Bonjour,
ce sont des questions très complexes. Je vais essayer d'être le plus
bref possible, mais je pense que vous pouvez comprendre que ma réponse
ne sera que superficielle.
1) J'exprime souvent que la conception des rapports femmes-hommes est
probablement ce qui est le plus long à faire évoluer dans une société.
La raison principale de cet immobilisme ne réside pas selon moi dans
la mauvaise volonté de la population, mais plutôt dans son analyse
inadéquate des inégalités. Les connotations liées au langage et à la
culture ont la vie dure et c'est sans doute ce qui explique que la
population soit réfractaire aux idéaux féministes : elle ne reconnaît
même pas qu'il y ait un problème. Pour moi c'est cela le féminisme.
C'est établir un regard critique sur les rapports entre personnes afin
de déceler les rapports de domination et les asymétries systématiques
qui sont toujours récurrents au sein d'un groupe. Cela s'applique
tout d'abord dans les rapports entre les hommes et les femmes, mais la
même grille d'analyse peut (et doit) être utilisées pour tous les
rapports entre personnes.
Je suis féministe depuis de nombreuses années grâce entre autre à une
de mes professeures de français du cégep avec qui j'ai beaucoup
échangé sur l'avenir du féminisme au Québec. J'ai fait un long
cheminement et je pense que c'est important de comprendre que devenir
féministe ça peut prendre du temps surtout pour les gens qui ne sont
pas quotidiennement en contact avec le discours militant et avec des
gens qui applique concrète un féminisme qui n'est pas que de façade.
J'ai amené beaucoup de positions féministes à l'association de musique
de l'Université de Montréal et je tente tranquillement de développer
une culture de féminisation tant à l'oral qu'à l'écrit (c'est
surprenant de voir à quel point les gens peuvent s'y opposer). J'ai
cosigné cet hiver une lettre ouverte dénonçant le carnaval de la
FAÉCUM et sa promotion d'une image soumise et sexuellement explicite
des femmes. Le plus grand scandale entourant cet évènement n'est pas
selon moi le fait que cette image ait été utilisée, mais plutôt la
réaction très agressive des responsables à notre dénonciation. Ces
réactions viscérales contre le discours féministes prouvent bien toute
la pertinence d'être féministe aujourd'hui et aussi qu'il y a encore
énormément de travail à faire.
2) Je n'ai aucun lien avec la FECQ, je n'ai donc pas grand chose à
dire à son sujet (je ne parlerais pas en connaissance de cause). J'ai
écrit un article dénonçant le passage de Léo Bureau-Blouin à la
politique en réaction à un article de Stéphane Laporte.
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/stephane-laporte/201207/28/01-4560…
https://www.facebook.com/note.php?saved&¬e_id=417359771632621
J'ai fait tout mon parcours universitaire dans des associations
étudiantes membres de la FEUQ. Je pense qu'il est important de faire
une distinction entre la FEUQ, d'une part, et les fédérations locales,
d'une autre part.
Pour le local, je pense que le problème principal des fédérations
étudiantes n'est pas un problème de structure (donc pas un problème
immanent lié aux entités que sont les fédérations), mais bien un
problème de culture. Ainsi, si je peux blâmer les individus qui
commettent certaines actions au sein des fédérations étudiantes et si
je m'oppose (et me suis opposé farouchement depuis 2005) à tout genre
de rapport autoritaire ou comportement anti-démocratique, mais en tant
que tel il ne s'agit pas d'entités intrinsèquement malveillantes. Je
pense que le travail à accomplir au sein d'une fédération étudiante de
campus s'apparente beaucoup au travail qu'il faille accomplir comme
citoyen-ne pour informer et mobiliser la population. On se heurte
forcément à de l'incompréhension et à de l'agressivité, mais il ne
faut pas abandonner. À l'Université de Montréal, j'ai beaucoup
travaillé sur les instances de la FAÉCUM pour que les personnes
habituées à la culture lobbyiste des fédérations étudiantes puissent
prendre contact avec un discours plus militant et le syndicalisme de
combat. En parallèle, j'ai oeuvré à la création d'une nouvelle
instance plus démocratique destinée à reprendre le flambeau politique
des mains de la FAÉCUM. Pour diverses raisons, je pense qu'il vaut
mieux mettre notre énergie à construire plutôt que d'essayer de
détruire. La formule RAND protégeant l'existence de la FAÉCUM, la
meilleure chose à faire ce n'est pas de tenter de la détruire, mais
plutôt de lui faire perdre sa pertinence sur les enjeux sociaux et
politiques.
Pour ce qui est de la FEUQ, mon opinion est toute autre. Comme la
FEUQ est une fédération de fédérations, on a une rétroaction de la
culture fédérative sur elle-même qui nous assure du caractère
anti-démocratique de la FEUQ. Si dans une fédération de campus, les
associations étudiantes ont le pouvoir de faire bouger les choses (et
que donc en changeant la culture, on peut changer la fédération),
c'est structurellement impossible d'y arriver avec la FEUQ. En plus
de cela, la culture du huis-clos systématique empêche même les membres
d'avoir accès à l'information ou aux réunions. De la bouche même
d'exécutant-e-s de la FEUQ, ils et elles ne considèrent pas les
étudiant-e-s comme leurs membres, mais seulement les fédérations
étudiantes (le statut légal de membre de la FEUQ n'est qu'un statut de
membre cotisant et ce sont les fédérations étudiantes qui sont membres
décisionnels). Je suis, par conséquent, opposé à l'existence même de
la FEUQ ou, du moins, opposé à son existence en tant qu'association
étudiante. Comme la FEUQ travaille davantage comme un lobby et un
groupe de recherche, elle devrait se convertir en genre d'institut de
recherche et cesser de prétendre faire de la représentation.
Voilà, j'espère que ça répond un peu aux questions. J'ai essayé
d'être le plus clair possible, mais si quelque chose vous semble faire
défaut, n'hésitez pas à me contacter.
Solidairement,
Dominique Boisvert
Le 15 septembre 2012 03:07, Daniel Crespo <dcrespo_99(a)hotmail.com> a écrit :
Bonjour,
Sans vouloir renchérir ni commencer à effectuer des entrevues par courriels
interposés, j’aimerais par la présente poser 2 petites questions aux
candidat.e.s se présentant pour les postes aux secrétariats à l’information
et aux affaires académiques. Toujours dans l’objectif de mieux nous informer
pour mieux se positionner.
Qu’il soit bien clair ici que ces questions n’ont pas une arrière-pensée de
suspicion , je crois que nous nous réjouissons tous et toutes d’avoir des
intéressé.e.s qui ne proviennent pas nécessairement des milieux proches de
l’élite asséiste. Il s’agit simplement de questionnements politiques que
plusieurs personnes de différentes associations se posent au sujet des
candidat.e.s (car au-delà des compétences bureaucratiques et du temps
disponible, il y a la politique).
1. Quel est votre rapport au féminisme ? Comment la lutte féministe devrait
s'articuler dans le mouvement étudiant et dans les exécutifs ?
2. Quel est votre rapport aux fédérations étudiantes ?
Merci d’avance pour vos réponses.
Daniel Crespo
AFESPED-UQÀM
__________________________________________Liste asse-support.
Liste de discution de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante
(ASSÉ)
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