Bonjour camarades,
L'exécutif a reçu plusieurs commentaires relativement aux différents
avis de motion portant sur le changement de nom de l'organisation. Il
semble que la position soit davantage conflictuelle que l'exécutif ne
l'imaginait, et, en ce sens, nous prenons l'entière responsabilité
d'avoir soulevé cette question de manière bien maladroite. En effet,
alors que l'automne s'annonce chargé, il nous semble actuellement
beaucoup plus prioritaire de prendre des décisions relatives au plan
d'action de l'organisation plutôt que de se déchirer sur la question
du changement de nom de notre organisation.
En ce sens, l'exécutif a décidé de retirer les propositions relatives
au nom de l'organisation du cahier de Congrès. Il est important de
souligner qu'il ne s'agit pas ici d'une renonciation de la part de
l'exécutif à tenir ce débat. En effet, plusieurs considérations nous
amènent à penser qu'il serait pertinent, à tout le moins, de débattre
de la question. Or, le moment choisi n'était pas approprié, et, afin
d'assurer la cohésion interne et la priorisation de l'élaboration d'un
plan d'action pertinent sur d'autres questions qui nous apparaissent
secondaires, nous avons décidé de reporter la question à un éventuel
Congrès d'orientation. Nous éclaircirons d'ailleurs les raisons de
cette proposition par un texte de réflexion qui fera partie du cahier
de préparation dudit Congrès.
Solidairement,
Le Conseil exécutif
--
Keena Grégoire
Secrétaire aux affaires externes
Coalition Large de l'Association pour une Solidarité Syndicale
Étudiante (CLASSE)
www.asse-solidarite.qc.ca
externe(a)asse-solidarite.qc.ca
Bureau: (514)-390-0110
Cellulaire: (514)-923-2773
Bonjour à toutes et à tous,
je dépose ma lettre de candidature au poste de Secrétaire aux affaires internes de l'ASSÉ. L'appui est à venir. On se voit au congrès.
Jeanne Reynolds
Camarades,
Je ne vous écrirai pas une longue lettre aujourd'hui, mais je dois vous annoncer ma décision de démissionner de mon poste de secrétaire aux affaires académiques de l'ASSÉ.
Lorsque je me suis présenté en mai dernier, je vous avais déjà fait part de ma fatigue. J'aurais cru être en mesure de me reposer un peu pendant l'été, mais ce ne fût malheureusement pas possible. Le plan d'action estival ayant reposé en grande partie sur les épaules de l'équipe nationale, je n'ai fait qu'aggravé mon cas. À cet état d'épuisement, s'ajoute mon impression que ma place n'est pas sur un exécutif national. J'ai l'impression d'être déconnecté de ce qui se passe dans les associations locales et des débats des assemblées générales. J'ai l'impression de me butter à la perception apriori négative qu'ont une bonne partie de la base militante de l'ASSÉ face à l'exécutif national. Et j'ai l'impression que je ne peux pas m'exprimer librement sur les débats à l'interne, car mes opinions vont automatiquement être attribué à l'ensemble de l'exécutif. Je vis mal avec cet obligation d'autocensure qu'implique un poste sur l'exécutif national.
De plus, je suis quelqu'un qui a besoin de prendre du temps et un certain recul pour analyser les conjonctures et formuler des stratégies. Or, le rythme de travail sur l'exécutif national impose l'urgence des dossiers à court terme. Je n'arrive pas à trouver le temps de prendre ce recul et j'ai l'impression de moins servir l'ASSÉ sur l'exécutif que lorsque je n'y étais pas.
Je resterai très certainement proche de l'organisation et je compte continuer à m'occuper de certaines tâches que je m'étais engagé à faire pour ne pas surcharger l'équipe actuelle.
Solidairement,
- Alain Savard
P.S. : La date limite pour déposer sa candidature sur l'exécutif national est ce vendredi 14 septembre avant 23:59. Il y a trois postes de libre, et malgré ma démission, je souhaite vraiment que nous puissions avoir un exécutif plein.
P.P.S : Et que j'en vois pas un insinuer que je démissionne à cause de la controverse sur le changement de nom.
Bonjour,
Voici le message de solidarité envoyé par la CLASSE hier à Chicago Teachers
Union qui ont déclenché leur grève aujourd'hui:
http://www.bloquonslahausse.com/la-classe/a-linternational-2/
Solidarité pour une éducation publique de qualité, du Québec à Chicago
Au cours des derniers mois, des enseignants, étudiants et membres de la
communauté de Chicago se sont organisés afin d’obtenir un contrat équitable
avec le Chicago Board of Education, en dépit de rassemblements
communautaires et de négociations intensives. La date du 10 septembre se
dessine pour le début d’une grève.
Se dirigeant vers la première grève des enseignants à Chicago depuis les
derniers 25 ans, le Chicago Teachers Union, syndicat représentant 26 000
professeurs d’écoles publiques, a ouvert un quartier général de grève et
déclare: «pendant trop longtemps, nos étudiants ont été floué, leurs
enseignants ont été sapés et leurs écoles ont été financièrement affamées
des ressources dont ils ont besoin. »
La Coalition Large pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE)
souhaite étendre son soutien et sa solidarité au Chicago Teachers Union
dans sa lutte pour préserver une éducation publique et équitable de qualité
à Chicago.
Face à cette annonce de grève à venir et d’actions communautaires soutenues
afin de mobiliser les enseignants et les membres de la communauté autour de
la cause de l’accessibilité en édutaction, nous vous saluons depuis les
rues de Montréal. Au Québec, une grève étudiante historique, poussée par la
démocratie directe, des manifestations de masse et des actions directes, a
récemment remporté une victoire majeure en bloquant les tentatives faites
par le gouvernement du Québec d’augmenter les frais de scolarité
universitaires de 82%. Les enseignants et les professeurs ont joué un rôle
important dans cette grève sous la bannière «Profs Contre la Hausse».
Les étudiants du Québec se sont battus pour l’accessibilité en éducation,
menacée par des politiques néolibérales dont l’intention est de privatiser
les services publics, notamment l’éducation. Une éducation postsecondaire
de moins en moins accessible et la flambée de la dette des étudiants aux
États-Unis a montré que l’approche néolibérale va à l’encontre d’une
éducation publique accessible et de qualité, tant au niveau primaire que
post-secondaire.
Le Chicago Board of Education se prépare maintenant à fermer plus de 100
écoles de quartier, tout en déplaçant le financement de l’éducation
publique vers un système mi-public, mi-privé à Chicago. Un tel déplacement
vers des solutions de libre marché, symbolisé par le financement accru des
« charter schools » aux États-Unis, n’est pas une réponse aux grands défis
que présentent l’enseignement public.
Le Chicago Teachers Union se bat en ce moment contre le Chicago Board of
Education et ses réformes qui prolongeront les heures de travail pour les
enseignants sans compensation adéquate, tout en coupant dans des fonds
importants pour l’art, la musique, l’éducation physique et les cours de
langue, en se concentrant de manière obsessive sur des tests standardisés
pour lesquels plusieurs experts ont démontré qu’ils n’étaient pas une
solution efficace aux problèmes rencontrés dans le système éducatif public
aux États-Unis.
Des milliers sont descendus dans les rues du centre-ville de Chicago au
mois de mai dernier pour appuyer les demandes du Chicago Teachers Union et
le syndicat a continué à mettre la pression. La CLASSE est solidaire de
votre combat face à la grève imminente.
La solidarité dans la lutte!
Coalition Large pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE)
(Redaction de message par le comité aux luttes sociales, traduction vers
français par Rouge Squad <http://rougesquad.org/>)
*ASSÉ vs CLASSE : un mouvement enraciné ou opportuniste ? *
Aujourd’hui, j’ai été choqué. J’ai été choqué de voir dans le cahier de
congrès plusieurs avis de motion déposés par le Conseil exécutif pour
changer le nom de l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante
(ASSÉ) pour que ce dernier s’arrime avec le nom de la désormais célèbre
Coalition large de l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante
(CLASSE). Quand j’ai vu le débat surgir sur les réseaux sociaux, j’ai
d’abord pensé qu’il s’agissait d’une blague. Suite à des vérifications, il
apparaît que cette bonne blague soit réelle …
*Un malaise plus profond*
Il n’est pas nouveau dans mon parcours militant au sein de l’ASSÉ que
certains militants et certaines militantes souhaitaient refaire l’image de
l’ASSÉ. Au début, c’était le discours de l’ASSÉ qui choquait. Il y avait
trop de référence à l’anticapitaliste. L’ASSÉ s’alliait toujours avec des
groupes plus radicaux et pas avec les centrales syndicales et une certaines
franges moins combative du communautaire. On préférait à ce moment ne pas
se joindre à la « Coalition pour un Québec sans pauvreté » car leur
revendication était trop minimaliste. Alors nous avons créé avec des
groupes communautaires plus combatif une coalition pour mettre de l’avant
un discours plus radical entourant le phénomène de pauvreté. Je me
souviens encore des manifestations du 1er mai, quand l’ASSÉ organisait avec
plusieurs groupes plus marginaux le contingent « précaire en colère ». Un
contingent qui visait à mettre le syndicalisme de combat à la marche des
syndicats. Maintenant, au lieu de faire le débat sur quel genre de 1er mai
on veut, on participe « aux événement du premier mai », histoire de ne
déplaire à personne. Les résultats étaient peut-être mitigés, mais on le
fessait car on croyait au discours qu’on mettait de l’avant. On n’essayait
pas d’adapter notre discours, on essayait de convaincre les gens que notre
discours était juste.
Ensuite, on a critiqué notre esthétisme qui était supposément dépassé. Il
fallait refaire le site web et changer notre graphisme en générale.
Maintenant, on se contente plus de track fait un peu rapidement car on en a
de besoin là. Maintenant, il faut plaire, il faut taper l’œil. Et ici, je
ne veux pas aborder la question de notre perception des médias de masse et
du comment il faut collaborer/s’en servir. Je ne veux pas dire ici que je
suis contre le fait que l’ASSÉ s’allie parfois avec des groupes moins
radicaux pour mener à terme des campagnes politiques. La *Coalition opposée
à la tarification et la privatisation des services publics* est un bon
exemple que l’on peut mener des campagnes pertinentes autant dans le
discours que dans les actions avec des groupes qui n’ont pas les mêmes
modes d’action que nous. Je ne veux pas dire non plus que l’ASSÉ n’aurait
pas due élever ces standards en graphisme. Le matériel d’information
produit durant la grève était impeccable alliant à la fois le discours et
l’esthétisme. Je ne veux pas dire que le travail fait sur les réseaux
sociaux a perverti l’ASSÉ à l’instantanéité. Au contraire, je trouve que
l’ASSÉ s’est bien adapté et même démarquer dans ce domaine.
Je ne veux surtout pas accuser le Conseil exécutif d’être de mauvaise foi
et de s’attarder à des débats futiles et c’est bien important que cette
courte réflexion soit interprétée ainsi. Je considère au contraire que
l’exécutif actuel fait un bon travail, que leur proposition de plan
d’action est à quelques petits points excellents. Je veux simplement
signifier que à mon avis cette proposition n’a pas sa place dans le cahier
de congrès. Qu’à la limite, s’il y a une volonté réel pour changer le nom
de l’organisation, que ce débat ait lieu lors du prochain congrès
d’orientation prévu au printemps 2013. Encore là, je ne serais pas à l’aise
à renier notre histoire. Comme Gabriel Nadeau-Dubois a conseillé à Léo
Bureau-Blouin sur twitter suite à son élection : « Seul conseil: n'oublie
pas d'où tu viens ». J’ose espérer que ce conseil s’applique aussi à nous :
N’oublions pas d’où on vient !
En fait, tout a changé à l’ASSÉ depuis que je m’y implique (2005), sauf les
principes de base, le nom et le logo. Encore là, le logo à souvent fait
partie de discussion sans devenir un réel projet sur la table. Mais là, je
dois avouer que le changement de nom dépasse les bornes. En plus, ce n’est
pas comme si le changement de nom venait d’un changement de nature de
l’organisation. Le changement de nom n’a comme seul objectif de se coller
au nom de la coalition de grève (CLASSE) pour profiter de sa popularité et
du fait qu’il est connu du grand public. Donc un peu comme Garou ou Cœur de
pirate, une organisation dite combative et démocratique, minimalement
critique du capitalisme propose de changer de nom, car la CLASSE serait
plus connu et populaire. Voici les propositions actuellement sur la table :
*1.* Confédération de lutte des associations pour une solidarité syndicale
étudiante (CLASSE).
*2. *Coalition de lutte des associations pour une solidarité syndicale
étudiante (CLASSE).
*3. *Centrale de lutte des associations pour une solidarité syndicale
étudiante (CLASSE).
*4. *Convergence des luttes des associations pour une solidarité syndicale
étudiante (CLASSE).
J’ose espérer que notre mouvement et les principes que l’on met de l’avant
sont plus enracinés que le nom de l’organisation qui la défend.
Alex Desrochers, militant de l’organisation depuis 2005
--
Alex Desrochers
Allo, tous et toutes,
j'ai trouvé un bilan de la grève presque au jour le jour avec beaucoup de photos et de vidéos. Je l'ai pas lu au complet, je sais pas ce que ça vaut, mais c'est vraiment un beau travail d'assemblage d'informations. Ça pourrait être TRÈS utiles à des associations étudiantes qui travailleraient sur des bilans pour leurs assos ou pour le nationale.
Donc je laisse le lien ici ; http://www.crimethinc.com/texts/recentfeatures/montreal1.php
Myriam
AÉAUM
Bonjour à tous-tes,
Le comité luttes sociales est présentement disponible pour venir présenter
les luttes étudiantes récentes et actuelles à l'international dans vos
assemblées générales, leur possibilité de convergence, les mesures
d'austérité globalisées dont fait partie la hausse des frais ainsi que le
projet de grève étudiante mondiale du mois de novembre.
Étant donné que la marchandisation de l'éducation se fait à une échelle
mondiale, le rapport de force se doit d'être de la même ampleur!
Si vous êtes intéressé-e-s à ce qu'un-e membre du comité luttes sociales
vienne présenter dans votre prochaine assemblée générale, répondez à ce
courriel en précisant le nom de votre association et la date de votre AG.
Comité aux luttes sociales
Bonjour à toutes et tous,
Ci-dessous un texte de réflexion faisant un bilan très très partiel et très
"à chaud" amenant quelques points liés à la fin de la grève. Je vous invite
à le lire et à y apporter des commentaires et critiques.
La lutte continue, le sommet s'en vient!
S.R
--
*
*
Alors que la dernière association étudiante en grève au Québec va rentrer
en classe lundi 10 septembre, il importe de se questionner sur un bilan
partiel et à chaud de la grève. Si l’ambiance semble être partagée entre
morosité et joie face à ce que l’on a déjà commencé à qualifier de
victoire, il semble pertinent de tenter de brosser une ébauche de portrait
des résultats de cette grève. Ce texte ne se veut en aucun cas un bilan
exhaustif de la grève. Il n’est pas une réponse à tout et ne prétend
aucunement être capable de brosser un portrait complet de la situation. Il
s’agit d’une simple contribution à l’analyse et à la réflexion nécessaires
devant suivre un tel mouvement. Contribution, venant, qui plus est, d’un
acteur interne à ce mouvement depuis ses tous débuts.
*
*
*Une mobilisation historique*
En premier lieu, il est important de souligner le caractère proprement
historique de la mobilisation que nous venons de vivre.
Cette grève, en plus d’avoir forcé la démission de ministres et le
déclenchement d’élections, a été parmi les plus longues de l’histoire, si
ce n’est la plus longue (210 jours pour l’Association étudiante facultaire
des Arts de l’UQAM, la première et dernière en grève). Tout au long de
notre lutte, nous avons également organisé un nombre gigantesque d’actions
de perturbation, de manifestations (par centaines...), etc. dont les plus
grandes marches qu’aient vécu le Québec et le Canada. Du jamais vu par
rapport aux grandes mobilisations précédentes (dont 2005).
De plus, nous avons également, et malheureusement, une fois de plus
constaté les dérives autoritaires de l’État, par notamment : l’arrestation
de plus de 3200 camarades (un record, hélas); l’adoption d’une loi spéciale
liberticide et autoritaire par le parlement pour tenter de nous casser
(encore une fois une première historique contre les étudiante-e-s) et des
dépenses de plusieurs dizaines de millions de dollars dans les services de
police. Non pas que nous n’attendions pas de réponse violente de la part de
l’État, mais cette répression politique et les moyens engagés pour la
perpétrer ont été sans aucune commune mesure avec ce à quoi nous aurions
raisonnablement pu imaginer.
À titre d’exemple, tout à fait non exhaustif, des répercussions de cette
grève, on pourra mentionner :
- La démission d’une ministre de l’éducation
- La dissolution d’un parlement encore en séance bien avant le terme
prévu;
- La défaite d’un chef de gouvernement et de parti dans son propre comté;
- La démission de ce même chef suite à sa défaite;
- L’adoption d’une loi spéciale liberticide que nous avons massivement
défiée avec succès;
- L’atteinte de l’annulation de la hausse par l’élection d’un
gouvernement péquiste (à savoir si cette élection est un gain ou non est
une autre question);
- Les plus grandes manifestations de l’histoire du Québec et du Canada;
- La campagne de répression exacerbée que nous vécu et qui n’a tout de
même pas réussi à venir à bout du mouvement.
En tant que tel, il est clair que, malheureusement, peu de mouvements
sociaux (à part peut-être les divers groupes instrumentalisés par la CIA à
des fins de coups d’État) pourraient se targuer d’avoir accompli de telles
choses seulement par leur lutte et leur acharnement sans faille.
Nous avons également réveillé par notre action collective une partie de la
population qui percevait le politique avec un fort sentiment de désintérêt
et de défiance. Cette sensibilisation à des enjeux plus larges comme la
lutte contre le néolibéralisme ou plus largement le capitalisme n’est pas
négligeable. Il s’agit d’un premier pas dans une direction incertaine, mais
intéressante.
Des manifestations massives aux casseroles dans les quartiers populaires de
Montréal aux actions de perturbation dans les régions ou encore les actes
de solidarité entre diverses luttes syndicales et sociales (on se
souviendra des manifestations avec les travailleuses et travailleurs
d’Aveos puis d’Alcan), nous avons ouvert des horizons de solidarité et de
luttes sans précédent.
De sa torpeur, une partie du Québec a été arrachée violemment par le
mouvement que nous avons connu. C’est, en soi, une chose absolument
remarquable. La progression de nos idées de justice sociale, de lutte plus
large contre le néolibéralisme a été remarquable. La qualité de notre
mobilisation est en soit une fierté que nous pouvons nous attribuer
collectivement.
La déroute de la droite est également un objet intéressant. Nous avons mis
en échec tous nos adversaires politiques qui ont pourtant utilisé tous les
moyens possibles et imaginables pour tenter de nous briser. Une déroute qui
ne s’est toutefois pas concrétisée dans le résultat des élections, signe du
manque de représentativité d’un des deux mouvements (et bien honnêtement,
il nous semble évident que le manque de représentativité est plus à
attribuer au parlementarisme qu’à la démocratie directe...).
Il ne faut donc pas marginaliser ces répercussions dans un flot de
déception lié à la non-atteinte d’autres objectifs plus larges. Ces actes
sont historiques, à l’échelle même de la planète.
Un bilan morose malgré tout, après une fin abrupte?
Si bien entendu nous avons l’impression de ne pas avoir tout à fait gagné,
c’est que nous nous sommes collectivement donné d’autres objectifs plus
larges, consciemment ou non, au cours de cette mobilisation.
Ainsi, en abordant des questions fondamentales comme le choix du mode de
production et de la superstructure politique dans lesquels nous évoluons,
nous avons tenté de changer plus profondément les choses. Ces objectifs
“supérieurs” par rapport à nos revendications de début de campagne n’ont
pour le moment pas été remplis (et rien n’indique qu’ils puissent l’être
dans un futur proche).
Du fait du décalage de notre éveil face à la stagnation intellectuelle,
voire la torpeur profonde, dans laquelle se trouve la population, nous
avons échoué à rendre possibles ces changements pour le moment. Nous
n’avons par ailleurs pas su prendre le tournant de la campagne électorale
pour continuer à faire passer nos messages et nos projets de société dans
l’arène politique exacerbée qui s’offrait à nous. Il ne s’agissait pas de
légitimer le parlementarisme, bien au contraire, mais plutôt de profiter
d’un espace public hypersensible pour forcer au débat sur des projets de
société et des questions fondamentales plus larges que celles posées lors
de la campagne que nous avons vécu et qui a été marquée par une pauvreté
intellectuelle sans précédent.
Si ainsi, nous avons manqué ce tournant, nous ne devons pas avoir honte de
notre parcours. Nous avons pris conscience collectivement de la nécessité
de changer les choses plus en profondeur encore. Nous ne pouvions peut-être
pas le faire dans l’immédiat, mais il ne faut pas se décourager.
En effet, les changements que nous avons apportés sont probablement plus
profonds que l’on ne pourrait le penser. Une société qui s’éveille dans un
moment mobilisateur comme celui que nous avons créé est une société qui est
marquée profondément. Il y a là, quelque part, un traumatisme et une
évolution dans la conscience collective (si tant est qu’elle puisse
vraiment exister).
Si maintenant, nous nous sentons floué-e-s par une fin de grève qui semble
ne pas nous satisfaire, c’est également probablement à cause de la facilité
avec laquelle le Parti Québécois a temporairement mis fin à notre
mouvement, en affirmant qu’il allait annuler la hausse. Comme si nous nous
étions fait ravir la fin de notre grève par un décret gouvernemental. On
comprendra ici la déception, le sentiment de flottement que nous semblons
ressentir face à ces événements. Il suffisait d’un simple décret pour
accomplir notre objectif premier : l’annulation de la hausse. Maintenant
que nous savons que cela sera fait, nous avons le sentiment que quelque
chose de plus grand nous retient. Quelque chose de latent. Qui ne se
traduit que trop mal pour le moment. Un jour nous étions là, pendant sept
mois à se faire tabasser dans les rues, à nous faire qualifier de tous les
noms dont nos réactionnaires nationaux ont pu nous affubler, et le
lendemain d’une élection vide de sens et de débats de société, nous voici
en classe, avec notre objectif premier accompli. À ne plus rien y
comprendre. D’où le difficile sentiment d’anomie que beaucoup d’entre nous
ressentent.
Dans tous les cas, il importe de marquer cette grève d’un signe de
victoire. Car, oui, nous avons accompli de grandes choses. L’action
collective et la solidarité ont une fois de plus montré leurs forces face à
l’injustice et face à l’arbitraire. Nous n’avons pas flanché, nous avions
raison. Pour la pérennité de nos mouvements, il est capital de le présenter
comme tel. Nous n’avons pu gagner que par la combinaison de plusieurs
moyens d’action, dont le principal a finalement été la grève, qui elle-même
nous a permis d’organiser bien d’autres choses. Ainsi, pour la postérité,
soyons fières et fiers de notre mouvement, nous pouvons raisonnablement
l’être.
N’oublions par ailleurs pas que notre lutte est un exemple pour bien
d’autres groupes sociaux qui ont pris conscience de la force de l’action
collective. La grève a prouvé sa pertinence dans ce conflit et a pu
renforcer certains acteurs dans d’autres mobilisations. Si le Chili ou
l’Angleterre ont pu nous inspirer, il faut prendre conscience que nous
venons de construire un des mouvements les plus solides dans le monde.
Si nous n’avons pas accompli tout ce que nous souhaitions, rappelons
également que l’histoire est foncièrement une dialectique : elle évolue par
résolution des contradictions internes à une société. Nous avons remis en
lumière une contradiction dont nous connaissions l’existence et fait un
autre pas pour tenter de forcer à sa résolution à travers la dialectique.
Ce n’est pas rien. En fait, disons-le franchement, ce n’est que partie
remise.
*
Le post-grève et ses répercussions*
Le bilan post-grève n’est malheureusement pas que positif. En effet, de
nombreux éléments sont très inquiétants a posteriori.
Premièrement, nous avons pu constater une nouvelle fois l’arbitraire de
l’État et son potentiel fondamentalement répressif et dangereux. La mise en
exergue de ces dynamiques par la création d’une situation de crise est un
élément fort intéressant pour comprendre le fonctionnement des structures
de domination et de répression modernes dans les démocraties libérales
occidentales. De l’utilisation de la police et de groupes paramilitaires
(comme la SQ) ou l’adoption de loi liberticide allant à l’encontre du
respect de nos libertés fondamentales, ou encore la démonisation
d’individus en particulier et l’utilisation de chefs d’accusation
terroristes pour des actes qui n’en étaient pas, nous avons pu constater un
virage dangereux et inquiétant pour la population. Plusieurs d’entre nous
ont vécu dans la peur de venir se faire chercher par la police sans aucun
motif valable, ou de devoir répondre d’actes non fondés pour seulement
tenter de nous mettre “hors-jeu”. Quand les citoyennes et citoyens ont peur
de l’État de cette façon, il y à lieu de se poser de sérieuses questions
quant à la société dans laquelle nous évoluons collectivement et le respect
des libertés civiles qui nous restent.
Deuxièmement, la grève va laisser des traces indélébiles pour bien des
gens. Commençons par le plus évident : les blessé-e-s. Il y en a eu des
graves. Nous avons la “chance” de ne pas avoir de victime ayant connu un
sort fatal. Ce n’est là certainement pas grâce aux forces de police.
N’oublions pas non plus les quelques 3200 arrêt-é-e-s ayant connu les
arrestations arbitraires, l’humiliation, le mépris et la vexation, et
parfois même la violence physique extrême s’apparentant à de la torture, de
la part de la police et des tribunaux. Ces personnes seront à jamais
marquées par l’arbitraire et l’injustice d’un système judiciaire biaisé en
faveur du pouvoir et terriblement dur envers les mouvements sociaux. S’il y
a fort à parier que bien des accusations vont tomber bientôt, il ne faut
pas négliger l’impact de ces traitements cruels et hors de toute humanité.
D’autres encore se sentent lesé-e-s de la surmédiatisation de certains
groupes. Il est vrai que cette grève a été un exemple troublant de
surenchère médiatique (pas forcément négative pour le mouvement) envers
certaines catégories du mouvement (portes-paroles, groupes artistiques,
littéraires, scabs, radicaux, etc.), et pas nécessairement celles ayant
construit le rapport de force. Si l’on ne veut pas ici jeter de pierre
envers qui que ce soit, puisque tout le monde a aidé par divers moyens au
succès du mouvement, il y à tout de même lieu de se questionner sur cette
médiatisation et sur la dépossession de la lutte des militant-e-s ayant
sacrifié presque tout dans leur vie pour que le mouvement puisse se
construire et éclore. L’impression que certains groupes n’ont fait que
“surfer sur la vague” est forte auprès de bien des militant-e-s qui
perçoivent ces groupes comme étant purement opportunistes. Ainsi, le
sentiment de se faire déposséder de notre mouvement est un sentiment fort
et frustrant face auquel nous n’avons que peu de réponses à part une
reconnaissance sans bornes aux gens qui ont aidé à construire le mouvement.
“Que l’on écrive des livres sur la grève tant mieux, mais qu’au moins on
demande aux principales et principaux intéressé-e-s, pas à des gens arrivés
après que tout ait été déjà bien installé” entend-on souvent dans certains
cercles.
À l’inverse, notons tout de même que la surmédiatisation de certains
groupes a également permis de déconstruire certains préjugés, et par là
même de faire de l’éducation populaire. Ne pensons qu’aux nombreux
articles, de qualité variable, visant à expliquer ce qu’est un black bloc.
Cela a également servi, malgré tout.
*
Maintenir des liens de solidarité
*
Face à une telle situation, il importe de façon prioritaire de maintenir
les liens de solidarité que nous avons construits tout au long de la mise
en place de notre mobilisation et de notre grève. Ces liens de solidarité
sont notre plus belle et plus efficace “arme” contre un État qui en possède
de vraies, qui tuent.
Les liens organisationnels, affinitaires, sociaux, culturels, etc. doivent
se maintenir. Ils sont là notre principale force et notre capacité de faire
d’autres grandes choses. Ils sont également une façon de rester solidaire
et d’apporter un soutient à toutes celles et tout ceux qui en auront besoin
après la grève.
Ces liens seront une des bases d’une mobilisation ultérieure. Il importe de
tendre à les maintenir, voire à les élargir vers des bases plus populaires
et inclusives. Tissons des liens avec les autres luttes sociales, avec les
autres groupes en lutte. Maintenons un discours de justice sociale. Faisons
nous voir encore.
Enfin, rappelons-nous ici encore une fois : la grève ne s’est pas
construite toute seule. De nombreuses personnes ont sacrifié de larges pans
de leurs vies, ont usé de leur santé, leur argent, leurs relations, leurs
études, etc. à l’élaboration de ce rapport de force; de nombreuses
personnes ont souffert, ont dû subir l’humiliation, la bêtise, la
répression, la violence tout au long de la grève spécifiquement. Il importe
de leur rendre hommage, sans elles et eux, rien n’aurait été possible.
*La lutte est loin d’être finie
*
Si dans l’immédiat notre lutte semble s’achever lentement, il ne faut pas
oublier que nous avions également des bases intellectuelles et politiques
plus larges derrière un tel refus d’une augmentation des droits de
scolarité, dont notamment la gratuité scolaire et l’accès à une éducation
de qualité, publique et libre de toute ingérence du privé et plus
généralement de l’influence du mode de production qui nous est imposé. Ou
encore, ne serait ce que le refus de l’utilisation du terme légaliste
“droits de scolarité” pour désigner les coûts monétaires que nous devons
défrayer pour notre éducation, puisque payer pour un droit est un concept
profondément antinomique et incohérent (un droit est inaliénable et
non-monayable ou n’est pas).
C’est pourquoi il est capital de ne pas baisser les bras et de ne pas
relâcher notre attention dans les mois à venir. Nous savons déjà qu’un
sommet gouvernemental sera organisé sur la question du financement
universitaire et de l’état de nos universités. Il ne faut pas se leurrer,
le Parti Québécois a d’ores et déjà affirmé qu’il était en faveur de
l’indexation des droits de scolarité, et a exclu la gratuité scolaire des
débats. Les dés semblent déjà pipés. Nous rappelant un sommet organisé en
2010, par les libéraux.
Face à cette menace, demandons-nous : à quoi bon avoir fait presque 7 mois
de grève si la hausse n’est finalement bloquée qu’un petit cent jours? Il
faut se mobiliser et préparer la suite. La gratuité scolaire est un projet
de société inclusif et réaliste à l’échelle des finances publiques
québécoises. Battons-nous sur les bases politiques et sur la promotion de
notre modèle de société comme nous avons su si bien le faire avec la CLASSE.
Dans un second temps, il est primordial que nous entamions une réflexion de
fond sur la question de la nécessité de pratiquer de l’éducation populaire
et par quels moyens celle-ci pourrait se faire.
Si le mouvement que nous avons construit a mené à une conscientisation
d’une partie de la population, il n’en reste pas moins que plus de 50% de
la population votante (la distinction est importante) a choisi de donner
son vote à des partis ayant supporté l’adoption d’une loi liberticide et
anticonstitutionnelle, faisant la promotion de la violence contre les
étudiant-e-s et ayant une vision purement marchande de l’éducation. Il
importe de se questionner sur ces chiffres. Il importe également de se
questionner sur la façon dont nous devrions faire la promotion de nos idées
et de nos valeurs de justice sociale. Et il est possible d’être “radicaux”
tout en étant inclusifs. La pédagogie est notre plus belle qualité.
Autre cheval de bataille, la démocratie directe a été remise en question
par les vieux partis à l’Assemblée nationale. Il serait important que nous
y apportions en réponse une critique structurée et cohérente du
parlementarisme, qui a été perçu, à tort ou à raison, comme une façon de
sauver la situation et de sortir de la crise. S’il est vrai que c’est
ultimement l’élection du Parti Québécois qui va mener à l’annulation de la
hausse, il est encore plus vrai que c’est cette même élection qui risque de
tuer complètement le mouvement social plus profond qui s’était construit.
Nous avons gagné un peu pour perdre beaucoup sur le terrain de la substance
politique et des débats de société avortés.
Ainsi, dans notre effort d’éducation populaire il serait bon que nous nous
efforcions de prendre une tangente pédagogique visant à délégitimer le
système parlementaire libéral, et finalement son infrastructure, le
capitalisme, afin d’apporter des alternatives politiques réalistes et
cohérentes.
Notre force a été d’amener de l’espoir, des idées nouvelles, positives et
réalistes. Gardons cette dynamique.
Restons mobilisé-e-s. Restons attentives et attentifs. Restons fières et
fiers de ce que nous accompli collectivement. Acceptons le sentiment
d’inachevé et de flottement comme un sentiment normal qui pourra
éventuellement être résolu un jour. La dialectique est en marche. Nous
avons été collectivement belles et beaux. D’une intelligence superbe. D’une
fraîcheur géniale. Malgré tous nos petits échecs, tous nos petits tracas.
Nous avons sacrifié beaucoup. Nous avons grandi beaucoup, également. Le
monde a changé. Ou plutôt, peut-être est-ce plus nous qui avons changé.
Comme des centaines de milliers d’autres personnes. Ne nous disons
toutefois pas que tout est gagné. Ne soyons pas trop satisfaits de
nous-mêmes. Beaucoup reste à faire. L’état de notre société est inquiétant,
ne nous leurrons pas. Mais ne perdons pas espoir.
*Nous sommes avenir. Et nous l’avons compris.
Ensemble, nous bloquerons de nouveau la hausse s’il le faut.*
*
Montréal, samedi 8 septembre 2012.
*
--
Samuel Ragot
Secrétaire général
Association facultaire étudiante de science politique et droit
Représentant étudiant au Conseil d'administration
Université du Québec à Montréal (UQAM)
Téléphone: 514.987.3000 #2632
405 rue Sainte-Catherine Est, H2L 2C4 / Local J-M775
@afesped / @samuelragot / www.afesped.org
Bonjour tout le monde,
Voici le cahier de préparation au prochain congrès de l'ASSÉ (oui, oui!)
qui se tiendra les 28 et 29 septembre prochains à Québec :
http://www.asse-solidarite.qc.ca/IMG/pdf/Cahier_de_Congres_des_28_et_29_sep…
--
Joël Pedneault
Permanent syndical pour la Coalition Large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE)
2065 rue Partenais #383
Montréal QC H2K 3T1
www.asse-solidarite.qc.ca
webmestre(a)asse-solidarite.qc.ca
Bureau: (514) 390.0110
Ouverture de poste à l'Association Étudiante du Cégep de Saint-Félicien (AECSF)
Titre : Attaché-e à l'exécutif
Informations suplémentaires en pièce jointe.
Guillaume Néron
Coordonateur Général et Porte-Parole
Association Étudiantes du Cégep de St-Félicien
t : 418.679.5412 poste 387
Courriel : aecsf(a)cstfelicien.qc.ca
guillaumener(a)hotmail.com