Dans la même lignée,
j'aimerais vous faire part d'un texte.
Y a-t-il un moment où je pourrai le lire publiquement?
Au plaisir,
Le 25 septembre 2013 21:44, Benjamin Gingras
<finance(a)asse-solidarite.qc.ca>a écrit :
Bonsoir à toutes et à tous,
Un groupe de militantes et militants m'a envoyé leur traduction d'un
texte, souhaitant le faire partager sur ASSÉ-Support de façon anonyme. Je
vous le transmets donc ici.
Solidairement,
*Benjamin Gingras*
*Secrétaire aux finances
Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)
Cellulaire: 514-869-6130
Site web:
www.asse-solidarite.qc.ca
Twitter: @BenjGingras*
====
J’ai souvenir d’avoir joué à des jeux de rôles avec mon frère lorsque
j’étais très jeune. Pour conclure de façon heureuse une épique lutte entre
le bien et le mal, il voulait que toutes les poupées/figurines « se marient
ensemble » - garçons, filles, sorcières, dragons, démons, etc., uni-es dans
une immense famille pansexuelle et polygame. J’ai souvenir de lui avoir
expliqué que c’était impossible, que le mariage est célébré entre deux
personnes, normalement un homme et une femme. J’en suis désolée : j’avais
douze ans et ne connaissais pas mieux que cette conception des relations.
Lui, en revanche, avait environ cinq ans et avait en apparence déjà plus
réfléchit que moi sur la question. L’innocence des enfants à propos de
l’amour, le genre, l’amitié et les relations est d’une grande beauté. Iles
sont ouvert-es à toutes sortes d’expressions de genre et de relations,
incluant les perspectives queers, polyamoureuses, platoniques, etc. Les «
meilleurs ami-es » au primaire se fiancent et se marient constamment, sans
égard au genre ou au statut relationnel. J’ai souvenir de cette innocence,
je l’ai ensuite perdue. Tout d’abord, j’étais une fille. Ensuite, j’étais
hétérosexuelle, puis bisexuelle, pour me demander par la suite si je
n’étais pas plutôt lesbienne. Je suis ensuite devenue polyamoureuse,
ensuite kinky, puis pansexuelle. J’étais soumise, puis une switch. Ensuite,
j’ai questionné mon genre, j’étais female to male, puis gaie. J’étais un
homme-trans, puis un homme trans. J’ai été homoflexible et une fag. J’étais
transexuel-le, puis transgenre, puis transexuel-le à nouveau et finalement
trans. Maintenant, je suis un trans fem / androgyne mâle utilisant le
pronom « lui/il » sans aimer être appelé un homme par les étranger-es. Je
serai peut-être autre chose demain. Si ça parait compliqué, vous devriez
parler à certain-es de mes ami-es… mais ma propre odyssée du genre n’est
pas le sujet principal de ce texte. Je veux parler du mot queer et le monde
de possibilités qu’il représente pour moi. Queer est pour moi un terme qui
capture l’essence de l’innocence enfantine face au genre, quand les
meilleur-es ami-es peuvent se marier que l’on peut être un pompier un jour
et une fée le lendemain. N’est-ce pas étrange que l’on soit supposé-es voir
notre famille et nos ami-es d’une façon et nos amoureux-es d’une autre?
N’est-ce pas étrange que la famille soit seulement déterminée par la
biologie ou sanctifiée par le mariage et scellée par la reproduction?
Pourquoi l’amour est-il condamné en absence de sexe et le sexe vilipendé en
absence d’amour? N’est-ce pas étrange que l’on soit supposé-es s’attacher à
une seule personne jusqu'à ce que la mort nous sépare? Le queer, pour moi,
c’est beaucoup plus que l’attraction homosexuelle. Il s’agit d’une volonté
de voir tous les autres tabous abolis. Bien sûr, plusieurs d’entre nous
s’engagent dans cette voie lorsque nous ressentons nos premières attirances
« homosexuelles », mais le queer ne s’arrête pas là. C’est une position
polémique, mais le queer signifie autre chose que « gai », « bisexuel-le »
ou « lesbienne ». Un-e queer est une personne qui est en arrivé-e à une
vision non binaire du genre, qui reconnaît la validité de toutes les
identités trans* et qui, arrivé-e à cette conception de l’identitée, a de
la difficulté à définir sa sexualité d’une façon purement genrée. Les
queers comprennent et supportent les relations non-monogames (sans
forcement en vivre une). Iles supportent tout autant les relations
asexuelles et aromantiques (quel lien y a t-il entre le sexe et l’amour, de
toute façon?). Un-e queer voir la promiscuité en publique (protégée) avec
des étranger-es comme tout autant saine que l’abstinence. Les queers
comprennent que nous avons tous et toutes des relations variées avec nos
corps. Nous comprenons la dysphorie corporelle. Nous comprenons que tous et
toutes n’aiment pas être touché-es de la même façon ou d’être touché-es du
tout. Nous comprenons que les personnes avec des handicaps peuvent avoir
différents besoins sexuels et que les survivant-es d’agressions sexuelles
peuvent avoir différents triggers. Nous pouvons créer des façons créatives
et safe d’entrer dans diverses formes d’intimité avec des personnes
atteintes du VIH ou de différentes ITSS. Les queers comprennent la gamme du
pouvoir, des sensations et la diversité des dynamiques sexuelles. Nous
sommes top ou bottom, doms et subs, sadistes, masochistes et
sadomasochistes, versatiles et switches. Nous savons ce que nous aimons et
ce que nous n’aimons pas au lit. Nous embrassons une vaste gamme de types
de relations. Nous pouvons être partenaires, amoureux-ses, fuckfriends,
partenaires platoniques, famille choisie, etc. Nous pouvons avoir des
dynamiques relationnelles variées avec plusieurs personnes différentes,
parfois en même temps. Nous ne croyons pas qu’une seule personne puisse
satisfaire à tous nos besoins. Étant donné que nos positions sur les
relations, le sexe, le genre, l’amour, les corps et la famille sont
non-conventionnelles et révolutionnaires, nous sommes nécessairement
anti-assimilationnistes; puisque que le système kyriarchique nous opprime
et opprime notre entourage, nos actions et relations sont politiques; parce
que nous voulons seulement (sur)vivre, nous combattons. Nous revendiquons
seulement la liberté d’être nous-mêmes, de nous aimer et de vivre ensemble.
Cette liberté nous est interdite : nous sommes en criss! Queer ne veut pas
dire « ne m’étiquetez pas », ça veut dire « je m’étiquette moi-même ». Ça
veut dire « demandez m’en plus si vous êtes curieux-ses » et, du même
souffle, « fuck off ». Du moins, c’est ce que ça veut dire pour moi. Agé-e
de 21 ans, bientôt 22, j’ai vécu certaines expériences. Peut être plus que
plusieurs de mes pairs hétéros-cisgenré-es, peut être moins que plusieurs
de mes ami-es queers. J’ai été déçu-e à plusieurs reprises, ai beaucoup
souffert et ai perdu plusieurs illusions. J’ai également appris que les
relations humaines sont plus profondes, plus larges, plus mystérieuses,
plus diverses, plus perverses, plus intenses, plus libres, moins
définissables et plus belles que je l’avais initialement cru. Le mot queer,
pour moi, symbolise cet espoir de relations diverses, l’espoir qu’il y ait
plus que deux genres et plus qu’une sorte de relations amoureuses. En bref,
le mot « queer » signifie des possibilités infinies d’amour, de plaisir et
d’expression de soi. Pour moi, c’est tout ce que j’aurais pu souhaiter,
tout ce que j’aurais oser espérer et encore plus. Le queer et les queers
sont mon espoir pour l’humanité.
==
__________________________________________Liste asse-support.
Liste de discution de l'Association pour une Solidarité Syndicale
Étudiante (ASSÉ)
support(a)listes.asse-solidarite.qc.ca
--
Elisabeth Alice Coutu*
Etudiante au baccalauréat, UQAM*
*Communication: animation et recherche culturelles
*
*Cellulair**e: 514-524-4023*
*
*