Bonjour à toutes et tous !
Suite au message envoyé de la part des coordonnateurs du CRAM, il nous
semblait pertinent, en tant que militantes du comité femmes de l'ASSÉ,
d’évoquer quelques précisions en lien avec les propos tenus par le conseil
régional.
Tout d’abord, nous sommes heureuses de constater que l’état actuel de la
présence de femmes dans les comités ne passe pas inaperçu. En effet, la
faible présence quantitative de femmes nous pousse ainsi à opter pour des
mots d’encouragement incitant à la participation politique, un domaine qui
se repose sur une norme représentative d’hommes blancs. Or, limiter la
réflexion à la présence espérée (ou l’absence marquée) des femmes en
politique, ne serait-ce que par bonne foi maladroite, cantonne le problème
des femmes et l’espace public au domaine politique et au culte de la
visibilité, et propose des mesures qui font écho au propre du féminisme
davantage libéral, c’est à dire un encouragement qui se mesure en termes
strictement quantitatives (quotas, politiques de parité) sans poser un
regard sur les variables qualitatives qui poussent vers une telle
invisibilité.
Une simple incitation n’est pas assez et ne permet que de jeter de la
poudre aux yeux sur des dynamiques structurelles qui divisent la société en
fonction de classes sexuelles à qui se voient attribuer des normes,
attitudes, comportements, privilèges (ou le contraire). Les stéréotypes qui
teintent nos rapports interpersonnels et notre constitution en tant que
personne ne se font pas en vase clos. Par exemple, la gauche n‘est pas
exempte du *mansplaining*, une tendance masculine dans les conversations
qui poussent vers des interruptions, justifications ou monopolisation de la
parole.
À la lumière de la situation actuelle, il reste primordial de certes,
encourager les femmes, sans toutefois prétendre qu’elles ne se présentent
pas par manque de volonté. Il faut tourner son regard vers l’ensemble des
dynamiques sociales, politiques et économiques qui se voient traduites par
des institutions, attitudes et responsabilités qui alimentent des
difficultés (on vous invite ainsi à lire, entre autres, la prochaine
parution de l’Ultimatum dans laquelle il y aura un article qui traite de la
question des femmes au Québec dans la conjoncture économique actuelle). La
genèse des rapports sociaux entre les sexes s'est structurée sur une
relation de domination et de subordination, aussi banale qu'un telle
affirmation puisse paraitre en 2014. Les violences systémiques,
institutionnelles, psychologiques, physiques, discursives qui se font
envers les femmes ne sont pas le reflet de choix effectués par la classe
sexuelle des femmes, mais d'une perpétuation des idées construites autour
des sexes et des attitudes qu'on juge normales, inscrites et codées
socialement pour en détacher son origine même. Nous jugeons également
important de se questionner sur les privilèges incarnés trop souvent pris
pour acquis. Hélas, voici que quelques uns des facteurs qui doivent être
pris en considération pour analyser le manque de femmes dans les comités à
l’ASSÉ.
(Pour en savoir davantage sur le *mansplaining*:
http://bitchmagazine.org/post/seven-studies-proving-mansplaining-exists)
We have to talk about liberating minds as well as liberating society
-Angela Davis
Solidairement,
Aleksandra Pelletier, Jeanne Reynolds, Myriam Leduc du Comité femmes de
l'ASSÉ