu presqu’aucune aide ni la moindre présence des membres des autres
comités et de l’exécutif pour l’organisation et le déroulement du camp.
Cependant, ce qui fût plus dérangeant encore a été une demande dernière
minute par l’exécutif de « serrage de ceinture » pour les frais reliés au
camp (bouffe, hébergement, déplacements). Évidemment, cette demande
contrastait avec le traitement des autres camps, instances et activités
régulières. Tout se déroulait comme si le camp de formation féministe était
un excédent, une chose à part qui devait ne pas trop faire de bruits et, si
possible, ne coûter que des peanuts.
Cet incident marquant pour les militantes qui gravitaient autour du comité
femmes nous a amené à réfléchir à une manière de développer l’autonomie du
comité pour l’accomplissement de ses mandats, au-delà de ce que l’on
appelait déjà aussi un « féminisme de façade » à l’ASSÉ. C’est ainsi qu’au
congrès d’hiver 2010, un avis de motion portant sur la réécriture des
statuts et règlements a été déposé par le comité femmes, avec le concours
de Justine Rouse-Lamarre, une ancienne militante du comité, et de Valérie
Soly, ancienne permanente de l’ASSÉ. Les tenants et aboutissants de cet
avis de motion ont d’abord été discutés dans le cadre de caucus non-mixtes
pour ensuite être mis en commun lors d’une plénière mixte. Les éléments de
discussion qui ont davantage capté l’attention des militantes et militants
dans les deux caucus étaient la non-mixité du Comité femmes, le pouvoir
d’appui de celui-ci en congrès et un budget annuel autonome du Comité
femmes, de l’ordre de 5 % des cotisations annuelles. La proposition de ce
dernier avait pour objectif d’assurer des fonds suffisants pour la mise en
application des priorités et besoins établis chaque année dans le cadre du
plan d’action femmes de l’ASSÉ, adopté en Congrès. Cette approche style
« budget de genre » avait bien entendu pour postulat la non-neutralité de
l’attribution des ressources, et plus précisément la possibilité d’entraver
le travail du comité femmes par un contrôle budgétaire machiste. Cet
amendement compris dans l’avis de motion a été rejeté à deux reprises
depuis son premier dépôt.
Je ramène cette histoire, car comme à l’heure actuelle pour le congrès
femmes, ou encore comme il y a quelques années pour la proposition de
parité homme-femme des porte-paroles, le budget autonome a suscité de
fâcheuses réactions – dans le sens de réactionnaire – chez plusieurs
membres actifs des comités et de l’exécutif, le tout bien entendu dans
l’indifférence générale parmi les militantes et militants. Avec un recul,
j’ai la certitude que nous avions raison de miser sur le ralliement de
militantes féministes à l’ASSÉ à l’aube de la grève et je suis d’autant
plus convaincue que l’organisation souffre et souffrira encore aujourd’hui
de sa réaction passée. L’ASSÉ n’arbore pas seulement qu’un féminisme de
façade, elle est imperméable à la lutte des femmes.
Vous pouvez retrouver dans le cahier du congrès d’orientation les détails
concernant l’avis de motion en question :
http://orientation.bloquonslahausse.com/rapports-sociaux-de-sexes-et-femini…
Camille Tremblay-Fournier
Le 10 mars 2015 14:42, _ <comite-femmes(a)asse-solidarite.qc.ca> a écrit :
Bonjour à toutes et à tous,
Voici un texte de réflexion qui adresse la mise en dépôt du congrès femmes
lors du dernier congrès.
Comité femmes de l'ASSÉ
__________________________________________Liste asse-support.
Liste de discution de l'Association pour une Solidarité Syndicale
Étudiante (ASSÉ)
support(a)listes.asse-solidarite.qc.ca