Bonsoir,
D’entrée de jeu, le moment d’envoi de ce message nous annonçant une porte
ouverte à la participation de l’ASSÉ au cirque de la Commission Ménard nous
semble déplorable. En effet, déjà il y a deux semaines, un exécutant
rapportait en public que Claudette Carbonneau cherchait à entrer en contact
avec l’ASSÉ. Qu’est-ce qui a empêché le Conseil exécutif de nous tenir au
courant de telles informations ? Surtout, qu’est-ce qui fait en sorte qu’il
ait attendu la veille de la rencontre avant d’en informer les membres ?
Les mandats qui ont permis à l’ASSÉ d’exprimer ses réserves sont sans
équivoque: Nous avons revendiqué, depuis le printemps 2012, une enquête
publique et indépendante. Ménard et cie ont eu des mois pour changer sa
structure. Il est trop tard: les travaux ont commencé depuis plusieurs
mois. Et depuis belle lurette, l’ASSÉ, d’abord méfiante, a confirmé qu’elle
n’y participerait pas au su de la mauvaise volonté des commissaires. Dans
ce contexte, pourquoi est-ce que la Commission cherche à nous rencontrer?
Pour nous faire paraître hésitantes et hésitants, pour attaquer la
cohérence de notre propos et se légitimer lors de leur exercices de
relations publiques. Serge Ménard se vantait déjà d’avoir eu la
collaboration des « principaux dirigeants étudiants et de leurs
collaborateurs » sans même que nous l’ayons rencontré. Les orientations de
cette commission sont suffisamment clairs pour que l’ASSÉ les interprète
avec extrême méfiance. Ils sont d’ailleurs disponibles en ligne pour le
plaisir de toutes et tous:
https://www.csprintemps2012.gouv.qc.ca/commission/mandat.html. L’analyse
des circonstances des manifestations et des actions de perturbation,
l’identification des facteurs ayant contribué à la détérioration du climat
social et l’évaluation des impacts sur la population, le dégagement de
constat en “s’appuyant sur des faits vérifiables” et la formulation de
recommandations au ministre de la Sécurité publique ne sont pas des mandats
qui correspondent aux exigences de l’ASSÉ pour une enquête publique et
indépendante sur la brutalité policière. Plus encore, en participant d’une
quelconque façon à cette mise en scène, nous risquons fortement de tomber
dans le piège d’aider au travail des services de répression étatique. De
plus, les motivations que nomment le Conseil exécutif ne sont pas
justifiées puisque plusieurs allié-e-s de l’ASSÉ, dont la Coalition opposée
à la tarification et à la privatisation des services publics, ont déjà fait
ce travail de clarification afin d’avoir plus d’information. La Coalition,
dont l’ASSÉ est membre, a émis un rapport suite à cette rencontre où il est
inscrit: “Cette commission d’examen n’a aucun pouvoir de contrainte et se
déroulera en partie à huis clos. Déjà, la Fraternité des policiers et
policières de Montréal et le Parti libéral du Québec ont annoncé qu’ils
boycotteraient la commission. La Ligue des droits et libertés, ainsi que
plusieurs groupes alliés, ont également publiquement annoncé qu’elle n’y
participerait pas. De plus, la commission n’a pas le mandat d’analyser les
agissements des policiers et les violations de droits qui auraient pu être
commises.” Ce document est disponible pour chacun-e des membres de l’ASSÉ.
Par ailleurs, nous nous questionnons sur l’urgence d’une telle rencontre,
argument justifiant l’absence de mandat. La Commission continuera ses
travaux suite au prochain Congrès. Dans le cas où cette rencontre
préoccupait le Conseil exécutif, il aurait été souhaitable de se saisir de
la question au local, dans nos assemblées générales, pour ensuite prendre
une décision éclairée en Congrès. La démocratie directe repose sur des
décisions prises par les membres et appliquées par le Conseil exécutif, non
le contraire. En somme, en rencontrant les commissaires, nous donnons de la
crédibilité à une Commission qui n’en a plus. Une Commission qui ne ne
redressera pas les torts infligés aux militants et militantes lors de la
grève générale illimitée de 2012; qui est loin de proposer l’amnistie; une
Commission qui, loin d’avoir un apport neutre, pourrait mettre en danger
notre capacité à nous mobiliser et atteindre son but: “prévenir les ‘crises
sociales”.
Jérémie Bédard Wien
Annabelle Berthiaume
Katherine Ruault
Étudiant.e.s en sciences humaines à l'QUÀM.
Le 15 septembre 2013 18:28, Lazlo Bonin
<information(a)asse-solidarite.qc.ca>a écrit :
Bonsoir camarades,
Ce courriel a pour but de vous informer que le conseil exécutif a résolu
de rencontrer des commissaires de la commission Ménard (la Commission
spéciale d’examen des événements du printemps 2012) demain matin, 16
septembre.
Il y a quelques jours, Claudette Carbonneau, l'une des commissaires, nous
a contacté au sujet de notre participation. Nous avons alors répondu que de
prime abord, les mandats de celle-ci ne correspondaient pas à nos
exigences, mais que le congrès ne s'était pas positionné. Suite à une
courte conversation, et une discussion au sein du conseil exécutif, nous
avons jugé qu'il serait bénéfique de les rencontrer en personne pour avoir
des détails clairs, de vive voix, sur la portée exacte de la commission.
Il s'agira d'une rencontre d'information, où nous serons ceux qui posent
les questions. Il a été établi très clairement que cette rencontre ne
témoignait en rien de la participation de l'ASSÉ à la commission. Nous y
allons dans l'optique de faire un rapport plus détaillé aux associations
locales pour que celles-ci puissent se positionner sur notre participation.
Jusqu'à présent, les seules informations que nous en avons proviennent des
médias de masse, et nous y voyons une lacune dans notre capacité à décider
en connaissance de cause.
Ce n'est pas la première fois que l'ASSÉ se confronte à une situation de
la sorte. L'année dernière, des délégué-e-s avaient rencontré la première
ministre et le ministre de l'éducation préalablement au Sommet afin de
savoir quels sujets y seraient abordé. Selon nous, l'exercice de la
démocratie directe repose sur une connaissance partagée du contexte de nos
débats.
Le bilan sera rédigé dans les plus brefs délais et diffusé aux
associations locales.
Solidairement,
Au nom du conseil exécutif,
--
Lazlo Bonin
Secrétaire à l'information
Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)
Cellulaire: (514) 971-1337
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